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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/465

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JÉRÔME (SAINT). ŒUVRES EXÉGÉTIQUES


lignes par jour Aussi a-t-on constaté qu’il touche ou rapporte, ça et là quelques opinions origénistes sans ajouter le mot de réserve ou de critique qu’on eût souhaité. Le Commentaire de l’Ecclésiaste, t. xxiii, col. 1009-1116, marque, en 389-390, le début des travaux de ce genre sur l’Ancien Testament ; et le commentateur j affirme fortement son originalité, en s’attachant beaucoup plus à fouiller le texte hébreu et la version alexandrine qu’à exploiter toute autre source secondaire.

Nient ensuite la série des seize prophètes, qui, inaugurée vers 392, scia poursuivie pendant près de trente ans. de manière à se trouver, sauf pour Jérémie, épuisée à la mort île Jérôme. L’interprétation allégorique tient une glande place dans plusieurs parties ; elle abonde surtout, quand elle n’y domine pas, dans les plus anciennes. Néanmoins on rencontre presque partout nombre d’observations très justes et de données précises, qui constituent encore aujourd’hui d’excellents témoignages de l’antique tradition juive et chrétienne. Au point de vue de la méthode critique, l’œuvre est, dans son ensemble, d’un grand mérite. « La manière, dit Richard Simon, loc. cit., dont il (Jérôme) a fait ses commentaires sur les livres des prophètes est la meilleure de toutes ; car il rapporte premièrement l’ancienne version latine qui était alors en usage, à laquelle il en joint une autre nouvelle, qu’il avait faite sur le texte hébreu ; puis il confère ensemble les anciennes versions grecques, afin de connaître mieux la propriété des termes hébreux. » Le Commentaire sur Isaïe, t. xxiv, col. 17 678, qui est de deux époques, garde, dans sa tendance dominante et dans son fond, quelque trace de la différence des temps : l’explication des dix visions ou onera, qui se lisent aux c. xmxxiii, date d’avant 398 ; elle nous montre le commentateur déjà revenu de sa première manière exé^élique, c’est-à-dire d’un penchant trop exclusif vers l’interprétation allégorique, et en progrès sensible dans la recherche du sens littéral ; mais ce progrès est plus accusé encore dans le reste de cet ouvrage, rédigé seulement en 108-110. A tout prendre, ce commentaire est non seulement le plus étendu, mais aussi le plus important des commentaires sur l’Ancien Testament. L’explication y est approfondie et complète, tant en ce qui concerne les opinions des devanciers qu’en ce qui regarde les idées de Jérôme lui général, le sens littéral est bien suivi et clairement rendu, et souvent les beautés exceptionnelles du texte, l’énergique solennité des oracles prophétiques, sont soulignées avec finesse et un rare bonheur d’expression. Cf. A. Lutz, Wiener Studieh, 1905, t. xxvi, p. 164-168. Des cinq Commentaires publiés en 400, trois, à savoir ceux qui se rapportent à Osée, t. xxv, col. 815-946, à Joël. col. 947-988, et à Zacharie, col. 1 H5-1542, sont, au jugement de bons critiques, assez faibles, un peu obscurs, ou déparés par des excès d’allégorisme. En revanche, le Commentaire sur Amos, t. xxv, col. 989109(1, est une des bonnes productions de Jérôme ; il est riche d’observal ions très (ondées, d’aperçus instructifs. Dans le Préface au Commentaire sur Malachie, t. xxv, col. 1541 1578, on remarquera l’hypothèse qui identifie ce prophète avec Esdras, hypothèse avancée .i (’encontre de l’opinion d’Origène, d’après laquelle le nom de Malachie, conformément à son ét>mologie, désignerait un ange. Si le traité sur Daniel, t. xxv, col. 491 584, vise surtoul à expliquer les passages particulièrement obscurs et s’il y insiste de préférence, comme, par exemple, sur la prophétie des soixante-dix semaines, eu tait, cependant, il garde bien l’allure d’un commentaire perpétuel. Sa valeur est relevée par les nombreux extraits qu’il renferme d’oeuvres historiques grecques et latines aujourd’hui perdues.

