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JEAN IV LE.IFXNEUR — JEAN LE SCH0LASTIQ1 I.

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pour cette pauvreté et cette austérité, déchira l’obligation et fit transporter au palais le pauvre mobilier. C’est du moins ce que raconte Théophylacte, d’après

la tradition de son temps. Hist., vii, 6, édit. de Boor, 1887, p. 254-255. Jean le Jeûneur mourut le 2 septembre 595. Dans la lettre que saint Grégoire le Grand il à l’empereur Maurice pour le féliciter du choix qu’il avait fait de Cyriaque comme patriarche, il qualifie d’heureuse mémoire Jean, le prédécesseur de celui-ci. Epist., vu. 36, P/… t. i.xxvii. col. 859. Si l’on ne veut pas ne voir là qu’une formule officielle, il faut admettre que tout en cherchant à faire respecter les droits de l’Église romaine contre les prétentions du Jeûneur, le pape ne méconnaissait pas pour cela ses vertus réelles. L’Église grecque honore Jean le Jeûneur comme un saint et le fête, le 2 septembre. L’Église russe lui a voué un culte tout particulier.

Jean le Jeûneur ne semble pas avoir été un grand théologien. Saint Isidore de Séville, De viris illuslr., 39, P. L., t. Lxxxiii. col. 1102. ne lui attribue qu’une lettre, perdue aujourd’hui, écrite à saint Léandre, au sujet du baptême. Il n’y disait rien de nouveau et se contentait de rapporter les témoignages des anciens sur les trois immersions. On a souvent attribué à Jean le Jeûneur d’autres ouvrages : une homélie assez longue sur la pénitence, la continence et la virginité, une autre sur les faux prophètes et les faux docteurs, un pénitentiel et un discours dans lequel il prescrivait l’ordre à suivre dans la confession des péchés. Les deux homélies sur la pénitence et les faux prophètes ont été attribuées aussi à saint Jean Chrysostome, mais on a reconnu qu’elles ne sont pas de lui. La seconde ne semble pas être de Jean le Jeûneur, à cause de son style incorrect et rampant. La première est bien supérieure. Montfaucon, suivant en cela Vossius et Pearson, la croit de Jean le Jeûneur. On la trouve dans P. G., t. i.xxxvin, col. 1937-1978. Le pénitentiel a été imprimé à Paris, en 1651, par Morin, qui doute cependant qu’il soit de Jean le Jeûneur. Cet ouvrage contient en effet des prescriptions inconnues au vie siècle et qui le reporterait au viii e. Il est dans P. G., t. Lxxxviii, col. 1889-1918. On trouve aussi dans le H-’rr.-ryyI. -.Cyi’.spwv xavôvov de Rhalli et Potli, Athènes, 1854, t. iv, p. 432-145, un résumé des canons de Jean le Jeûneur par un certain Mathieu, imprimé d’après les mss 24, 14, ôS et 37 de la Bibliothèque impériale de Vienne. Quant au discours sur l’ordre à garder dans la confession des péchés, ce doit être un extrait du pénitentiel et qui ne peut guère remonter à Jean le Jeûneur. Le cardinal Pitra a recueilli ces deux ouvrages dans le Spicilegium Solesmense, t. iv, p. 416-444. En résumé, en dehors de la lettre à saint Léandre, que nous n’avons plus, on ne peut lui attribuer que l’homélie sur la pénitence, encore n’est-ce pas sans quelque hésitation.

Baronius, Annales, ad an. 595, et lescritiques de Pagi ad hune locam ; Ceiflier, Histoire générale des auteurs ecclésiastiques, IT.’jO. t. xvii, p. 123-126 ; Fabricius, Bibliotheca 1721, t. x, p. 164-167 ; Krumbaclier, Geschiehte (1er bi/zuntinichen I.ilteratur, 1897, p. 111 ; Mansi, Concil., t. ix, eoL 121 1 ; 1’. (.., I. lxxxviii, col. 1889-1978 ; Rhalli et Potli, 1, , -ra’j. ; …….. lS.’il, t. iv, p. 432-1 15 ;

Pitra, Spicilegium Sole&mewe, 1858, t. iv, p. 416-444.

IL Janin.

