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KALCKBRENNER -- KANT, L’HOMME

leven, gesuecht vp. die articulai des hciligen gelouvzns und vp. dat Pater noster (La voie de la perfection évangélique). — 2. Exercitia qwedam valde pia et salutifera de Psalterio (scilicel Rosario) gloriosæ virginis Mariæ, Cologne, sans date (vers 1540), in-8°, 8 feuillets, 3 gravures. — 3. Hortulus devotionis variis orationum et exercitorium piorum, quæ mentem in Dei amorem rapiunt, floribus peramœnus, Cologne, 1541, in-8°, 1577, 1579, in-16. — 4. Opuscula insigniora D. Diongsii cartusiani, doctoris ecstatici, de omnium ordinum sive s’atuum inslilulione, prolapsione ac reformatione, etc., Cologne, 1559, in-folio, 960 p., grand recueil de traités ascétiques divisés en trois classes, dont la première en renferme neuf concernant le clergé, la deuxième en a dix relatifs à la vie intérieure et l’état religieux, la troisième est composée de treize ouvrages sur les différentes conditions des séculiers. — 5. Dom Kalckbrenner a écrit les lettres dédicatoires des traductions latines, faites par dom Laurent Surius, des œuvres de Jean Tauler, 15 18, de celles de Ruysbrock, 1552, et de la nouvelle édition des Commentaires sur les Psaumes de Denys le Chartreux, 1558. — Il composa les ouvrages suivants qui sont restés inédits : Sacrorum hymnorum libri duo ; Rosariurn juxta seriem uitse et actionum Christi ; Colleclanea pia.

Petrejus, Biblioth. carlns., p. 97-101 ; Hartzheim, Bibl. coloniens., p. 94 sq. ; Le Vasseur, Ephemirides Ord. cartus., t. iii, p. 5-10 ; Doreau, Les éphémérides de l’ordre des chartreux, t. ii, p. 11-15. Sur les relations entre la compagnie de Jésus et Kalckbrenner, voir Bouix, Lettres de saint Ignace ; Prat, Le bienheureux Pierre Le Fèvre.

S. Autore.


KAMPERGER François-Louis, né en 1638 à Olmutz, en Moravie, entra dans la Compagnie de Jésus à Brunn, en 1653. Professeur d’Écriture sainte et de théologie pendant vingt-cinq ans, puis préfet des études et chancelier de l’université d’Olmutz, il rendit quelque éclat à la Faculté de théologie et mourut le 6 mai 1698, avec la joie de voir doublé le nombre des élèves. Ses principaux ouvrages, plusieurs fois réédités, ont été réunis en 1705, sous le titre de Quæstiones et responsa theologica, et soumis en 1725 à une révision critique, 3 vol., in-fol., Olmutz. Ils comprennent tout l’ensemble des traités dogmatiques adaptés avec une rare perfection aux tendances intellectuelles de la race slave. L’auteur défend la théorie de la prédestination ante prævisa merita.

Mémoires de Trévoux, 1711, p. 963 ; Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, Paris, 1893, t. iv, col. 905 ;

Hurter, Nomenclator literarius, 3e édit., t. iv, col. 336.

P. Bernard.


KAMPMILLER Ignace, philosophe et théologien, né à Vienne, en 1693, admis dans la Compagnie de Jésus en 1719. Après avoir enseigné avec le plus grand éclat la philosophie et la théologie à Gratz et à Vienne, il devint le précepteur de Marie-Thérèse et fut pour elle un directeur éclairé et ferme pendant la plus grande partie de son règne. Nommé aumônier général et vicaire apostolique des armées de l’Empire, il mourut à Vienne, le 30 mars 1777. En dehors de ses Dialogi de rebus naturalibus, Vienne 1729, il a laissé des ouvrages estimables sur la philosophie morale et politique : Philosophia moralis, Gratz, 1726 ; Monita politico-moralia, Gratz, 1727, et une étude critique extrêmement intéressante : Crisis philosophica super hodierna philosophia, Vienne, 1730.

Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, Paris, 1893, t. iv, col. 906 sq.; Vogel, Specimen bibliothecæ Germaniæ austriacæ, Vienne, 1779, t. i, p. 379.

