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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.2.djvu/31

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JOB (LIVRE DE). THÉOLOGIE, DIEU ET L’HOMME


sol des diverses plantes suit naturellement comme ici l’aménagement des « eaux supérieures et inférieures i et l’i apparition » de la terre ferme.

Les astres aussi sont l’œuvre de Dieu. Leur « création » se trouve particulièrement mentionnée îx, 9-10, à l’occasion de quelques constellations de nouveau énumérées plus loin, xxxviii, 31-32. Ainsi s’éteint la couleur particulièrement mythique donnée à leur description dans ce dernier passage :

Serres-tu les liens des Pléiades ( ?) Ou relâches-tu les cordes d’Orion ? Sors-tu les Hyades ( ?) en temps voulu, Peux-tu mener l’Ourse avec ses petits ? »

Du reste, ayant » créé » les astres. Dieu, dans le texte biblique, en garde la maîtrise, puisqu’il en serre ou desserre les liens à volonté, loc. cit., les obscurcit ou les empêche de se lever. Job :

« Il commande au soleil, et il ne luit pas,

Il met son sceau sur les étoiles… ix, 7. A la pleine lune il barre le visage, En étendant sur lui sa nuée… » xxvi, 9.

Dans le plan divin ces astres ont valeur de signes, cf. Gen., i, 14, ici en apparence purement météorologiques, xxxviii, 33-38, mais cependant englobant, en ver tu de la formule générale employée, ꝟ. 33 :

« Connais-tu les lois du ciel,

Ou règles-tu son influence sur la terre ? »

la réglementation des « temps. » Cf. Gen., i, 14 et Ps. civ, 19. L’idée d’un gouvernement général des événements terrestres par influence astrale, idée familière aux Babyloniens et aux peuples orientaux dès les temps les plus reculés — les étoiles sont les « images des grands dieux » et « règlent les jours, » Enuma élis, tab. v, 1-20 — transparaît encore ici avec cette restriction, que Dieu lui-même domine et pénètre cette influence. Cf. Gen., i, 16-18, où par décret divin le soleil et la lune « dominent » le jour et la nuit et « séparent » lumière et ténèbres, et Job, xxxviii, 6-7.

« Qui en a posé la pierre angulaire (de la terre)

Aux applaudissements des étoiles du matin ? »

où les astres prennent conscience de cette vie mystérieuse qui est la leur et leur part d’action — subordonnée — dans le gouvernement de l’univers créé. (Voir plus loin.)

Le monde animal enfin manifeste la puissance et la sagesse de Dieu créateur et provident, par comparaison avec l’ignorance et l’impuissance de Job devant cette portion animée du monde inférieur. Quelques animaux sont décrits à l’aide de quelques traits particuliers se rapportant ou à leur allure, ou à leurs mœurs, ou à leur habitat, avec la préoccupation de mettre en relief la divine sollicitude à leur égard sous le rapport de leur nourriture, ou du soutien de leurs forces, ou même de la perpétuation de l’espèce. Ainsi : le lion, xxxviii, 39-40 ; le corbeau, 41 ; la biche, xxxix, 1-4 ; l’onagre, 5-8 ; le buffle, 9-12 ; l’autruche, 13-18 ; le cheval, 19-25 ; Pépervier, 26 ; l’aigle, 27-30 ; l’hippopotame, xl, 15-21 ; le crocodile, xi-, 25-xii, 26. Ces deux derniers, plus remarquables que les autres par leur terrible aspect el leur vigueur, par leur humeur sauvage et farouche, qui les rend impropres à la domestication, sont pourtant aussi créatures de Dieu :

« Vois behimol, que j’ai fait comme toi…  xl, 15.

encore que leur description emprunte mainte couleur

> celle des monstres mythiques dont les apocalypses

exploitent le souvenir. Ilénoch, lx, 7-9 ; IV Esdras, vi, 19-52 ; Apoc. Baruch, xxix, 4 ; et cf. fs., xxvii, 1 ; Ps. lxxiv, i i. Ils doivent correspondre dans Job aux grand’fannînim » de Gen., i, 21, aux « gros animaux »

et au « Léviathan » de Ps. civ, 25-26, lesquels ont définitivement perdu toute physionomie légendaire.

Dieu et l’homme.