77. JEAN LE SCHOLASTIQUE, ou Jean

d A ntioche, patriarche de Constantinople de 565 à 577, historien et canoniste. Dans un remarquable article publié parla Byzanliniaçhe ZeUachrifl, 1900, t.ix, p.337-I. llaury a prouvé que l’historien Jean Malalas doit être identifié avec le canoniste Jean le Scholastique Malâlea syriaque signifie rhéteur, non point dans le sens ordinaire du mot, mais dans la signification spéciale qu’il avait alors, celle d’avocat, et le mot de scho lastique a exactement le même sens. Il y a donc identité de nom. Faut-il admettre aussi l’identité despersonnes ? Assurément. Historien et canoniste sont originaires d’Antioche, ont vécu à la même époque, ont achevé leur existence à Constantinople, oui fréquenté les mêmes souverains, et manifesté des tendances d’esprit analogues. Sans insister ici sur les multiples arguments de cette lumineuse démonstration, nous nous bornerons à eu enregistrer le résultat. La carrière de Jean peut donc se résumer comme il suit. Né à Sérémios près d’Antioche, il était fils d’un ecclésiastique, mais il n’entra lui-même dans le clergé que fort tard, alors que vers 550 le patriarche d’Antioche Domnos (alias Dominos) voulut l’envoyer à Constantinople en qualité d’apocrisiaire, c’est-à-dire de légat permanent. Jusqu’à cette époque, tout en exerçant la profession d’avocat, il avait écrit une histoire universelle, cellelà même qui a été publiée sous le nom de Jean Malalas, et dont les dix-sept premiers livres ont certainement été écrits à Antioche vers 548. Les livres suivants sont d’un ton et d’un style bien différents ; ils ont été composés à Constantinople à partir de 552. Le récit s’arrête au 7 décembre 574, et l’on sait que l’auteur, devenu dans l’intervalle patriarche de Constantinople ( 15 avril 565), est mort le 31 août 577, après deux ans de maladie, assure l’historien Jean d’Éphèse, II, 26. Il était donc tombé malade à la fin de l’été de 575. On conçoit dès lors qu’il n’ait pas poussé sa chronique au delà du 7 décembre 571, date à laquelle Justin II, devenu fou, avait dû confier la régence de l’empire à Tibère. L’unique manuscrit qui nous ait conservé la chronique de Malalas étant tronqué de la fin, c’est sur un abrégé latin de cette chronique, le Chronicum Palalinum, tiré du Valicanus Palalinus 277, que s’appuient les observations qui précèdent. Le chroniqueur latin ne parle pas de la folie de Justin, mais seulement d’une paralysie des jambes. Or c’est là un euphémisme habituel chez Malalas quand il parle d’autres folies de souverains. S’il s’est servi de la même expression pour Justin, comme on n’en saurait douter, le chroniqueur latin étant incapable d’avoir inventé de telles locutions, c’est que Malalas avait de sérieux motifs de ménager la réputation de l’empereur : nouvelle preuve qu’il n’est autre que Jean le Scholastique, devenu patriarche de la capitale, grâce a Justin II. S’il est mort en 577, Jean a dû naître vers 503, c’est-à-dire la douzième année de l’empereur Anastase (491-518), époque à laquelle s’ouvre la seconde partie de sa chronique. L’examen de cette dernière étant étranger au but de ce dictionnaire, il nous suffira de renvoyer à l’excellent article que lui a consacré K. Krumbacher, Geschiehte der biizanlinischen Litleratur, Munich, 1897, p. 325-331.

Comme théologien, Jean le Scholastique paraît avoir tenu le milieu entre les nestoriens et les monophysites. Nous ne connaissons que par Photius, cod. 75, son Discours caléchélique sur la Trinité. P. G., t. ciii, col. 240. On lui attribue aussi une Mtjstagogia, aujourd’hui perdue, assez semblable, observe Jean de Nikiu, au livre de Meniias, sur lequel on peut voir Mansi. Concil., t. xi. p. 525 et 530. Il aurait été de la sorte un précurseur du monothélisme. Cette préoccupation de ménager les deux pari is opposés ne surprend pas chez cet homme, que Baronius traite de nundinator reruni sacrarum, car en lui le servilisme égalait l’ambition. La Myslagogia aurait été écrite en 565, au début par conséquent du patriarcal de Jean, probablement dans le but de concilier au prélat la faveur de tous.

Mais c’est.siirloul comme canonisle que Jean le Scholastique se recommande à la postérité. Deux élémenta essentiels sont entrés dans la formation du Corpus juris canonici de l’Église grecque : les canons,