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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.2.djvu/232

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1873 JUIFS (CONTROVERSES AVEC LES), DES ORIGINES A 313 1874

ihre Quellen geprùft, Berlin, 1890, a démontré qu’elle n’était pas fondée en ce qui regarde V AUercatio S imonis et Theophili, et Harnack lui-même a accepté ces conclusions. Cf. T. Zahn, Forschungen zur Geschichle des neulestamentlichen Kanons und der altchristlichen Litteratur, Erlangen, 1891, t. iv, p. 308-329. Il n’est pas davantage prouvé qu’Ariston ait servi de source aux dialogues entre un Juif et un chrétien publiés par A. C. Me Giffert et F. C. Conybeare, dont nous parlerons plus loin, quoi qu’en aient pensé les éditeurs. — -S. Méliton de Sardes, vers 150, ’Exvoyoû, en six livres, extraits de Moïse et des prophètes concernant le Christ. Eusèbe, H. E., t. IV, c. xxvi, P. G., t. xx, col. 396-397, en cite la préface, une lettre à un chrétien nommé Onésime, qui renferme le catalogue des livres de l’Ancien Testament. — S. Apollinaire d’Hiérapolis, avant 180, IIpôç’IouSoûouç, en deux livres. Cf. Eusèbe, 1. IV. c. xxvii, col. 397. — L’apologiste Miltiade, avant 190, IIpô^’IoùSoûooç. Cf. Eusèbe, t. V, c. xvii, col. 470. — S. Sérapion d’Antioche, une lettre à un Domninos qui, failli dans la persécution de Septime-Sévère (202), était passé au judaïsme. Cf. Eusèbe, t. VI, c. xii, col. 544-545. — Ammonius d’Alexandrie, dont Origène fut l’auditeur, ITspi tyjç Mcooaéfoç xal’I^aoû ai>u, q><ovîaç. Cf. Eusèbe, t. VI, c. xix, col. 568.

3. Écrits nroblémaliques.

Nous ne savons si Lactance a réalisé son dessein. Divin, institut., t. VII, c. i, P. L., t. vi, col. 739, de combattre les Juifs dans un traité spécial. — J. Rendel Harris, Testimonies, Cambridge, 1916, 1. 1, constatant des rencontres, dans l’emploi de l’argument scripturaire, entre Justin, Tertullien, et les autres écrivains qui ont combattu le judaïsme, a cru pouvoir conclure que cet accord s’expliquerait par l’existence d’un recueil de témoignages de l’Ancien Testament auquel ils auraient tous puisé. Ce recueil ne serait autre que les Logia compilés, d’après Papias, dans Eusèbe, t. III, c. xxxix, col. 300, par saint Matthieu en langue hébraïque, source non seulement des écrivains ecclésiastiques, mais encore de ceux du Nouveau Testament. De ces antiques Logia de saint Matthieu nous aurions une refonte grecque dans un manuscrit du xvie siècle (au monastère d’Iveron, au mont Athos), qui contient un écrit d’un moine Matthieu contre les Juifs ; ce nom voilerait la personnalité de l’apôtre. Jusqu’à meilleur informé, malgré l’érudition et l’ingéniosité dépensées à les rendre acceptables, ces hypothèses paraissent inconsistantes. Tout au plus pourrait-on admettre comme possible l’existence d’un recueil de témoignages antérieurs à ceux de Cyprien et de Méliton de Sardes ; mais cela même est purement conjectural. Cf. A. d’Alès, Testimonia et Logia, dans les Recherches de science religieuse, Paris, 1917, t. viii, p. 303-326. Sur d’autres hypothèses concernant l’existence de ce recueil voilait. Irénée, t. vii, col. 2516.

4. Écrits où les Juifs sont combattus indirectement. — En plus des écrits qui s’attaquent directement aux Juifs, il en est bon nombre qui ne s’adressent pas à eux, mais qui les combattent en passant, ou, de façon indirecte, par le fait qu’ils réfutent quelques-unes de leurs doctrines essentielles. C’est le cas de tous les ouvrages d’apologétique chrétienne. L’auteur de la Lettre à Diognète expose que les chrétiens n’observent pas le culte des Juifs parce qu’il est puéril et indigne du vrai Dieu. Voir t. iv, col. 1366-1309. La preuve, par les prophéties, de la divinité du Christ et du christianisme occupe une grande place non seulement dans le Dialogue avec Tri/phon de saint Justin mais encore dans sa première Apologie. Cf. J. Martin, L’apologétique traditionnelle, Paris, 1905, t. i, p. 14-21. De même dans saint Irénée. Voir t. vii, col. 2464-2466. L’auteur du Contra hæreses met en relief, dans tout

