une fausse décrétale du pape Melchiade, P. L., t. cxxx, col. 240-241, ou t. VII, col. 1118-1119, et cité par saint Thomas, Siim. theol., III". q. lxxii, a. 18 ; de Bède, pour autant qu’il est témoin de l’usage antérieur à l’importation des livres romains, In Marci Evang. exposilio, i, 1, P. L., t. xcii, col. 138 ; Super Acla apost. exposilio, viii, xix, P. L., t. xcii, col. 961, 982 ; Vita S. Ciitberti, c. xxix, P. L., t. xciv, col. 769 ; Cf. pour l’interprétation de tous ces témoignages la Revue d’histoire ecclésiastique, toc. cit., p. 293-296. Pour les Églises d’Occident en général, depuis la réforme liturgique de Charlemagne, voir le Sacramentaire gélasien, P. Z, ., t.Lxxiv, col. 1111-1112 ; édil. Wilson, p. 86-87, le Sacramentaire grégorien, P. L., t. lxxviii, col. 90, divers Ordines romani, en particulier VOrdo romanus VII de Mabillon, P. L., ibid., col. 1000, et VOrdo dit de Saint-Amand, dans Ducliesne, Origines du culte chrétien, 1898, p. 453 ; le Pontifical romain enfin pour la période plus récente.
2. En Orient.
En Orient, il s’en faut que l’imposition des mains soit restée ainsi associée à la collation du Saint-Esprit après le baptême. Si l’on fait abstraction des témoignages déjà signalés de Firmilien de Césarée et de saint Jérôme, pour autant que la coutume universelle dont parle ce dernier peut s’entendre aussi des Églises d’Orient, les seuls indices certains qui en subsistent se trouvent dans des écrits pseudépigraphiques, tels que les Canons d’Hippohjte et le Testament de Notre-Seigneur déjà cités ou les Constitutions apostoliques. Encore est-il douteux, pour ces dernières, que l’imposition des mains mentionnée fasse suite au baptême et ait pour objet propre la collation du Saint-Esprit que nous attribuons à la confirmation. Elle n’est pas mentionnée au t. VII, c. xxii, où sont décrites en détail les cérémonies de l’initiation chrétienne ; il n’est question là que d’onctions, et encore l’onction, qui est dite la [LSTO-/ri toG 'Ay^ou nv£i)[j.aToç, VII, 22, 2, édit. Funk, p. 406, est-elle celle qui précède le baptême, dont l’auteur a déjà dit ailleurs, iii, 10, et 17, 1, p. 211, qu’elle est elç tÛttov ToO TtveufjiaTixoû paTiTiaiiaToç et àvxl IIveûpLaTOç "Aytou, et qu’il a rattachée alors expressément ù la /sipoQecslcc d’avant le baptême, ni, 15, 3, p. 211 ; si bien qu’on se demande si ce n’est pas cette onction prébaptismale ou plutôt l’imposition des mains du bapliseur au baptisé, voir ci-dessus, col. 1318, que vise un autre passage emprunté à la Didascalie des apôtres et où les Constitutions précisent que l'évêque donne le Saint-Esprit par l’imposition des mains, III, 32, 3 et 33, 2, p. 115-116. Ailleurs, vii, 44, 2, à propos de l’invocation dont doit s’accompagner l’onction qui suit le baptême, et qui du reste ne fait aucune allusion au Saint-Esprit, l’auteur des Constitutions emploie encore l’expression yzipoQeaicc ; mais c’est pour faire remarquer qu’une invocation de ce genre donne au baptême son efficacité spirituelle : à son défaut, le baptême des chrétiens n’aurait pas d’autre vertu que celui des juifs ; il purifierait les corps, mais n’enlèverait pas aux âmes leurs souillures. Funk, p. 450.
