avec les hérétiques ; d’un autre côte, il supplia Maxime de ne pas répandre le sang des accusés, estimant qu’une sentence épiscopale, qui expulserait les hérétiques de leurs églises, suffirait, et au delà, et que l’intervention du pouvoir séculier dans une cause ecclésiastique constituait une infraction inouïe à la loi divine, à la jurisprudence canonique, ithace, devant la réprobation de quelques-uns de ses collègues, finit par se désister, mais trop tard. Car le préfet du prétoire, Évodius, axant convaincu Priscillien de maléfice, Maxime prononça un arrêt de mort. Après l’exécution de Priscillien et de six de ses partisans, une commission militaire devait se rendre en Espagne pour y rechercher les complices de Priscillien et les juger sommairement. Saint Martin de Tours intervint de nouveau ; mais, pour empêcher l’envoi immédiat des commissaires, il dut se résigner, malgré sa répugnance, à entrer en relations avec les évêques du parti d’Ithace. Tout le reste de sa vie, dit Mgr Duchesne. Histoire ancienne de rÉglise, 2e édit., Paris. 1907, t. ii, p. 538, il déplora d’avoir i té dans la nécessité d’interrompre un instant sa protestation contre le sang versé.
Tant que régna l’usurpateur, c’est-à-dire jusqu’en 388, Ithace, rentré en Espagne, put jouir de son triste succès ; mais, à la mort de Maxime, il fut poursuivi, chassé de son siège et relégué en exil à Naples avec "V^ace de Mérida. C’est la qu’il mourut, d’après saint Isidore de Séville, De vir. ill., 15, P. L., t. lxxxiii, col. 1092, sous le règne de Théodose le Grand et de Valentinien II, par conséquent avant 392. Sans doute, dans son action contre l’riscillien, il représenta, en Espagne, le parti hostile à l’ascétisme et au monachisme, et son Intervention est l’un des épisodes du conflit entre l’épiscopat mondain et le parti ascétique à la fin du rv B siècle. Mais une question de discipline et de doctrine se trouvait engagée, comme le prouve l’attitude du pape saint Damase, de saint Ambroise de Milan et de saint Martin de Tours, qu’on ne saurait ranger parmi les adversaires de l’ascétisme.
TiUemont, Mémoires pour servir à l’Iùstoire ecclésiastique des six premiers siècles, Paris, 1691-1720, t. viii, p. 499-516 ; t. x, p. 22 : i, : 12.">- : ! 27 ; Ceillier, Histoire générale des (tuteurs sacrés et ecclésiastiques, l’aris, 1858-1865, t. n. p. 640-642 ; t.. p. : (S7 ; t. vii, p. T.’îS ; Flore/, Espatia sagrada, Madrid, 1754-1866, t. xiii, p. 150 ; t. xi, p. 215 ; Leclercq, L’Espagne chrétienne, Paris, 1906, p. I7.">sq ; M^r Duchesne, Histoire ancienne de l’Église, 2’édit., l’aris, 1907, t. ii, p., "> ; 17 sq. ; Migne, Dictionnaire <les hérésies, t. i, col. s ; 12834 ; Dictionnaire de pairologie, t. iii, col. 639-640 ; U. Chevalier, lie perti are, bio-btbliographie, t.j, col.2288 ; M.Schanz, Geschichte der rômischen Lilteratur, 2o édit., Munich, 1914, t.iv, p..’! 7l sq. ; Babut, Priscillien et le prlscilllanisme, l’aris, l’.io’.t, p. : » ; sq. ; O. Bardenhewer, Geschichte der allkirchlichen Lileratur, l"ribourg-cn-lirisKati, 1012, t. iii, p. 413-414.