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

le livre IV, l’unité et la continuité d’Israël et de l’Église. Cf. A. Dufourcq, Saint Irénée (La pensée chrétienne), Paris, 1905, p. 3-5, 173-211. L’Adversus Marcionem de Tertullien développe, sous une forme un peu différente, l’argument des prophéties messi%niques présenté dans son AdversusJudœos. Cf. A. d’Aies. La théologie de Tertullien, Paris, 1905, p. 9. Le livre IV du Dlepi àp/wv d’Origène recommence la démonstration d’Irénée sur les rapports des deux Testaments ; à signaler surtout les c. i-v, P. G., t. xi, col. 344-352, sur la divinité du christianisme prouvée par l’accomplissement des prophéties dans la personne et dans l’œuvre du Christ.

Le caractère des écrits.

 Les écrits contre les

Juifs ont pour auteurs des Juifs convertis (le pseudo-Barnabe), des païens convertis (saint Justin), des chrétiens d’origine, des laïques (probablement saint Justin), des prêtres, des évêques. Presque tous les genres y sont représentés : traités didactiques, dialogues, recueils de textes, écrit juif interpolé, lettres, discours, préface d’une traduction, poésie, critique textuelle et exégèse de la Bible, écrits qui s’adressent directement et exclusivement aux Juifs et écrits où ils n’apparaissent qu’accessoirement et par contre-coup. Les Dialogues d’Ariston de Pella et de saint Justin sont-ils sortis d’une controverse réelle entre chrétiens et Juifs, ou faut-il voir dans leur forme dialoguée un simple procédé littéraire ? On ne sait. Le judaïsme ignora d’abord systématiquement le christianisme. Mais cela ne pouvait durer ; Juifs et chrétiens se rencontrèrent. C’est à la suite d’une discussion entre un chrétien et un prosélyte juif que Tertullien écrivit VAdversus Judœos. Origène, Kxzx KeXaoij, t. I, c. xlv, cf. xlix, lv, lvi, P. G., t. xi, col. 744, 753, 761, 764, parle de discussions qu’il eut avec des rabbins, en présence d’une foule qui devait être juge de la lutte, et, s’il entreprit les Hexaples, ce fut afin de munir les chrétiens d’armes de bon aloi dans la controverse avec eux. En ce qui regarde saint Justin, Eusèbe, H. E., t. IV, c. xviii, P. G., t. xx, col. 376, dit que son Dialogue naquit d’une discussion qu’il eut, à Éphèse, « avec le plus célèbre des Juifs de ce temps. » S’agirait-il du fameux rabbi Tarphon, de Lydda ? C’est possible, ce n’est pas sûr. En tout cas, le Dialogue ne fut composé que vers 152, vingt ans environ après la date où la discussion est censée avoir lieu.

Le contenu des écrits.

 1. Partie positive de la

controverse. — à) L’argument prophétique. — L’argument tiré des prophéties et de leur accomplissement est l’essentiel de la polémique antijuive. L’Écriture annonce que la Loi serait abrogée, que les Juifs seraient rejetés comme peuple de Dieu et que les gentils prendraient leur place. Jésus de Nazareth est le Fils de Dieu incarné, le Messie attendu ; il a réalisé les prophéties messianiques, elles s’appliquent à lui dans leurs moindres détails. Ces deux idées forment la division des deux premiers livres des Testimonia de saint Cyprien (le 3e concerne la pratique de la vie chrétienne). Elles se retrouvent, quoique dans un ordre un peu différent et assez flottant du reste, dans le Dialogue avec le juif Tryphon : caducité de la Loi, divinité du Christ, vocation des gentils. Elles reviennent partout.

b) Le fait de l’Église. — Les prophéties ne se séparent pas de l’Église. La perfection de l’Église, l’excellence de sa doctrine, sa propagation merveilleuse eu dépit de tous les obstacles et contrairement à toutes les prévisions humaines, garantissent l’origine divine du christianisme. Les prophéties c’est l’Église qui « en même temps, les réalise, les explique et les justifie. » J. Martin, L’apologétique traditionnelle, t. i, p. 35 ; cf. de beaux textes, p. 13-14, 17-18, 22-24, 33-31

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