Dans ces conditions, il est difficile, croyons-nous, de faire fond sur ces sortes de témoignages pour conclure à la persistance en Orient d’une réelle imposition des mains dans la confirmation. D’autant plus que, loin d'être corroborés, ils sont plutôt infirmés par celui des écrivains orientaux qui ont expliqué les cérémonies baptismales. Ni saint Cyrille de Jérusalem dans ses Catéchèses, ni le pseudo-Aiéopagite dans son De ecclesiastica hierarchia, c. ii, P. G., t. ii, col. 396 sq., ne font aucune allusion à une imposition des mains. Le silence de saint Cyrille en particulier est des plus significatifs. Il a eu l’occasion, dans plusieurs des Catéchèses antérieures au baptême, de rappeler com ment les apôtres donnaient le Saint-Esprit par l’imposition des mains : par exemple, Cat., xiv, 25 ; xvi, 9-1 ; xvii, 25, 30, P. G., t. xxxiii, col. 860, 929, 996, 1004 ; dans la première de celles qu’il a consacrées à la personne du Saint-Esprit, il a annoncé aux candidats au baptême que, comme à l'époque de Moïse et de saint Pierie, le Saint-Esprit avait été donné par l’imposition des mains, il descendrait sur eux aussi, au baptême, (iéXXEt. xal ènï ok tôv paTiTtî^ôfxevov (pOàveiv 7) yàçiç, xvi, 26, col. 958. Il a même, après avoir ainsi excité leur curiosité, renvoyé à plus tard de leur dire comment se ferait pour eux cette participation au Saint-Esprit : to 8s tttcSç, où Xéyojoù yàp 7rpoXa[jLpâvco TÔV xaipdv, ibid. ; ce qui laissait déjà entendre que ce serait autrement que par l’imposition des mains. Et, de fait, après le baptême, arrivé, dans son explication des cérémonies de l’initiation, à celles qui suivent l’ablution baptismale, il a toute une catéchèse sur la vertu du saint chrême dont les néophytes ont reçu l’onction et qui est le symbole du Saint-Esprit, mais pas un mot ne fait allusion à une imposition des mains ni ne rappelle que c’est par ce geste que les apôtres l’ont jadis communiqué aux baptisés. Cat., xxi, mystag., iii, P. G., t. xxxiii, col. 1088 sq. Ce fait est laissé ici hors de cause comme s’il n’avait aucun rapport avec la cérémonie qui est commentée ; c’est la descente du Saint-Esprit sur le Christ au jour de son baptême qui est seule et longuement évoquée : elle fut l’onction invisible à laquelle correspond l’onction visible du chrétien, et c’est pourquoi il n’y a pas même à interpréter l’onction du saint-chrême au sens d’une imposition des mains. L’identification des deux rites tant de fois suggérée depuis est contraire au symbolisme développé par saint Cyrille dans toute sa catéchèse. Il n’ignore certes pas que c’est par une imposition des mains proprement dite que les apôtres ont donné le Saint-Esprit ; mais s’il ne la mentionne pas aux baptisés, c’est que la communication du Saint-Esprit ne leur est pas faite sous cette forme. Seul le rite de l’onction du saint chrême symbolise pour le chrétien l’onction invisible que fut pour le Christ la descente sur lui du Saint-Esprit. En rattachant la communication du Saint-Esprit à un mystère qui exclut toute idée d’une imposition des mains, saint Cyrille dément d’avance toutes ces tentatives d’une explication différente. Le saint docteur n’identifie pas deux rites ; il a une conception des origines de la confirmation qui exclut tout autre rite que l’onction, et c’est pourquoi son témoignage n’a pas seulement une valeur négative, il fait entrevoir la raison positive pour laquelle les Églises d’Orient n’ont pas conservé le rite de l’imposition des mains après le baptême.
Car, dit dom de Puniet dans l’art. Confirmation du Dictionnaire d’archéologie chrétienne, X. ni, col. 2530, à l’exception des Églises chaldéennes et surtout des coptes et éthiopiennes, les autres communautés orientales ne l’ont décidément pas. On n’en trouve aucune trace ni dans les rituels syriens, ni dans les eucologes grecs même les plus anciens, et il faut reconnaître que les efforts faits de divers côtés pour en découvrir quelqu’une chez les Pères grecs ou les écrivains byzantins ont surtout fait ressortir la bonne volonté mise à l’y reconnaître. Parce que dans le Sacramentaire de Sérapion, la bénédiction du chrême parle, en s’adressant à Dieu, de l'âme qui par sa conversion se met « sous sa main puissante, » ûtto tt)V xpaxaiâv cou x^^P* » Funk, Didascalia, t. ii, p. 186, 187, note 6, cet éditeur et après lui dom de Puniet, loc. cit., ont cru qu’elle supposait une imposition des mains jointe à l’onction. On a noté que l’tTiiQeaiç XeipôJv dont parle l'Épître aux Hébreux, vi, 2, était expliquée par l’imposition des mains des apôtres