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    1. JANSÉNISME##


JANSÉNISME, LA PAIX DE CLÉMENT l.

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commission. » Le second Mémoire (24 mars), et le troisième (1" avril), réfutent les divers projets proposés pour le procès des quatre évêques ; le quatrième (8 avril), signale l’injustice et les pernicieuses conséquences de la conduite qu’on voudrait faire tenir au pape : le cinquième (6 septembre), rappelle les droits des évoques reconnus par l’assemblée de 1650. Par un décret du 18 janvier 1667, le pape condamna les mandements des quatre évêques avec les cinq premiers Mémoires. Cependant la publication des Mémoires se poursuivit : le sixième (l or décembre), et le septième (20 décembre), répondaient à diverses objections.

Pendant ce temps, on négociait sur le nombre et le choix des commissaires pour le procès, tandis que les quatre évêques, de leur côté, cherchaient des appuis. Sur ces entrefaites, le pape Alexandre VII mourait le 22 mai 1667 et sa mort arrêtait l’exécution des brefs. Le cardinal Rospigliosi lui succéda sous le nom de Clément IX (22 juin ll>(17) : aussitôt Arnaukl écrivit à l’abbé Rospigliosi (21 juillet), Œuvres, t. xxiv, p. 363-366, pour lui exposer les motifs qui devaient engager le nouveau pape, son oncle, à donner la paix à l’Église.

Le nouveau pape envoya en France le nonce Bargeliini, archevêque de Thèbes, avec mission de presser la souscription du formulaire et d’obtenir du roi des ordres positifs, afin de punir ou plutôt d’intimider les quatre évêques. Mais ces évêques étaient devenus puissants : ils avaient gagné à leur cause des ministres d’État, des princesses du sang, des docteurs de Sorbonne, des membres du Parlement, des réguliers et surtout dix-neuf de leurs collègues dans Fépiscopat. Les quatre évêques écrivaient le 28 août au pape et au roi pour justifier leur propre conduite. (Les deux lettres sont l’oeuvre d’Arnauld, t. xxiv, p. 5 10-5 11.)

De leur côté, les dix-neuf évêques écrivaient au pape Une lettre dans laquelle, se disant appuyés de vingt autres prélats, ils prennent la défense des quatre évoques et affirment être d’accord avec eux (1 er décembre 1667) ; ils les excusent et expliquent leur conduite par les circonstances : il s’était trouvé parmi nous des gens qui avaient eu la hardiesse de publier ce dogme nouveau et erroné que les décrets que l’Église fait pour décider les faits qui arrivent de jour en jour

et que Dieu n’a point révélés étaient certains et infaillibles et qu’ainsi l’on devait avoir la foi de ces faits, aussi bien que des dogmes révélés de Dieu dans l’Écriture et dans la Tradition. » Ils ont voulu « s’opposer mal el établir, dans leur mandement, la doctrine bien connue et bien certaine, qui est opposée a une erreur si manifeste, savoir que l’Église ne delinit pas

avec une certitude entière et infaillible ces faits humains que Dieu n’a pas révélés et qu’ainsi tout ce qu’elle exige des fidèles, en ces reucoul les, est qu’ils aient pour ces décrets le respect qu’ils doivent… Celte lettre des dix neuf évêques fui probablement rédigée

par Nicole (on l’attribue parfois à Félix Vialart, évéque de Cbfllons) ; ce fut Vialart qui se chargea de

la faire signer des prélats ci qui la lit porter confidentiellement de diocèse eu diocèse ; il recueillit dix neuf signatures ; vingt autres eveques ne Voulurent pas

signer, mais promirent, dit-on, leur sympathie et leur concours.

