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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.1.djvu/610

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t’201

    1. JÉSUS-CHRIST##


JÉSUS-CHRIST. LE TITRE DE

FILS DE I.IIOMM1- :

1202

(aient jamais ainsi : loinformule était : Hæc dieil

Dominas. Suint [renée fait observer cette différence de langage entre les prophètes et le Christ : Filius quidem quasi a Paire renias principali auctorïtate dicebai : Ego autan dieo robis… Servi autan quasi a Domino serriliter : el propter hoc dicebani : Hæc dieit Dominas. Cont. llar.. I. IV. e. xxxvi.n. 1. P. G., t. vu. col. 1090. D’ailleurs, si le Christ parle avec l’autorité du maître et du Seigneur, c’est qu’en effet il est Mailre et Seigneur i. Malih… 24-25 ; XXVI, 18 ; Luc. m. 10 ; xxii, 11 : cf. Joa., m. 13. Jésus se montre le niait re de la loi du jeune dont il dispense ses disciples. Mare., u. 18-20 ; Matth.. i. 1 1-17 ; Lue., v, 33-35. A ee propos, Jésus, reprenant une image employée par Jean-Baptiste, Joa., m. 29, s’attribue le titre d’époux, qui exprime l’attachement et l’amour qu’il a vis-à-vis des siens. Il ajoute : » Des jours viendront où l’époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront, o Il y a là’me allusion à i mort violente qui l’arrachera aux siens : ce qui démontre que, dès les premiers jours de son ministère, il était pleinement conscient de sa nature, de sa mission et aussi de la mort sanglante qui devait la couronner. Voir plus loin Jésus-Christ et la critique, col. 1388 sq. Jésus se montre le maître du sabbat c’est l’épisode des épis froissés par les apôtres. Marc. n. 23-28 ; Matth., xiii, 1-8 ; Luc, vi, 1-5 ; c’est iaguérison de l’homme à la main desséchée. Marc, iii, 1-0 ; Matth., xii, 9-14 ; Luc. m. 6-11 ; c’est la guérison de la femme courbée Luc. xin. 10-17 ; c’est la guérison de l’hydropique. Luc. xiv, 1-ti. L’évangile de saint Jean complète ces données des synoptiques : à Jérusalem, Jésus guérit un malade le jour du sabbat et lui ordonne d’emporter son grabat. Joa.. v, 8-10, 16. Et à cette occasion, à une double reprise, Joa., v, 17 et vii, 21-24, Jésus explique pourquoi la justice est avec lui : d’ailleurs, il agit en maître : Mon père agit jusqu’à présent et moi aussi j’agis. » Le Fils de l’homme est maître du sabbat. Marc. n. 28 ; Matth., xii, 8 ; Luc, vi, 5. Cette autorité et cette domination du Christ sur les hommes et les institutions ne sont pas l’autorité despotique et la domination matérielle que les Juifs imaginaient devoir appartenir au Christ. Nous verrons tout à l’heure comment le Christ entend fonder un royaume spirituel et surnaturel et « être chez lui dans l’intérieur des autres, i Rousselot. La religion dire-Henné, dans Christus, 2e édit., p. 989. Il nous sullit ici de rappeler les paroles du Maître, qui expliquent si parfaitement quel genre d’autorité et de domination il entend exercer : Venez à moi, vous tous qui prenez de la peine et qui êtes chargés, et je vous soulagerai. Prenez mon joug sur vous et venez à mon école, parce que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est doux et mon fardeau léger. Matth.. xi, 28-30.

c) Jésus corrige les idées fausses et les illusions des Juifs louchant le royaume messianique. — La révélation progressive de Il lomme-Dieu comportait néces ii renient cette correction. La charte du < royaume des cieux » est promulguée dans le discours sur la montagne. Matth.. v, 1 sq. ; et les autres enseignements du Maître ne sont que le commentaire ou l’écho de cet admirable sermon. Or. la prédication de Jésus était telle, qu’elle devrait en lin de compte corriger les illusions et les erreurs de ses contemporains sur le règne messianique. Les Juifs avaient rêvé d’un royaume temporel. Jésus leur fait comprendre que ce royaume sera avant tout spirituel ; c’est un don divin, qui exige de la part de l’homme une’/encreuse coopération. Les Juifs avaient rêvé d’une restauration d’Israël et de rétablissement de sa domination sur les autres peuples du monde. Jésus leur fait comprendre que, si les Juifs ont certains droits de primauté dans le

