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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.2.djvu/477

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KNOX

en parfait accord avec la liberté évangélique. Le. réformateur écossais et quelques-uns <ie ses collègues adressèrent au Conseil du roi une confession de foi dans Laquelle ils protestaient contre cette affirmation. Aussi l’article disparut-il de la rédaction définitive (octobre 15521.

La mort d’Edouard VI et l’avènement de.Marie ïudor mirent fin à cette activité. Au commencement de mars 1554, Knox s’embarquait pour Dieppe. 11 envoyait de la ses instructions à ses disciples anglais. Tandis que certains théologiens protestants, tels Mélanchthon et Bucer, permettaient, en cas de nécessité, l’assistance à la messe catholique, Knox, qui se rapprochait de plus en plus de Calvin, répudiait absolument une semblable pratique. Mais l’avènement de Marie la Catholique ramenait le réformateur à ses idées favorites. Knox, comme tous les réformés, avait admis jusque-là le devoir absolu de l’obéissance des sujets envers leurs princes, même quand ceux-ci les persécutaient pour leur foi. Une telle position était-elle tenable ? Cette question, dont l’importance théologico-politique dominait de plus en plus la pensée de l’agitateur religieux, il résolut de la poser à ceux qui passaient alors pour les maîtres de la Réforme, Bullinger à Zurich et Calvin à Genève. Aussi, quittant Dieppe, il se dirigea vers la Suisse. Il interrogea d’abord Bullinger et lui adressa les quatre questions suivantes : 1° Un prince enfant, qui est appelé à régner sans avoir la raison suffisante, peut-il prétendre à être obéi de droit divin ? 2° Une femme peut-elle gouverner un royaume de droit divin, et transmettre ce droit à son mari ? 3° Un gouvernement qui soutient l’idolâtrie et condamne la vraie religion peut-il exiger l’obéissance de droit divin ? 4° Dans le cas où la noblesse d’un royaume résisterait à un souverain idolâtre, les gens de bien peuvent-il prendre son parti’! On voit facilement où tendaient toutes ces questions. La réponse de Bullinger et celle de Calvin, qu’il sollicita et obtint quelque temps après, fuient assez décevantes pour lui. Les deux théologiens réformés hésitaient encore à proclamer le droit de rébellion au nom de l’Évangile. Mais, dans la pensée de Knox, la question était déjà tranchée.

Au mois de mai, Knox était de retour à Dieppe, surveillant anxieusement le cours des événements en Angleterre. Il y resta jusqu’en juillet. Il profita de ce séjour pour écrire un violent pamphlet contre Marie Tudor, sous le titre : Fidèle admonition aux maîtres de la vérité divine en Angleterre (Fauthfull admonition unto the professours of God’s truthe in England), dont il parut cette année même deux éditions. Il y attaquait non seulement la reine d’Angleterre, mais l’empereur, le roi d’Espagne et en général tous les princes. Le gouvernement de Marie ne s’en affermissait pas moins, el perdant, pour le moment, tout espoir, Knox quitta Dieppe vers la fin de juillet pour iter Genève. A la fin de septembre, un appel des réfugiés anglais établis à l-’iauctorl-sur-lc-Mein lui demanda de venir exercer parmi eux les fonctions de ministre. Sur le désir de Calvin, il accepta. Lu millier île religionnaires environ avait quitté l’Angleterre depuis l’avènement de Marie et cherché refuge sur le i-oni ineiii. Le groupe le plus important avait fini par se fixer a Francfort, ou. grâce a la protection d’un magistrat calviniste, Glauburg, il avait latitude, saut restrictions, de pratiquer son culte. Mais à peine eette communauté était-elle établie que « le vives discussions s’élevaient dans sou sein. I.es uns voulaient s’en tenir strictement au deuxième Prayer book d’Edouard VI, les autres cherchaient à Imposer une réforme plus radicale.dans le sens de Genève. Knox,

naturellement, prit parti pour ces derniers, i.es adversaires, pour se débarrasser de lui, ne trouvèrent rien

de mieux que de le dénoncer comme l’auteur de la FagthfuU admonition, dans laquelle l’empereur était grossièrement attaqué. Défense fut faite a l’agitateur de prêcher et il fut ainsi obligé de rejoindre Cenôve (mars 1555).