I)aiis leur lettre au roi. les dix-neuf reprennent les mêmes thèses, .loger (les eveques. deelareuL-ils, « ce serait non pas seulement renverser les canons, mais renoncer aux premiers principes de l’equite naturelle reconnue par les païens eux-mêmes. » Le roi refusa île recevoir celle lettre et il la lil supprimer par le

Parlement (19 mars 1668). Le 3 avril, Vialart, le plus

âge des dix-neuf eveques, écrivit au procureur gênerai

pour protester et justifier la lettre des dix-neuf et les

défendre d’avoir voulu mener « une cabale ». Le

25 avril, les quatre évêques envoyèrent une Lettre circulaire aux évêques de France pour les engager à refuser au pape le droit de juger les évêques de France, dans la forme prescrite par le bref ; c’est un vrai réquisitoire contre les empiétements de Rome « qui renverse les saints canons, viole les premiers principes de l’équité naturelle et avilit la dignité épiscopale. » (Cette lettre est l’œuvre d’Arnauld, t. xxiv, p. 549567.)

Le P. Maimbourg, jésuite, sous le nom d’un théologien (François romain), attaque vivement la lettre circulaire des quatre, mais Arnauld prit la défense de son œuvre, t. xxiv, p. 367-465 ; après avoir examine le fond de la cause des quatre évêques, il veut montrer le droit des évêques à être juges en première instance par le concile de leur province et il proteste contre la thèse du 1’. Maimbourg, que « le pape est, d’institution divine, le juge naturel et souverain des évêques. »

Un arrêt du Conseil d’État du 4 juillet supprime la lettre circulaire ; des écrits violents pour et contre la signature se multiplièrent, tandis qu’Arnauld, Nicole et La Lane, reprenaient la publication interrompue en 1667, de leurs Mémoires en faveur des quatre évêques : le VIIIe (4 janvier 1668), réfute le P. Annat ; les IXe et X*’(1 er juillet), discutent les brefs du pape et justifient la distinction du fait et du droit ; un XI Mémoire, qui ne fut point publié alors, expose la doctrine du concile de Trente sur la manière de juger les évêques.

La paix de Clément IX.

Voir aussi CLÉMENT IX.

t. iii, col. 89-01. Pendant ce temps, les jansénistes travaillent à la cour, afin d’aboutir à un accommodement. D’après le récit fait par VJIistoire abrégée de la paix de l’Église, 2 in-12, 1698, Vialart vint a Paris, fut reçu par le roi et par le ministre Le Tellier ; il fit agir l’archevêque de Sens, Gondrin, qui prit la direction de l’affaire et travailla activement et efficacement à l’accommodement, avec les ministres Le Tellier, de Lionne et Colbert, à l’insu de l’archevêque de Paris et du P. Annat. confesseur du roi. (iondrin gagna le nonce el celui-ci, sur des promesses assez vagues, écrivit à (dément IX (5 juin 1668), une lettre favorable à raccommodement ; Arnauld et Nicole rédigeaient des notes ; l’évêque de Comminges servait d’intermédiaire auprès des évêques de Pamierset surtout d’AIel qui semblaient irréductibles. Le pape, ami de la paix, approuva la conduite du nonce. L’évêque de Laon, d’Estrces, futur cardinal, étroitement lie au pape et nullement suspect de jansénisme, lut un îles trois négociateurs. Il fut décide qu’on se contenterait de demander aux

quatre évêques la signature du formulaire sans exiger une retractation de leurs mandements. Vialart fut charge de communiquer cette décision a l’évêque d’Alet ; il lit appel à l’évêque de Comminges qui se rendit à Alet avec M. de Pamiers (23 juin), et il y cul entre les trois évêques des diseussions 1res vives, à cause de M. Pavillon « obstine et entêté, i Relation, t. n. p. (> sq. La réponse de M. d’AIel était peu rassurante, mais Vialart, obtint le consentement des trois autres évêques et le secrétaire d’État, Lionne, lui vint en aide auprès du nonce.

Arnauld rédigea le projet de lettre des quatre évêques au pape, Œuvres, t. xxiv, p. 568 570 ; le nonce lit quelques modifications secondaires et approuva (9 août) : les quatre évêques devaient faire signer le formulaire dans Uni diocèse comme d’autres l’avaient fait.. On envoya la lettre A Alet. mais le 14 août, on reçut la réponse de L’évêque qui déclarait ne pouvoir pas la.signer, car il avait posé comme condition expresse qu’on laisserait la libelle aux quatre évêques de faire eux-mêmes leurs procés-verbaux, comme ils voudraient, qu’ils seraient ainsi maîtres de la lettre qu’ils écriraient au pape et qu’on ne pour-