Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ISA II., LE UNI ! I

te

aussi un relèvement religieux et moral qui n’aboutit cependant pas. L’absence d’une réforme religieuse sérieuse, l’injustice et l’ambition des grands furent sans doute les principales causes de cet échec. Osias mourut de la lèpre. IV Reg., xiv, 21-22 ; xv, 2-7 ; II Par., xxvi, 16-23.

Jotham (740 735) marcha sur les traces de son père : il fut courageux, pieux et bon, mais se contenta aussi de demi-mesures. La situation matérielle restait brillante, mais le peuple, au témoignage du livre des l’aralipomènes se corrompait de plus en plus. IV Reg., xv, 32-38 ; II Par., xxvii, 2. Vers la fin du règne de Jotham, les Syriens, alliés aux Israélites, commencèrent contre Juda la campagne qui devint si menaçante sous Achaz. IV Reg., xv, 37. — Achaz (735-727) fut un prince superstitieux, faible et mou, à la merci d’intrigants égoïstes. Il résista aux conseils d’Isaïe et appela l’Assyrien à son secours au moment le plus critique de la guerre syroéphraïmite. Son impiété ne connaissait pas de bornes et sa superstition n’était jamais satisfaite : il pratiqua la nécromancie, introduisit dans le culte des changements sacrilèges et ferma même les portes du temple. Il abolit le culte de Jahvé, le remplaça par celui de Baal et alla même jusqu’à immoler son fils à Moloch. Sa mort ne laissa aucun regret. Is., viii, 19 ; IV Reg., xvi ; II Par., xxvin.

Le règne d’Ézéchias (727-698) fut une époque de rénovation religieuse, à laquelle Isaïe prit sans doute une grande part. Le nouveau roi témoignait au prophète autant de déférence et d’égards que son père avait montré de défiance et de mauvais vouloir. Il purifia le temple et le culte de toute infiltration païenne, abattit les idoles et brisa même le serpent d’airain devant lequel les enfants d’Israël brûlaient des parfums. Il fit aussi disparaître les hauts lieux. La suite de l’histoire nous montre cependant que la conversion du peuple fut plus extérieure que réelle : sous Manassé, la décadence fut rapide. Le livre des Proverbes, xxv, 1, parle de l’activité littéraire d’Ézéchias, et le livre d’Isaïe rapporte un psaume qui porte son nom. Is., xxxviii, 10 sq. Il est probable qu’Isaïe aura été du nombre de ces hommes d’Ézéchias qui composèrent un recueil des proverbes de Salomon. Sur le terrain politique, Isaïe eut encore, bien qu’avec plus de succès que sous Achaz, à soutenir les mêmes luttes et à combattre les mêmes dangers. Achaz s’était tourné vers l’Assyrie, Ézôchias, vassal de l’Assyrie, regardait avec espoir du côté de l’Egypte. Pour Isaïe, il n’y avait qu’une ligne de conduite à suivre : ne chercher aucune alliance au dehors, ne pactiser ni avec l’une ni avec l’autre des nations païennes, mais servir Jahvé et s’en remettre, au milieu des périls, à sa toute-puissante protection.

Les traits saillants de la situation de Juda à l’époque d’Isaïe sont donc les suivants : prospérité matérielle, perversion du peuple dans sa foi et dans ses mœurs, corruption plus foncière encore des grands, tendance chez les gouvernants à rechercher l’appui des nations idolâtres, de l’Assyrie et de l’Egypte. C’est sur ce théâtre que se déroulera l’activité du plus grand des prophètes. Le livre d’Isaïe ne contient qu’un résumé de ses prédications ; il nous permet cependant d’admirer avec quel zèle, quel courage, quelle dignité, quelle splendeur, le fils d’Amos remplit sa mission, releva la gloire de Jahvé, proclama bien haut sa sainteté et sa puissance, flétrit les abus et les péchés et annonça a tous les voies du salut.

