cit., a. 6, II. 10 sq. ; Billuart, op. cit., dissert. IV, a. 8. Après ce que nous avons dit du rôle de la lumière de gloire, aucune obscurité ne subsiste dans cette affirmation. Voir col. 2377. Mais, sur cette réponse, se grefïe une question subsidiaire, dont Cajétan, à propos de la vision intuitive du (Christ, In //puu, q. x, a. 4, ad 2, a mis en relief la répercussion dogmatique. Il s’agit de savoir si, en plus de cette raison admise par tous, il ne faudrait pas, pour expliquer l’inégalité de condition des élus, faire état de la puissance, de l’activité et de la perspicacité naturelles de l’intelligence. ( ; et aspect du problème n’est pas purement scolaslique : envisagé par rapport à Notre-Seigneur, il comporterait, en cas de réponse afllrmative, la possibilité d’une science de vision plu* parfaite, d’intelligence plus déliée et plus forte, si le Christ avait pris, non la nature humaine, mais la nature angélique. Et telle est bien la solution préconisée par Cajétan, loc. cit., et qu’on retrouve chez Scot, In IV Sent., t. III, dist. XII, <[. ni ; Durand de Saint-Pourçain, id., disp. XIV, ([. i ; Molina, op. cit., a. (5, disp. II. L’ensemble des théologiens, surtout de l’école thomiste, soutient l’opinion négative et s’appuie sur l’autorité du docteur angélique, Sam. thcot., I », q. xii, a. G, et ad 31"", a. 7 ; Cont. Gent., t. III, c. Lvm ; In IV Sent., t. IV, dist. xlix, <I. II, a. 4 ; et sur la raison théologique, la lumière de gloire étant le principe total et prochain de la vision intuitive. Cf. col. 2372. Voir Gonet, disp. IV a. 2 ; Salinanticenses, disp. V, dub. iii, § 2. Puisque Cajétan a soulevé la question à propos de l’âme de Jésus-Christ ne seinble-t-il pas que lîrécisément c’aurait dû être pour lui une raison de plus d’adopter l’opinion commune, puisque le Christ eut une science de vision qui dépasse toute science de vision, sa grâce ayant atteint la plénitude possible ? Voir Jésus-Christ. Et, envisageant le présent problème par rapport à la sainte’ierge, le P. Terrien fait un raisonnement analogue, pleinement concluant en faveur de l’opinion thomiste :
« La Reine du ciel, considérée dans ses facultés
naturelles, quelques perfections que lui reconnaisse notre amour, n’est pas comparable aux esprits angéh ques. Et pourtant qui oserait dire ou penser qu’un ange, fùt-il le plus suldime des séraphins, plonge au sein de Dieu un regard aussi ferme, aussi pénétrant, aussi large que cette glorieuse mère du Sauveur ? Le génie n’est ni le titre à la récompense éternelle, ni la mesure à laquelle cette récompense est proportionnée. » Et l’auteur tire cette conclusion qui, résumant la doctrine ci-dessus exposée, sera la nôtre : « Les visions chez les bienheureux sont inégales, parce que tous ne IJarticipent pas de la même manière à l’infinie perfection de l’intelligence divine ; eu d’autres termes, parce que la himière de gloire, ce principe prochain de l’intuition de Dieu, ne leur est pas infusée au même degré. Or, ajoute saint Thomas d’Aquin, Sum. theol., P, q. xii, a. 6 ; Cont. Gent., t. III, c. lviii, la mesure de cette lumière ne sera pas la plus ou moins grande vertu de la nature, mais la charité : « car là où il y a plus de charité, il y a plus de désir, et c’est de la véhémence du désir que vient l’aptitude à recevoir le bien poursuivi. » La grâce et lit t/loire, t. IX, c. xv.
3. Discns.’iions theologiqncn.’— Il suffit de signaler ici, avec les références indispensables, deux controverses théologiques, sans intérêt dogmatique, et que l’enseignement de la vérité catholitiue a reléguées avec raison depuis longtemps dans l’oubli.
