dit, les autres administraient les biens du temple et faisaient le service de police et de surveillance.
Tout le personnel sacerdotal formait un ordre bien circonscrit auquel personne ne pouvait appartenir s’il n’était censé descendre d’Aaron. Après le retour, plusieurs familles qui ne purent pas se légitimer par les listes généalogiques en furent exclues, Esdr., ii, (51 sq., et Josèphe mentionne expressément que sa généalogie se trouve dans les actes publics. Vita, i. Parmi les descendants d’Aaron, ceux-là seulement étaient admis au service qui n’avaient pas de tare morale ou de défaut corporel. Les quelques cas d’irrégularité, prévus dans les lois mosaïques ne suffisaient pas au judaïsme : la littérature rabbinique en mentionne cent quarante-deux. Mischna, Bechoroth, vu : Ant., III, xii, 2.
L’influence que le sacerdoce exerçait dans le judaïsme n’était pas due seulement à la multitude de ses membres, mais surtout à ses fonctions religieuses. Le temple avec le culte formait le centre de toute la vie nationale des Juifs et les prêtres seuls avaient le droit de sacrifier. C’est par eux donc que les Israélites devaient faire accomplir le culte officiel, c’est-à-dire offrir les sacrifices qui étaient prévus par la Loi en si grand nombre.
Cette position privilégiée que le culte assurait aux prêtres fut encore rebaussée par l’aisance dans laquelle ils vivaient par suite de leurs riches revenus et par le rôle politique que jouaient les aristocrates du clergé juif. Ces derniers siégeaient dans le sanhédrin et se réservaient les postes les plus importants, surtout la dignité de grand prêtre.
Malheureusement les prêtres du judaïsme étaient, au point de vue moral et intellectuel, encore moins à la hauteur de leur tâche que leurs prédécesseurs préexiliens. Déjà tout de suite après le retour ils méritaient de graves reproches : ils contractaient comme les autres Juifs des mariages mixtes, Esdr., x, 18 ; ils négligeaient le culte et l’étude de la Loi. Malachie les réprimande de ce qu’au lieu de garder sur leurs lèvres la science, « ils en ont fait trébucher plusieurs contre la Loi. » ii, 7-8. Plus tard le sacerdoce oublia davantage encore ses devoirs en favorisant l’hellénisme de sorte qu’il perdit de plus en plus son prestige sur le peuple.
3. Les lévites.
Tandis que la situation des prêtres s’améliorait notablement après l’exil, celle des lévites allait empirer. Prévoyant, non sans raison, Neh., x, 37-39 ; xiii, 10 ; Mal., ni, 8, que les circonstances précaires rendraient la dîme, leur principal salaire, peu abondante, les lévites ne revinrent qu’en très petit nombre, Esdr., ii, 40 sq. ; viii, 15 sq., appartenant à trois catégories ; lévites proprement dits, c’est-à-dire aides des prêtres pour les sacrifices, chantres et portiers. Le quatrième emploi qui leur aurait été cou lié par David, celui de notaire et de juge, I Par., xxiii, 4 ; xxvi, 29-32, n’est plus mentionné pour le temps du judaïsme, ni celui de maître qu’ils avaient exercé sous le roi Josaphat. II Par., xvii, 7-9. Toute l’occupation des lévites se restreignait au service du temple. Ils ne jouaient aucun rôle dans la vie politique ou spirituelle du peuple. Même leur service liturgique semble avoir avec le temps perdu de son prestige ; car les deux livres des Macchabées qui citent très souvent les prêtres et qui auraient pu très facilement à maintes reprises mentionner aussi les lévites, lors de la dédicace du temple sous Judas, n’en souillent mot et les Évangiles ne les mettent en scène que deux fois. Luc, x, 32 ; Joa., i, 19. Josèphe non plus n’en fait pas grand cas. Une classe de lévites cependant, celle des chantres, obtint un rang très honorable. L’embellissement qu’ils donnaient au culte fut tellement apprécié que sous Agrippa II ils obtinrent le droit de porter le costume des prêtres. Ant., XX, ix, 6-7.
2o Les Seribes.