L’idée de ce qu’est l’homme

en face de Dieu se trouve exprimée de façon assez différente, selon qu’elle sort de la bouche des amis ou de celle de Job.

1. Valeur de l’homme.

Pour les premiers l’homme n’est qu’une non-valeur, l’impuissance même devant Dieu, le tout-puissant et l’inaccessible ; c’est sa faiblesse physique qui constitue cet abîme entre lui et son créateur ; sa piété doit donc être la « crainte » ; et le mobile de sa religion, l’assurance d’une vie fortunée récompense de l’humilité. Eliphaz, iv, 17-21 ; xv, 14-16 ; Bildad, xxv, 4-6 ; Eliphaz, xxii, 2-4 ; Bildad, viii, 5-7 ; Sophar, xi, 13-19 ; Eliphaz, v, 17-26 ; xxii, 21-30 ; iv, 6-7.

« L’homme devant Dieu peut-il être juste,

Devant son Créateur peut-il être pur ! …

Que dire de ceux qui habitent en l’argile,

Qui ont leur support dans la poussière ?

On les écrase comme la teigne,

Entre l’aube et le soir les voilà foudroyés,

Inaperçus, ils s’en vont pour jamais… iv, 17, 19-20.

a Les cieux ne sont pas purs à ses yeux ; Que dire de l’abominable, du dégénéré, De l’homme, qui boit l’iniquité comme l’eau !.. » xv,

« L’homme fait-il à Dieu besoin ?

Non, le sage se fait à lui-même profit. Schaddaï a-t-il avantage ù ce que tu sois juste, Est-ce lui qui gagne a ce que lu sois intègre ? Va-t-il te punir parce que tu le crains, Entrer en jugement avec toi ?… » xxii, 2-4.

« Ta crainte ne te fut-elle pas confiance,

Et ta vie d’intégrité, espérance ?

Réfléchis, quel innocent a jamais péri,

En quel pays le juste a-t-il succombé ?… » iv, 6-7.

« Pleures-tu à Dieu, il t’écoutera…

Car s’il abat l’outrecuidance,

Il secourt qui baisse les yeux… » xxii, 27, 29.

Moins encore, si possible, 1’ « impie » compte-t-il, dont le péché est surtout l’orgueil, la révolte contre Dieu. Eliphaz, xv, 25-26 ; Bildad, xviii, 21 ; Sophar, xx, 6. Son châtiment est la ruine complète, soudaine, xv, 20-35 ; xviii, 5-21 ; xx, 4-29 ; en attendant, sa vie est empoisonnée par l’angoisse et les remords de sa conscience, Eliphaz, xv, 20-24 ; par les terreurs de la maladie et de la mort, Bildad, xviii, 11-14 ; par la crainte du jugement qui change en poison la douceur de son péché. Sophar, xx, 12 sq.

Pour Job souffrant, Je sort de l’homme « né de la femme », xiv, 1, mais en même temps créature de Dieu. x, 8-12, 18, est pénible et triste : tourment quotidien, tel que l’endurent le soldat et le tâcheron, vii, 1-2 ; xiv, 1, 6 ; caducité sans remède, xiv, 2, 10, 12 ; dépendance absolue vis-à-vis de Dieu qui l’éprouve sans répit, l’ayant enfermé en d’étroites limites toujours sous son regard inquisiteur, vii, 17 ; xiv, 3-5 ; vii, 12, et qui paraît vouloir le tenir pour sans cesse coupable afin d’avoir un motif apparent de le punir, ix et x.

2. Destinée de l’homme.

Sur cette vie d’inquiétude et de souffrance se projette l’ombre de la mort, sans espoir suffisamment clair de survie ou de résurrection. xiv ; cf. iii, 13-19, 20-23 ; vii, 9-10, 21.

« Que sa racine (de l’arbre) vieillisse en la terre,

Que la souche en meure dans le sol ;

A la fraîcheur de l’eau il bourgeonne,

Émet des rameaux, de tendres pousses :

Que meure l’homme, tout est fini ;

Qu’il expire, (on dit :) où donc fut-il ?

L’eau s’écoule d’une mer,

Le fleuve se dessèche et tarit,

L’homme se couche pour ne se lever plus.

Tanf que dure le ciel d ne s’cvcillcr.’i.

Rien ne le troublera dans son sommeil… » xiv, 8-12.

Si Job dil, xiv, 13-16, souhaiter séjourner quelque