meut sans traduction, dans les cinq volumes de ses HomiliiP selecltt Mar-Jacobi Sarugensis, Paris et Leipzig 1905-1910. Plusieurs de ces homélies nous sont parvenues en traduction arabe, d’autres en arménien ) Zarbhanélian, Catalogue des anciennes traductions arméniennes (en arménien), Venise, 1889, p. 272575 ; quelques-unes même existent en éthiopien.
Les sujets les plus divers y sont traités : la plupart sont d’inspiration biblique, de nombreux passages de l’Ancien Testament y sont commentés, l’une d’entre elles renferme trois mille vers sur l’œuvre des six jours, d’autres racontent Ja vie des patriarches, d’autres expliquent les Qgures du Messie, mais le groupe le plus considérable est celui des homélies qui retracent les scènes de l’Évangile ou interprètent la doctrine du Sauveur, surtout celle qui est contenue dans les paraboles. La vierge Marie et les mystères de sa vie sont un autre sujet de prédilection ; lorsque Jacques mourut, il laissa inachevée une homélie sur la Vierge au Golgotha.’Puis viennent les récits apocryphes sur les apôtres et leur prédication, la légende d’Abgar, l’invention de la Croix, les vies des saints : une douzaine de panégyriques nous sont parvenus, presque tous sur des saints syriens, Gûrya et Sëmônâ, llalud, Sarbel, Siméon le stylite, Éphrem. Mais il y a aussi des homélies purement morales, sur la charité, sur l’amour de Dieu envers les hommes et sur l’amour des justes envers Dieu, sur l’amour que nous devons aux pauvres, sur l’orgueil, la recherche de la vaine gloire, la cupidité, l’intempérance dans le boire, un groupe de huit homélies sur les grâces et le bon usage des repas, d’autres sur la pénitence, plusieurs sur la mort, la fin du monde et le jugement. Il y a aussi des homélies sur le baptême, sur le sacrifice de la messe, la consécration des églises, sur diverses fêles, le dimanche in A Ibis, la Pentecôte, le carême, sur les martyrs et les confesseurs, sur les défunts, et d’autres plus particulièrement, sur les funérailles d’un prêtre, sur le décès d’une religieuse, sur les enfants décédés.
Il y a évidemment beaucoup de données théologiques à recueillir dans cette énorme masse de vers, bien que la forme poétique et la prolixité empêchent souvent de reconnaître quelle était la véritable pensée de l’auteur. D’ailleurs les sujets dogmatiques pour lesquels <>n se passionnait alors en Mésopotamie et Syrie sont rarement abordés : il semble que Jacques, dont nous avons plusieurs poèmes contre ceux qui discutaient trop en matière de foi, ait eu pour la Controverse une certaine répugnance. Il nous reste cependant de lui une homélie contre le concile de Chalcédoine et une antre sur la passibilité du corps du Christ avant la résurrection, question discutée entre Sévéricns et Julianistes.
En plus des homélies métriques, les manuscrits nous ont conservé des homélies en prose, tùrgômè, pour certains jours de fête, l’Epiphanie, le jeûne du carême,
le dimanche des Hosannas, le vendredi-saint, la fête de Pâques, traduites en allemand par Zingerle, Scchs Homilien des heiligen Jacob’s von Sarug, Bonn, 1867 ; plusieurs discours funéraires, qui sont insérés dans le rituel jacobite des obsèques, enfin une correspondance assez volumineuse, dont plusieurs pièces ont été publiées, Les lettres aux moines du couvent de Mai’liassus et a l’aul d’Pdesse méritent une mention spéciale en raison île leur Intérêt théologique : une Ici Ire aux moines d’Ar/ôn est également
de contenu dogmatique, étanl dirigée contre la doctrine de Nestorius sur l’Incarnation. P. Bedjan, qui l’a publiée, .s. Martyril, qui et Sahdona, qu.ee supersunt omnta, Paris et Leipzig, 1902, p. 605-613,
a noté, p. wni, que l’expression « il n’y a pas de nombre eu Jésus-Christ >, employée par l’auteur, suppose
qu’il confessait une nature unique. La lettre à Etienne bar Sudaïli, éditée par A.-L. Frotingham, Steplwn bar Sudaili, Leyde, PSSC), p. 10-27, défend contre ce mystique l’éternité des peines. Celle aux chrétiens himyarites, qui souffraient une cruelle persécution, est purement parénétique. E. Schrotcr, Troslschreiben Jacob’s von Sarug an die himjariten Christen, dans Zeitschrijt der deutschen morgent dndisclien Gesellschaft, 1877. t. xxxi, p. 260-399.