1 1. Le livre d’Isaïe. — 1 ° Caractères généraux. — Le texte hébreu de-, oracles d’Isaïe nous est parvenu dans un état satisfaisant de conservation ; toutefois, la comparaison des versions fait constater un certain nombre d’altérations et suggère certaines corrections utiles. La langue dans laquelle le livre est écrit est, de

l’aveu de tous les critiques, généralement pure, correcte, élégante, c’est de l’hébreu classique. Au point de vue du style aussi, nous sommes en présence du chefd’œuvre de l’âge d’or de la littérature hébraïque. Isaïe nous frappe par la puissance, l’élévation, la profondeur de sa pensée, par la souplesse et la délicatesse de l’expression. Les images sont justes, variées, brillantes. La forme est châtiée, elle n’est jamais raide ni monotone, Isaïe possède toutes les ressources de l’art oratoire : il s’entend à ménager les surprises, à exciter l’attention, à mettre en relief les points saillants, à adapter son langage aux circonstances et au but à atteindre. Sa parole abonde en assonances, en similitudes, en antithèses. Beaucoup de ces beautés littéraires disparaissent dans les traductions : la fleur est fanée, dit saint Jérôme, elle a perdu la vivacité de son coloris, sa fraîcheur et son parfum. La perfection du style résulte finalement de l’union harmonieuse de la force et de la beauté.

Le livre d’Isaïe est un mélange de prose et de poésie, de morceaux narratifs et d’oracles prophétiques. Les récits sont d’ordinaire écrits en prose, les oracles sont pour la plupart des poèmes. Les principales caractéristiques de la forme poétique sont le rythme des sentences provenant de leur composition métrique, les différentes formes de parallélisme, les strophes. Il est à remarquer cependant que, toutes les lois et toutes les vaiiétés de la poésie hébraïque n’étant pas encore, connues avec certitude et précision, les spécialistes ne sont pas toujours d’accord pour déterminer strictement la part de la prose et de la poésie. Dans Isaïe, les récits en prose servent d’ordinaire d’introduction aux oracles, comme aux chapitres vi, vii, viii, xx, ou bien sont consacrés à des événements importants qui ont donné lieu à quelque prophitie particulière, comme la narration de l’invasion de Sennachérib, xxxvi, xxxvii, de la maladie d’Ézéchias, xxxviii, 1-8, de l’ambassade de Mérodach-Baladan, xxxix. Ces fragments narratifs ne se rencontrent que dans la première partie du livre, ixxxix. Dans certains d’entre eux, Isaïe parle lui-même, vt.viii ; dans d’antres, il est parlé d’Isaïe ; on dirait des extraits d’une biographie du prophète, et ceci nous amène à dire un mot de la formation de notre recueil des oracles d’Isaïe.

La question de l’origine du recueil ne se confond pas avec celle de l’origine des oracles. Elle se pose pour les défenseurs comme pour les adversaires de l’authenticité de certaines parties d’Isaïe. Si l’on parvenait à démontrer l’authenticité isaïenne de tous les oracles, on n’aurait pas encore prouvé que leur groupement et leur disposition dans l’ordre actuel sont également l’œuvre duprophètequi lésa prononcésou écrits. Il serait encore admissible qu’un disciple ait recueilli les productions de son maître ou que diverses collections partielles, publiées d’abord successivement par Isaïe, aient été plus tard fusionnées en un livre unique après avoir joui pendant longtemps d’une existence indépendante. Le problème de l’origine du recueil est difficile à résoudre dans tous les systèmes ; il demeurera probablement toujours enveloppé de mystères, et sa solution n’est d’ailleurs pas indispensable à l’intelligence du texte.

Analyse du livre.

On distingue immédiatement

deux parties dans le livre d’Isaïe. Les vingt-sept derniers chapitres se détachent très nettement des trente-neuf précédents.

1. Première partie.

Même dans celle-ci, l’œil discerne .facilement différents groupements, i-xii ; xmxxvii ; xxviiii-xxxv ; xxxvi-xxxix.

et) Le premier groupe, i-xii a son titre propre au chapitre i et son épilogue au chapitre xii. Il renferme uniquement des oracles relatifs à Juda et à leru fjui n’appartiennent pas tous à la oqi 1 1 ne

se suivent pas dans un ordre Strictem il < iologique : i : n - v ; vi ; vu- x, 4 ; x, 5- xii. On y découvre