royaume, ce royaume doit être cependant accessible a toute l’humanité, sans autre obligation que celle d’observer la loi divine, amenée par le Christ à sa perfection. Sur ces points, dont le développement débor derait le cadre de cet article, voir Royaume de Dieu. dans le Dictionnaire de la Bible, l. v, col. 1217 1251. Remarquons ici simplement que, promulguant les béatitudes. Jésus annonce aux membres du royaume les persécutions : « Vous êtes heureux, lorsque les hommes vous maudissent et vous persécutent, et disent faussement du mal de vous à cause de moi. Matth.. v. 11, et qu’il promet le royaume « aux pauvres en esprit, t. 3.

Jésus doit également corriger les erreurs des Juifs touchant le royaume considéré sous son aspect eschatologique. Par le l’ait qu’il s’attribue le jugement, Jésus se manifeste comme Dieu, voir plus loin, col. 1209 ; mais le jugement des peuples que les Juifs réservait au roi messianique n’est pas celui que Jésus annonce. Le jugement portera sur le bien accompli ou sur le péché commis : « Beaucoup iie diront en ce jour : Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé, et en ton nom que nous avons chassé les démons et en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ? Ht alors, je leur déclarerai : Je ne vous ai jamais connus ; retirez-vous de moi, artisans d’iniquité. > Matth., vii, 22-23. Cet enseignement .se retrouve dans tout l’Évangile et notamment dans les paraboles du règne de Dieu expliquées par Jésus à ses apôtres : c’est le Fils de l’homme qui sème le bon grain ; c’est lui qui, au dernier jour, présidera la moisson ; il enverra ses anges ramasser de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’ini mité, et ils les jetteront dans la fournaise du feu. Matth., iii, 37-12. Cf. Marc, iv, 26-29. La soudaineté avec laquelle devait apparaître le Messie-juge, Jésus l’explique de sa venue inopinée au jour du jugement de chacun des membres de son royaume. Marc, xiii, 34-37 ; cf. Luc, xii, 36-38 ; Matth., xxiv, 48-51 ; cf. Luc, xir. 45-48 ; xxi, 34-36, etc.

d) Le. Fils de l’homme. — Il ne suffit pas à Jésus de révéler le royaume ; il faut qu’il révèle le roi. Mais, dans cette révélation de soi-même, avec quelle prudence et quelle circonspection n’est-il pas obligé de procéder ! A cet effet, il se servira fréquemment de l’expression : Fils de l’homme. On la trouve 14 fois dans Marc, 9 fois dans Matthieu, 8 fois dans Luc, 12 fois dans Jean, 8 fois dans les Logia. Nous avons vu plus haut la signification messianique de cette expression chez Daniel, voir col. 1123, et dans le livre des Paraboles d’Hénoch, col. 1128. Mais à l’époque du Sauveur, elle n’a plus, pour la plupart des Juifs, qu’un sens imprécis, et c’est la prédication de Jésus qui. progressivement, sous cette expression, proposera la révélation du roi messianique. Voir J. Lebreton, Les origines du dogme de la Trinité. 4e édit., p. 277-286. D’après saint Jean c’est dès le début de sa vie publique que Jésus se révèle comme le Messie annoncé par Daniel : Vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu montant et descendant au-dessus du Fils de l’homme. Joa., i, 51. On trouve, avec les mêmes souvenirs et les mêmes images, la même révélai ion dans l’entretien avec Nicodème. /L. iii, 12-15. C’est d’ailleurs le Messie céleste de Daniel qu’on aperçoit dans les autre textes johanniques ; cf. VI, 27, 53, til-62 ; et moins clairement, viii. 28 ; i. 35 ; xii, 23, 34 ; xiii, .’il. Mais ce ne sont encore que des entretiens privés, et le Sauveur ne revendique le titre messianique de Fils de l’homme que pies de CeUX qui sont préparés à l’entendre. Il le revendiquera dans la première partie de son apostolat rarement et avec réserve dans quelques discussions arec les pharisiens, à propos du paralytique de Capharnaûm, Mare, ii, 10 ; cf.