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[S I DORE DE SÉVILLË SAINT

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2. La transsubstantiation. - D’après Bingham, Qrifineseeeles. , I. XV. c. v.sect. 1, Londres, 1710-1719, t. vi,

p. 801, suint Isidore aurait nié la transsubstantiation. S’il s’agit du mot, il est certain que saint Isidore ne l’a pas employé, pour la bonne raison qu’il n’existait pas encore pour exprimer la nature du changement qui s’opère au sacrifice de la messe par la consécration ; mais s’il s’agit du sens exprime si bien plus tard par le mot de transsubstantiation, on ne peut pas soutenir qu’Isidore ne l’a pas enseigne. Car, dans un passage, il dit qu’on appelle corps et sang du Christ le pain et le viii, quand ils sont sanctifiés et deviennent sacrement par l’invisible opération du Saint-Esprit. Unde hoc, eo jubenle, corpus Christi et sanguinan dicimus, quod, dum sit ex fruclibus terra.’, sanctificatur et filsacramentum, opérante inuisibililer Spiritu Dei. Etym., VI, xix. Resteraient-ils pain et vin tout en devenant sacrement’? Nullement, car, dans un autre passage, après avoir dit comme saint Paul : partis, quem Irangimus, corpus Christi est, il ajoute : Hsec autem, dum surd visibilia, sancti ficala per Spiritum Sanctum, in sacramentum dioini corporis transeunt. De ofjic. eccl., I, xviii. Transeunl, qu’est-ce à dire ? Il s’agit bien d’un changement, d’une transformation, et n’est-ce pas là l’équivalent du mot transsubstantiation ? Cf. Arevalo, Isidoriana, part. I, c. xxx, n. 15-24, P. L., t. lxxxi, col. 157-160.

Sur les sacrements.

Bingham, Origines eccles., ’XII, ci, accuse encore saint Isidore de n’avoir fait

qu’un seul sacrement du baptême et de la confirmation. En effet Pévêque de Se ville a écrit : Suntautemsacramenta baptimus et chrisma, corpus et sanguis. Etym., VI, xix. D’où Bingham de conclure : de même que corpus et sanguis ne désignent qu’un seul et même sacrement, de même baplismus et chrisma. Conclusion erronée, car Isidore, loin de confondre le sacrement du baptême avec celui de la confirmation, les distingue l’un de l’autre : Sicul in baptismo peccatorum remissio datur, ita per unelionem sancti ficatio Spiritus adhibetur, et il traite ailleurs, De ofjic. eccles., II, xxv-xxvw, P. L., t. Lxxxiii, col. 822-826, séparément et distinctement du baptême, de la chrismalio et de l’imposition des mains. Ce que l’on peut reprocher à son langage, c’est, tout au plus, un certain manque de précision fort excusable à une époque où la théorie sacramentaire n’était pas encore rigoureusement fixée. Cf. Arevalo, Isidoriana, part. I, c. xxx, n. 22-25, P. L., t. lxxxi, col. 160-162.

5°.Sur rorigine de l’âme des enfants d’Adam. — L’âme de l’enfant qui vient au monde a-t-elle été créée dès l’origine, ou n’est-elle créée par Dieu qu’au moment de la conception, ou bien encore ne serait-elle pas transmise du père au fils par voie de génération ? Autant de questions soulevées parmi les Pères grecs et latins et résolues en sens divers. Saint Augustin est mort sans avoir pu y trouver une solution qui le satisfit. Saint Isidore, cela va sans dire, rappelle les opinions anciennes, en constatant que la question est des plus difficiles et n’a pas été tranchée. Difjcr., II, xxx, 105 ; De ofjic.’cri., II, xxiv, 3 ; De ord. creat., xv, lii, 1’. L., Llxxxui, col. 85, 818, 952. Toutefois il se prononce pour la création de l’âme au moment où elle doit animer un corps humain : Animam non esse partem divinœsubstnntiæ, vel naturse, née esse cam priusquam corporis miscatur, constat ; sed lune creari cam quando et corpus creatur, cui admise ri oidetur. Sent., I, xii, 4. P. L., t. Lxxxiii, eol. I

I. Editions.

Margarin de La Bigne fut le prem publier les air. que de SévlUe sous ce titre :

.s. Isidori Hispalensi opéra omnia, Paris, 1580.

Son Édition était incomplète et laissait a désirer. Près de in^t ans après, ’.nal donna une autre édition beaucoup plus soignée, mais qui est encore loin d’être satisfaisante :