Du reste, l’ensemble nous présente moins des idées ou

interprétations nouvelles qu’une collection diligemment formée et bien agencée des opinions successivement émises par Clément d’Alexandrie, Origène Jules Africain, Hippolyte. Eusèbe et Apollinaire, Cf. J. Lataix, Revue d’histoire et de litt. religieuses. 1897, p. 104-173, 268-277. En plus d’un endroit, et principalement dans sa préface, Jérôme défend contre Porphyre le caractère prophétique du livre qu’il commente. Certaines expressions employées par lui, telle la dénomination de fabulæ appliquée aux parties deutérocanoniques de Daniel, ont fait penser que Jérôme n’admettait pas l’authenticité de ces récits. Mais cette opinion ne paraît plus admissible. Delattre, Les deux derniers chapitres de Daniel, dans les Éludes, juin 1878, p. 753. — L’étude sur Ézéchiel, t. xxv, col. 75-490. est d’une belle ampleur. Aussi longtemps que le commentateur se borne à l’explication historique, il fournit à l’exégèse d’utiles et importantes contributions ; et, à cet égard, l’interprétation de la fameuse vision des ossements. Ezech., xxxvii, 1-14, considérée comme une prophétie de la résurrection nationale d’Israël, est un modèle du genre. On suit moins facilement et moins volontiers Jérôme dans certaines parties, où il semble revenir à ses anciens errements et céder à son penchant pour l’interprétation tropologique. — Le dernier commentaire du grand exégète est celui qu’il avait entrepris sur Jérémie, t. xxiv. col. 679-900, et que sa mort vint interrompre. On doit regretter vivement que cette œuvre n’ait pu être conduite à terme, quand on considère la manière dont elle avait été conçue et déjà réalisée plus qu’à moitié. Pour la sûreté de doctrine et l’abondance des aperçus nouveaux, elle peut rivaliser avec les commentaires sur Isaïe et sur Ézéchiel ; elle les dépasse par une attention plus constante à s’en tenir au Sens historique, à éviter les obscurités et les dangers d’erreur inséparables de l’interprétation allégorique. Origène et sa tendance dominante y sont traités sans ménagements ; l’un et l’autre nous sont souvent présentés en des phrases comme celle-ci : Délirât in hoc loco allegoricus semper inlerpres. De fréquentes allusions à la controverse pélagienne donnent aussi à cet ouvrage une importance particulière. Cf. Vaccari, S. Girolamo, p. 145-147.

Dans son Commentaire sur S. Matthieu, t. xxvi, col. 15-218, Jérôme s’est attaché de préférence, mais non pas exclusivement, au sens littéral. Ce travail a d’ailleurs été exécuté dans des conditions qui ont dû nécessairement nuire à sa valeur : sollicité par Eusèbe de Crémone, l’auteur le dicta en quinze jours et comme une œuvre provisoire, à un moment où il était à peine convalescent d’une grave maladie. Voici ce qu’il en dit lui-même. ibid. col. 20 : Omissa auctoritale velerum, ipios nec legendi, nec sequendi facilitas mihi data est, historicam interpretationem digessi breviter, et interdum spiritualis intelligentise /Ivres miscui, perfecium opus réservons in poslerum. Le Commentaire sur l’Apocalypse, qu’on croyait perdu, a été reconnu au cours du siècle dernier, dans la Sumnia dicendorum, insérée dans P. /… t. XCVI. Il a pour base les deux traités de Tichonius et de Victorin de Petau sur le même sujet ; c’est du moins ce que pense l’auteur de la découverte, E. J. Haussleiter, Die Kommentart des Viciorinus, Tichonius und Hieronymus tur Apokalypse, dans Zeitschrift fur kirchliche Wissenschaft und kirchl. Leben, 1886, t. vu. p. 239-570. Cf. G. Morin, Revue bénédictine, 1903, t. xx, p. 225-236.

S. Jérôme, nous apprend qu’il avait publié sept’l’unies sur les psaumes, depuis le x v jusqu’au xvi e inclusivement, De viris, n. 135. Ces Tractatus ne nous sont point parvenus ; mais peut être ont-ils été utilisés par le compilateur du Breviarlum in psalmos, recueil qui figure, à la suite des u livres authentiques, P. L.,