Il y trouva Calvin maître de la situation. Mais dès le mois d’août il partait en Ecosse, surtout pour y régler une question personnelle. Il y épousait Mai jury Bowes, la fille d’une femme qu’il avait endoctrinée au grand désespoir de son mari, resté fidèle à la foi catholique..Mais dès septembre, accompagné de sa belle-mère et de sa femme, il rentrait auprès de Calvin. Une partie des réfugiés de Francfort s’y étaient rendus. Knox devint leur ministre. Cette petite communauté fut le berceau du puritanisme écossais, (in y traduisit en anglais le Nouveau Testament (1557) et même la Bible tout entière (1560). Certainement Knox eut une part, bien que nous ne sachions laquelle, à ces travaux, l’eu de temps après, les chefs du parti protestant en Ecosse, Glencairn, Argyle, Erskine et.James Slewart l’appelaient en lui dépeignant la situation comme favorable. Mais il était alors bien installé à Genève avec sa famille et il ne montra aucun entrain à courir les risques auxquels on l’invitait.. Il alla jusqu’à Dieppe, où il attendit patiemment les événements. Pour donner la même patience à ceux qui l’attendaient, il leur écrivit d’abord une Lettre à ses /rères en Ecosse, puis une Lettre eux professeurs de la vérité en Éeosse, dans lesquelles il les encourageait à continuer. C’est là aussi qu’il donna une forme définitive à une idée qui le travaillait depuis. longtemps, dans son principal ouvrage : Le premier éclat de la trompette contre le monstrueux régime des femmes, The first blasl of ihe trumpet against the monstruous régiment of Women, 1558.

La thèse est très simple : « Établir une femme pour exercer le gouvernement, la supériorité, le pouvoir ou l’empire sur un royaume, une nation ou une cité est chose qui répugne à la nature, qui fait offense à Dieu comme contraire à sa volonté révélée et a la police qu’il approuve. Et finalement, c’est la subversion du bonordre.de toute équité el de toute justice. » Cette proposition est développée théologiquement « avec une pieuse furie qui atteint son paroxysme, » nous dit l’historien admirateur de Knox, P. Hume Brown. On comprend l’éclat que devait faire cette thèse, dans un monde où Marie Tudor était reine d’Angleterre. Marie de Lorraine régente d’Ecosse, Marguerite de l’arme gouverneur des Pays-Bas, et où bientôt Elisabeth allait monter sur le trône de Grande-Bretagne et Catherine de Médicis gouverner la France au nom de ses fils. Aussi l’ouvrage fut-il publié non seulement sous le voile de l’anonymat, mais clandestinement.. Il parut à Genève à l’insu de Calvin lui-même.. Il semble n’avoir pénétré « pie lentement en Angleterre, où il provoqua une réponse de la part de John Aylmer, qui fut plus tard évfique de Londres.’n nouveau travail théologiquc attendait Knox aussitôt après cette publication dont il ne soupçonnait pas encore les conséquences. Calvin était arrivé, après bien des tâtonnements, à faire de la doctrine de la prédestination le centre de tout son édifice théologique. Or les idées de Calvin avaient soulevé de nombreuses protestations précisément chez, les partisans de la réforme la plus radicale, chez les anabaptistes. Mais ceux-ci se répandaient en Angleterre et en Ecosse Tau

point d’inquiéter les partisans de (ienève. Aussi Knox fut.-il Invité a écrire contre eux. Ce lut l’occasion p un lui de publier son traité De la prédestination, On prédestination, dont le Conseil des pasteurs BHitorisa l’impression le 9 novembre 1559, en interdisant toute l’ois la mention de Genève. Le livre se présentait