P. Bernard.


KANT ET KANTISME. — Dans cet article, nous n’envisageons le kantisme qu’au point de vue de sa théologie. Ce qui concerne la philosophie proprement dite est exposé d’une manière très satisfaisante par Aug. Valensin dans le Dictionnaire Apologétique de la foi catholique, art. Criticisme. Kant a d’ailleurs déclaré formellement qu’on pouvait comprendre sa théorie de la religion sans avoir lu ses ouvrages critiques, cf. Die Religion innerhalb der Grenzen der blossen Vernunft, édit. Cassirer, Kant’s Werke, t. vi, p. 152 ; édit. de l’Académie des Sciences de Prusse, t. vi, p. 14. Toutefois, pour saisir la genèse de la théologie kantienne, force nous sera de retracer l’évolution générale de la philosophie critique.

Les citations d’ouvrages de Kant renverront toutes à l’édition des Immanuel Kant’s Werke de Ernest Cassirer, 11 vol., Berlin, 1912-1921. Cette édition, avec indication des manuscrits et des variantes, a l’avantage d’être philologiquement très sûre et d’être achevée. Elle est incontestablement plus maniable et plus lisible que l’édition, encore incomplète, de la Preussische Akademie der Wissenschaften, mais on ne la trouve pas encore dans toutes les bibliothèques. Pour faciliter les vérifications, nous indiquerons à la suite du sigle C, édition Cassirer, l’édition de l’Académie de Prusse (sigle A) et, dans la mesure du possible, celle de Rosenkranz et Schubert, Leipzig, 1838-1842, 12 vol., (sigle R).

I. L’homme. — II. Théorie de la religion (col. 2305). — III. Les disciples (col. 2325).


I. L’Homme.

Enfance et jeunesse.

Né le samedi 22 avril 1724, à 5 heures du matin, à Kœnigsberg, Emmanuel Kant passa toute sa vie dans ce coin de la Prusse orientale, sans jamais s’en éloigner de plus de quelques lieues. Il resta célibataire. Le dimanche 12 février 1804, vers midi, il mourut d’épuisement sénile dans les bras de son ami et biographe Wasianski. Quelques heures avant d’expirer, comme on le rafraîchissait d’un peu de vin coupé d’eau sucrée, il murmura: Es ist gui; c’est bon. Ce furent ses derniers mots. On l’enterra solennellement seize jours plus tard, après un service funèbre — assez théâtral — dans la Domkirche.

Ses parents, Jean-Georges Kant, bourrelier, et Anna-Regina Reuterin, étaient des protestants (luthériens ) convaincus et fort pieux. Le lendemain de sa naissance, le jeune garçon fut baptisé. On lui donna quatre parrains et deux marraines. Il reçut le nom d’Emmanuel, nom qui figure précisément dans les anciens calendriers de Prusse à la date du 22 avril. Le journal de la famille Kant nous a conservé tous ces détails. On lit, à leur suite, ce souhait édifiant:« Puisse Dieu garder cet enfant dans les liens de sa grâce, jusqu’à la fin bienheureuse par la faveur de Jésus-Christ. Amen. »

Kant affirma toujours avoir subi profondément l’influence de sa mère. On a voulu trouver là l’origine de son moralisme religieux et de son aversion pour les frivolités sceptiques du xviii 9 siècle. Il convient toutefois de ne rien exagérer. Les déclarations de Kant à Jachmann au sujet de l’influence maternelle sont dans le style général et vague de tous les disciples de J.-J. Rousseau. Sa mère lui aurait « ouvert l’âme aux impressions de la belle nature » et aurait « cultivé les premiers germes de la bonté dans son cœur. » Borowski affirme que le rigorisme de la Raison pratique n’est que la traduction en termes savants des leçons maternelles que Kant reçut dans son enfance. Cf. L. E. Borowski, Darstellung des Lebens und Charakters I. Kant’s, édit., A. Hoffmann, Halle, 1902, p. 153, et note; et ibid., C. A. Ch. Wasianski, I. Kant in seinen letzlen Lebensjahren, p. 341, 312. Les faits et les dates ne laissent pas beaucoup de champ à cette hypothèse. Des soucis très matériels devaient absorber le temps et l’attention de la mère de famille dans le ménage du bourrelier de la Sattlergasse. Elle eut neuf enfanta