Jacques a composé plusieurs pièces liturgiques : une anaphore, un ordo baptismal, un ordo du chrême. Barhebneus mentionne aussi un commentaire des Centuries d’Évagre, qui n’est pas attesté par ailleurs.
III. Doctrine.- - Jacques de Saroug fut-il monophysite’.' La question est restée longtemps controversée. Comme les maronites l’avaient inscrit à leur calendrier, il y avait présomption d’orthodoxie. Pourtant Eusèbe Renaudot fit observer, I.ituryiarum orientalium colleclio, Paris, 171 (i, t. n. p. 367, que les historiens anciens l’avaient considéré comme un partisan du patriarche Sévère et le champion du monophysisme en Mésopotamie et Syrie après le départ de celui-ci. D’autre part, les jacobites le citaient dans leur profession de foi comme, un des leurs, et son nom figurait fréquemment dans leurs recueils de textes théologiques. Trois ans plus tard, le maronite J. S. Assémani. Bibliotheca Orienlalis, Rome, 171 9, t. i, p. 290-299, relevait le gant. S’appuyant sur des citations de Jacques par Jean Maron, sur les témoignages de Josué le sty’ite et Isaac de Ninive considérés comme catholiques, sur une parole de Timothée de Constantinople, il revendiquait l’orthodoxie de Jacques. Mais l’argumentation est faible : J. S. Assémani a trouvé dans les manuscrits du Vatican l’homélie métrique contre le concile de Chalcédoine, et, dans la lettre à Sévère, abbé du monastère de saint Isaac de Gaboula, un passage nettement monophysite. Pour sauver son héros, il n’hésite pas à déclarer que les monophysites, immédiatement après le concile de Chalcédoine, ont corrompu suivant leur opinion les ouvrages des docleurs catholiques. Ainsi en est il advenu pour les écrits de Jacques. C’est aussi afin de dégager l’évêque de Saroug des relations qu’il avait eues avec les chefs du parti monophysite, que J. S. Assémani rejette le récit du pscudo-1)enys sur la mort de Jacques. Mais, ainsi que nous l’avons noté, il se trompe gravement : le prétendu anachronisme n’existe pas.
Sans apporter d’arguments nouveaux, J.-H. Abbeloos défend aussi fermement l’orthodoxie de Jacques^ op. cit., p. 146-185. Le P. Matagne au contraire hésita : l’argumentation d’Abbeloos, pas plus que celle de J. S. Assémani, ne l’ayant satisfait, il suppose que Jacques, après avoir penché vers le monophysisme pendant plusieurs années de sa vie, serait mort réconcilié avec l’Église catholique. Et il endonne pour preuves que Jacques devint évêque après l’avènement au trône de l’empereur Justin et ne fut jamais inquiété pour ses doctrines. Mais, si Justin était empereur lorsque Jacques fut consacré évêque, son métropolitain, Paul d’Édesse, était du parti de Sévère, et Paul le Xénodoque n’élail pas encore installé sur le siège d’Antioche. Jacques n’eut donc pas btoSOin, pour être élu, de professer le d vophysisine, et quant à la tranquillité dont il jouit, il la dut à ce qu’il se tint le plus possible éloigné des controverses et de la politique religieuse.
Il appartenait a l’excellent critique qu’était Paulin Martin d’établir définitivement ce qu’il fallait pense] du monophysisme de Jacques ; il le lit en publiant les lettres aux moines du couvent de Mar lîassus dans l’article cité plus haut, Leitschri/t der deutschen morgent &ndtichen Gesellschaft, 1876, t. xxx, p. 217-275.