G. Bareille.
- ITHACIENS##
ITHACIENS. L’évoque espagnol Ithace ne
fut pas le seul à faire poursuivre les priscillianisles
par le pouvoir civil ; car. indépendamment de l’appui qu’il trouva auprès de liritto. êvêque de Trêves, il sut
rallier a sa cause d’autres évêques. devenus les courtisans de l’usurpateur Maxime. Sulpict -Sévère, Dial., iii, 11, P. /… t. x. COl. 217. Tous ces évêques formèrent
le parti Ithacien, Leur conduite anticanonique ne passa poinl sans quelques protestations, dont la plus connue fut celle de saint Martin de Tours. Ils essaj èrent bien de se justifier ; dans une réunion qu’ils tinrent à Trêves, ils proclamèrent Ithace exempt de toute faute : habita dus Jthaciiim pronuntiaverat culpa non tencri. Dial., iii, l2, ib(d., co.219. E1 pour renforcer leur parti,
lorsque lirillo fut mort, ils élurent a sa place un certain Félix, qui eut le tort d’acquiescer. Or, après l’exécution de l’riscillien et à l’avant-vcille de l’ordination de Félix, saint Martin reparut àTrèves. Il voulait, en effet, éviter une nouvelle effusion de sang et empêcher
l’envoi en Espagne d’une commission militaire chargée de rechercher et de juger sommairement sur place tous les partisans de Priscillien ; car telle était la mesure odieuse prise par l’usurpateur sur le conseil des ithaciens. Dès que ceux-ci apprirent l’arrivée de Martin, dont ils redoutaient la présence et l’intervention, ils supplièrent l’empereur d’écarter cet importun. Dial..m, 12. ibid.. col. 21.S. Maxime crut mieux faire de donner satisfaction à l’evèque de Tours, à lacondition expresse qu’il entrât en communion avec les ithaciens et qu’il assistât à l’ordination de Félix. Saint Martin ne s’y résigna pas sans peine ; il refusa du moins d’apposer sa signature au procès-verbal de l’ordination. Dial., iii, 13, ibid., col. 219. Et il s’en retourna tout attristé d’avoir commis cet acte de faiblesse et très résolu à ne plus assister à aucune réunion d’évêques. C’est ainsi qu’il refusa plus tard d’assister au concile de Nîmes, en 389. Dial.. ii, 13, ibid., col. 211.
Tant que Maxime vécut, les ithaciens jouirent des faveurs du pouvoir sans gagner pour autant l’estime de (eux qui avaient blâmé leur recours au bras séculier. Mais, â la mort de celui-ci, ils devinrent l’objet d’une réprobation générale. En Espagne, leur parti disparut dès qu’Ithace eut été envoyé en exil. Il n’en fut pas de même en Gaule. Ni saint Ambroise, ni le pape Sirice ne voulurent reconnaître Félix, tout en se déclarant prêts à recevoir ceux de ses partisans qui voudraient se séparer de sa communion. De leur côté, les évêques restés fidèles aux prescriptions canoniques résolurent de faire cesser cette espèce de schisme. Ils tinrent des réunions et se rendirent à Milan, en 390, OÙ saint Ambroise conférait avec eux quand éclata la sanglante répression de Thessalomque : propter adventum Gallorum episcoporum. Epist.. iii, 6, P. L., t. xvi, col. 1161. Cf. Vi’ta Ambrosii. 112, P. L, t. xiv, col. 102. Ambroise comparait ces ithaciens aux pharisiens qui, sous prétexte de maintenir l’autorité de la loi, avaient déféré au Sauveur la femme adultère. Epist., xxvi. 3, P. L., t. xvi, col. 1042. Mais le schisme durait encore, au commencement du v c siècle, quand Sulpice-Sévère, qui s’en plaint amèrement, terminait sa Chronique.’Peu après, (en 401), un concile italien, réuni à Turin, Hefele, Histoire des Conciles, trad. Leclercq, Paris, 1908, t. ii, p. 134, rappela les décisions prises par saint Ambroise et saint Sirice et maintint la réprobation des ithaciens. Concile de Turin, eau. 6. On ne devait accorder la communion de l’Église qu’à ceux qui se sépareraient de celle de Félix. Mais le différend ne s’apaisa qu’à la mort de Félix, l’evèque de Trêves élu et consacre par les ithaciens.
Même bibliographie que pour l’article précédent.
(.. Bareille.
- ITURRIAGA (Emmanuel Marian de)##
ITURRIAGA (Emmanuel Marian de), moraliste
et controversiste mexicain, né à l’uehla. le 24 décembre
1728, d’une famille noble originaire d’Espagne,
entra le 7 mars 17 1 I dans la Compagnie de Jésus, et après avoir professé quelques années la rhétorique et la philosophie, fut appliqué à l’enseignement de la théologie. Il s’y adonnait avec un succès grandissant lorsque parvint au Mexique la minute des ordres du roi d’Espagne Charles III, contresignés par d’Aranda, et enjoignant aux gouverneurs de toutes les possessions espagnoles d’arrêter les jésuites sur toute l’étendue du royaume, le 2 avril 1707 au soir, el de les déporter sans délai dans les Élats de l’Église. Le P. Iturriaga subit sans se plaindre la persécution terrible qui séxissail contre son ordre dans le monde
entier et privait de leurs biens, de leurs œuvres, de
leur pairie, six mille jésuites espagnols. Il ne lui fut permis d’emporter ni un livre, ni un cahier, ni une note. Généreusement, il fil l’héroïque sacrifice de tout quitter pour Dieu, édifiant Jusqu’aux larmes les