Dioi Isidori Hispalensis episcopi opéra, Madrid, 1599 ; 2 vol. 1778. l.e bénédictin Jacques Du Breull, profitant du travail île sis devanciers, améliora celle de Margarin de La Bigne et compléta celle de Criai sans la rendre plus correete : S. Isidori Hispalensis episcopi opéra omnia, Paris. 1601 ; Cologne, 1617, Au xviii siècle, Ulloa reprit l’édition de Criai et la publia à Madrid, en 1778. revue, corrigée et augmentée des notes de Gomez. Mais il restait un examen Critique à faire sur tous les ouvrages, authentiques ou suppnsis. de saint Kidore ; ce fut l’œuvre d’Arevnlo. Ce dernier, grâce a un examen attentif et à une connaissance approfondie du sujet, passa en revue lis manuscrits et les éditions et ne retint comme authentiques que les ouvrages dont l’analyse a été donnée dans cet article, en suivant l’ordre de la dignité des matières et. dans chaque matière, le genre d’abord, les espèces ensuite ; c’est jusqu’ici la meilleure de toutes les éditions : S. Isidori Hispalensis episcopi opéra omnia, 4 vol.. Borne, 1797-1803. Migne l’a reproduite : P. L., t. lxxxi-i.xxxiv, en y joignant la Colleciio canonum attribuée à saint Isidore, ainsi que la Liturgia mozarubica sectintlum regulam beali Isidori, P. L., t. lxxxv-lxxxvi. Depuis lors quelques ouvrages de saint Isidore ont fait l’objet d’éditions critiques nouvelles. La partie historique, sous ce titre : Isidori /unions Hispalensis historia Gotliorum, andalorum, Sueborum ad annum 624, a été insérée dans les Monumenta Germaniæ hislorica. Auctores anliquissimi, Berlin, 1894, t. xi, p. 304-390. G. Becker a donné une édition critique du De natura rerum, Berlin, 1837. K. Weinhold a publié quelques fragments en vieil allemand de l’opuscule contreles juifs : Diealtdeutschen Bruclistiicke des Tractats des Bischo/s Isidorus non Sevilla De fide calhnlica contra Jtidieos, Paderborn, 1874. G. A. Hencha publié un fac-similé du codex de Paris : Deralthochdeutsche Isidor. Fac-similé Ausgabe des Pariser Codex, nebsl krilisclien Texte der Pariscr und Monscer Bruchstiicke, Strasbourg, 1893. Il reste encore beaucoup à faire. W. M. Lindsay, Isidori Hispalensis Elymoloyiarnm seu Originum libri XX, 2 vol., Oxford, 191 1 ; Béer, Isidori Elymologiarum cod. Toletanus. pliototypice editns, Leyde, 1909.

IL Sources. — S. Braulio. évêque de Saragosse, contemporain et ami de saint Isidore. Prænolatio librorum divilsidori, P. L., t. Lxx.xt, col. 15-17 ; S. Ildefonse, De viris illustribus, ix, ibid., col. 27-28 ; un récit de la mort de l’évêque de Séville, ibid., col. 30-32 ; Acta sanctorum, avril, 1. 1, p. 325-361.

III. Travaux.

De* biographies ont été publiées par Cajétan, Borne, 1616, par Dumesnil, 1843, par l’abbé Collombet, 1846. Sur la vi" et les œuvres de saint Isidore, Noèl Alexandre, Hisloria eccles iastica, Paris, 1743, t. x, p. 195, 411-413 ; Dupin, Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, Mons, 1091, t. VI, p. 1-6 ; Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, Paris, 1858-1868, t. xi, p. 720-728 ; N. Antonio, Bibliotheca hispana velus. Madrid, 1788, p. 321 sq. ; Florez, Espana sagrada, Madrid. 1754-1777, t. III, p. 101-109 ; t. v, p. 117-120 ; t. VI, p. 441452, 477-482 ; t. ix, p. 173, -400-412 ; Arevalo, Isidoriana, P. L., t. i.xxxi ; Bourret, L’école chrétienne de Séville sous la monarchiedes Wvtigoths, Paris. 1855 ; Gams, DieKirchengeschichle von Spanien, Batisbonne, 1862-187 I. t. n. sect. ii, p. 102-113 ; Éhert, Histoire générale de lu littérature du moyeu âge en Occident, trad. franc., Paris, ISS : ’., t. i, p. 021636 ; TeuiTel, Geschichte der rômischen Lilteraiur, Leipzig, 1870 ; trad. franc., Paris, 1883, t. iii, p. 337-345 ; Dressel, De Isidori Originum fontibus, Turin, 1874 ; Hertzberg, Ueber die Chroniken îles Isidorus von Sevilla, dans les Forschungen n/r dentschen Geschichte, 1875, t. xv, p. 28’.1360 ; Menendez y Pelayo, S. Isidoreei l’importance de. son rôle imis l’histoire intellectuelle de l’Espagne, trad. franc., dans les Annales de philosophie chrétienne, 1882, t. vii, p. 258-269 ; Maintins. Geschii l.-latein. Poésie,

Stutgart, 1891 p. H4-420 ; Klusmann, Excerpla Tertullianea in Isidori Hispa. Etymologiis, Hambourg, 1892 ; Dzialowski, Isidor und riker,

Munster, 1899 ; Bardeuhewer, Patrol.lit., Frl bourg-en-Brisgau, 1910, p. 568sq lie fur pro testant ilogie uni ! L-dit.. Leipzig, 1901, ’. ix, p. 11$1-$23 ; Leclercq, L’Espagne chrétienne, Paris, p. 302-306 ; Kirchenlexikon, 2’édit., t. vi, p.’.il’.'.) 976 ; smitii et Wace, .1 dictionary m Christian biographg, t. iii, p levalier, ’' aphte,

t. i, p. 2283-2285 ; Schwarz, Observatio m Isidori

densit Origines, Hirschb rg, 1895 ; Schul. [en Schriftstellerl h. ïsidoru

bhandlungen de Sdra la 1902,