1. Leur histoire. — Puisque, après
l’exil, non seulement le culte prescrit par la Loi, mais toute la Thora attiraient bien plus qu’auparavant l’attention de tous les fidèles, on comprend qu’à côté du sacerdoce, un autre état se soit formé dont les membres s’occuperaient de la Loi comme les prêtres s’adonnaient au service du temple. Cela était d’autant plus nécessaire que ces derniers se souciaient peu en général de l’enseignement du Code mosaïque,
Les scribes n’étaient pas des hommes qui, semblables aux grands prophètes, communiquaient au peuple de nouvelles révélations ou l’entraînaient par leurs discours à l’enthousiasme religieux ; c’étaient des hommes doctes et calmes dont l’unique soin était de conserver et d’interpréter l’héritage spirituel du passé. Nul nom ne saurait mieux que celui qu’ils portent, caractériser leur œuvre : ils sont appelés soferim, c’est-à-dire biblistes. Ils sont donc ceux qui s’occupent d’une façon spéciale des Livres Saints. D’après la traduction des Septante qui les nomme ypa^aTetç, on les appelle aujourd’hui communément scribes. Puisque la Thora forma l’objet principal de leurs études, ils sont aussi, surtout dans le Nouveau Testament, nommés docteurs de la Loi, vo^ixoî, vo[j.o6’!.ââaxaXo’.. Matth., xxii, 35 ; Luc, v, 17..
Dès l’origine des livres sacrés, on devait commencer à s’occuper d’eux, en particulier de la Thora. Le précepte, Lev., x, 11 ; Deut., xxxiii, 10, d’enseigner la Loi le prouve et l’instruction que le roi Josaphat fit donner au peuple par les prêtres et les lévites, II Par., xvii, 7-9, l’atteste. Lorsque, après la destruction du temple et la cessation du culte, les Livres Saints devinrent les seuls restes visibles de la religion, il était tout naturel que l’intérêt se concentrât sur leur étude et qu’on se dédommageât par eux de la privation des sacrifices. Le premier en effet qui porte le titre de scribe dans le sens indiqué est Esdras. Esdr., vii, 6. Il est présenté comme le scribe par excellence qui ait étudié, observé, enseigné la Loi. Esdr., vii, 10.
II était prêtre et scribe en même temps et dans les premiers temps qui suivirent l’exil les scribes ne formèrent pas un état distinct de l’état sacerdotal. A côté d’Esdras, des lévites expliquaient la Loi. Neh, , vm, 7-13. Mais puisque la Thora ne réglait pas seulement les rites des prêtres, mais aussi la vie quotidienne de tous, et que les Juifs après le retour formaient bien plus une communauté religieuse qu’un état politique, les laïques s’intéressaient également beaucoup à la Loi et plus d’un parmi eux devint « biblisle ». Néhémie, xui, 13, mentionne déjà un scribe laïque. La négligence des prêtres par rapport à la Loi a nécessairement accru le nombre des scribes en dehors du sacerdoce. L’Ecclésiastique, xxxviii, 25 sq., mentionne les scribes comme une institution à part, formant l’état le plus notable de son temps. A l’époque maccliabéenne, les scribes se distinguent par leur zèle pour la Loi et la foi des pères, I Macch., vii, 12 sq. ; II Macch., vi, 18 sq., et entrent en opposition avec le sacerdoce en tant que ses représentants aristocrates préfèrent la culture hellénique aux coutumes juives. Tandis que ces derniers s’aliènent la foule, les scribes gagnent de plus en plus sa faveur. Par suite surtout du succès brillant des Macchabées, ils devinrent les véritables chefs du peuple juif. Sous la reine Aléxandra, les plus éminents des scribes obtiennent même des sièges dans le sanhédrin, à côté de l’aristocratie sacerdotale et prennent part dorénavant au gouvernement politique. Lorsque, après la ruine de Jérusalem (70 après J.-C.)> le sanhédrin et le sacerdoce disparurent, le pouvoir et l’iniluence des docteurs de la Loi devint absolu. Auparavant déjà des décisions des rabbins célèbres avaient force de loi. Dorénavant toute la direction de la nation reposa entre leurs mains. Malgré la débâcle foudroyante, ils réussirent à fonder à Jabné, à Lydda