La première, formulée d’une façon absolue, fut soulevée jadis par certains nominalistes. Ces théologiens prétendaient que la vision intuitive ne pouvait faire connaître tous les attributs de Dieu aux élus, certains de ces attributs, comme la science, la toute-puissance, ne pouvant être connus dans leur essence même qu’à la condition de pénétrer le nombre infini
des créatures possibles, dont l’existence dépend de l’exercice de ces attributs. Mais il est facile de répondre que la connaissance de la science infinie et de la toute-puissance divine n’implique pas la connaissance détaillée des elTets concrets qui peuvent dépendre de ces attributs. Sur cette première discussion, voir Gonet, op. cit., disp. V, a. 1 ; Billuart, op. cit., diss. IV, a. 10 ; Salmanticenses, op. cit., disp. VII, dub. i.
La seconde dispute, formulée d’une façon simplement hypothétique, à cause de la définition dogmatique de Florence, condense une vieille controverse entre thomistes et scotistes. Se pourrait-il faire, théoriquement, que la vision intuitive donnât aux élus la connaissance de l’essence divine, sans leur révéler les attributs divins et même les personnes divines ? l’intérêt de pareilles discussions d’école est plus que médiocre. L’opinion affirmative est tenue par l’école scotiste. Saint Thomas et ses disciples enseignent avec raison qu’on ne peut voir Dieu tel qu’il est, sans voir ses attributs et les personnes divines. Toute hypothétique que soit l’opinion scotiste, elle n’en est pas moins contradictoire et fausse. Voir les auteurs précédemment cités, Gonet, a. 2 ; Billuart, loc. cit., Salmanticenses, dub. II.
2o Objet secondaire : les créatures vues en Dieu. — 1. Distinction de deux ordres de connaissance dans la vie bienheureuse par rapport aux choses distincles de Dieu.
— Nous ne rappelons ce principe, déjà exposé àGLOiRK t. VI, col. 1408, que pour mettre en relief le sens des mots : vues en Dieu. Les élus, en elTet, ne connaissent pas tout ce qui concerne les créatures par le seul fait qu’ils voient la cause première de toutes choses dans son essence même. Daniel, x, 13, nous apprend que les anges ne savaient pas tout ce qui concernait le peuple juif. Il est certain d’ailleurs que les mêmes esprits bienheureux ne connaissaient pas l’incarnation dans tous ses détails. Il est probabble aussi, assure Lessius, De summo bono, t. II, c. x, n. 69, que des événements de peu d’importance, qui cependant ne peuvent rester ignorés des élus parce qu’ils les touchent de près, ne sont pas connus d’eux par la vis’on intuitive d’une connaissance toujours actuelle et permanente. Il est donc nécessaire que Dieu les leur fasse connaître par des espèces créées et infuses, eu dehors de cette connaissance intuitive qu’ils ont des choses dans le Verbe. Mais ceci ne signifie point que l’essence divine ne puisse être aussi le moyen dans lequel (médium in quo, disent les théologiens), d’une façon permanente et toujours actuelle. Dieu ferait connaître aux élus certaines des vérités concernant les créatures. Les deux ordres de connaissance ne sont pas d’ailleurs indépendants, les révélations particulières faites par Dieu aux élus, en dehors de la vision intuitive, étant toujours ordonnées à cette vision et réglées par elle. Cf. Gonet, op. cit., disp. V, a. 4, n. 4-7.
2. Comment l’essence divine peut-elle être le moyen dans lequel Dieu fait connaître aux élus certaines des vérités concernant les créatures ? — « Une chose, dit Gonet, disp V, a. 4, n. 48, peut être connue dans une autre, en raison de la connexion et de la dépendance que l’une possède vis-à-vis de l’autre ; ainsi, l’elTet peut être connu dans sa cause. Et c’est ainsi que, dans la présente question, nous envisageons la connaissance des créatures dans le Verbe. Et nous nous demandons si les bienheureux connaissent les créatures possibles dans l’essence divine, comme dans leur cause, comme dans le moyen de les atteindre, et ce en raison de la dépendance que ces créatures ont à l’égard de Dieu et du rapport que cette dépendance crée entre elles et l’essence divine ? Et cette difficulté peut recevoir une autre application au sujet des créatures existantes ou futures ; car le raisonnement que nous appliquons aux possibles leur convient également. Vasquez, disp.