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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.2.djvu/484

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KUHLMANN — KUHN


christ abgebildet wird zum allgemeinen Besten der hochsliierwirrten Christenheit, Leyde, 1(37-4.

C’est une apologie en règle de lioehme et de Roth, avec une extraordinaire débauche de questions théologiques plus saugie.iues les unes que les autres. Si les doctrines de l’Église romaine n’y sont pas épargnées, celles du luthéranisme ne se trouvent pas en meilleure posture. Tous les grands hommes de la scolastique luthérienne, Chemnitz, Gerhardt, Calovius, Scherzer y sont vivement attaqués, Luther lui-même n’est pas mieux traité, et les calvinistes reçoivent aussi leur paquet. Pressé de révéler à toutes les nations les grandes choses qui lui étaient confiées, Kuhlmann se mit à voyager.11 était à Lubeck en 1675, passa en Angleterre, alla jusqu’à Constantinople où il aurait offert son ouvrage au Grand Turc ; en 1681, il est à Paris, où il publie son Arcanum microcosmicum. On prétend aussi qu’il passa à Rome, où l’Inquisition fut bien vite à ses trousses, et qu’il essaya d’aller répandre ses idées parmi les Barbaresques. Finalement il se retira en Moscovie ; il aurait réussi, vers l’été de 1689, à fonder dans la capitale un groupe assez important d’adeptes ; mais bientôt quelques prophéties imprudentes émises par lui et par son disciple Conrad Nordermann éveillent l’attention de l’autorité ecclésiasique et du gouvernement. Le moment était bien mal choisi ; Pierre I er commençait une vive réaction contre la tolérance religieuse qu’avait préconisée la princesse Sophie. Instruit par l’autorité ecclésiastique, le procès de Kuhlmann et de Nordermann aboutit finalement à une condamnation capitale. Les deux fanatiques fuient brûlés vifs le 3 octobre 1690.

Outre les divers écrits que nous avons notés, on attribue à Kuhlmann beaucoup d’autres ouvrages ; qu’il suffise de citer : les Epistolse theosophicæ Leidenses, Leyde, 1674 ; et un appel aux diverses communautés chrétiennes. Epistolarum Londinensium catholica ad wicklefio-waldenses, hussitas, zwlnglianos, lulheranos, calvinianos, Rotterdam, 1674.

G. Liefmann, De fanalicis Silesiorum et speciatim Quirino Kuhlmanno, Wittemberg, 1698, cette thèse de doctorat est souvent citée, par erreur, sous le nom de G. Wernsdorf, président de la thèse ; J. C. Adelung, Geschichte der menschlichen Narrheit, Leipzig, 1789, t. v, p. 3-90.

E. Amann.

    1. KUBR Ibn##


KUBR Ibn, voir Kabar.

    1. KUHN (Jean-Évangéliste de)##


KUHN (Jean-Évangéliste de), philosophe et théologien allemand (1806-1887). — Il naquit à Wæschenbeurcn en Wurtemberg le 19 février 1806, fit ses études aux universités de Tubingue et de Munich et fut ordonné prêtre en 1831. Docteur en philosophie et docteur honoris causa en théologie, ’1 professa l’exégèse à la faculté de Giessen en 1834, puis à celle de Tubingue en 1837, et succéda à son maître Drey en la chaire de dogme de la ême faculté en 1839. Il prit une part active à la vie politique de son pays, fut élu député d’EUwangen en 1848, membre à vie de la Chambre des seigneurs en 1868, se retira dans la vie privée en 1882 et mourut le 8 mai 1887.

Esprit profond, spéculatif et dialecticien vigoureux, Kuhn fut pendant de longues années le chef incontedé de l’école allemande. C’est à son nom que se rattachent les âpres luttes contre la néoscolastique naissante, représentée par Clemens et von Schæzler. De l’avis de la minorité pendant le concile du Vatican, la résistance ne lui parut plus légitime après la soumission de l’cpiseopat allemand, mais il cessa dès lors de publier.

L’activité littéraire de Kuhn fut extraordinaire : ses nombreu x articles parurent dans les Jahrbùchrr jùr Philosophie und Théologie de Giessen et dans la Tiibinger Quartalschri/t. Une liste complète se trouve dans V Allgemeine deutsche Biographie, t. i.i, p. 418 sq. ; nous ne mentionnons que les plus importants de ses

écrits : Ueber den Begriff und das Wesen der spekulativen Théologie, dans Tùb Quart., 1832 ; Jacobi und die Philosophie seiner Zeit, 1834. refonte d’un travail de concours de 1829-1 830 ; Dat LcbenJesu wissensclui/tlich bearbeitet, 1838, inachevé ; Ueber Clauben und Wissen, mit Rùcksicht au/ extrême Ansichten und Richtungen der Gegenwart, dans Tùb. Quart., 1839 ; Ueber Prinzip und Méthode der spekulativen Théologie, 1840. Puis vint la Dogmatique, œuvre principale, inachevée : I. Einleitung in die katholische Dognudik, 1846, 2e édit., 1859-62 ; IL Die christliche Lehre von der gôttlichen Dreieinigkeit, 1857 ; III. Die christliche Lehre von der gôttlichen Gnade, erster und allgemcincr Teil, 1868.

En exégèse, le côté apologétique et spéculatif attire davantage l’attention de Kuhn ; dans la question synoptique, il soutint la postériorité de saint Marc et rejeta l’hypothèse des Logia de Schleiermacher. Sa Vie de Jésus cherche à montrer contre Strauss comment la conscience messianique du Christ se forma sous l’influence du milieu juif.

En philosophie. Kuhn se place délibérément du côté de la pensée moderne. Comme chez Jacobi, ce n’est que par un acte de foi rationnelle (Yernunjtglauben ) que nous connaissons l’existence de choses en dehors de la conscience, la distinction entre Dieu et le créé, la liberté, l’immortalité. Toutefois cet acte correspond à une nécessité morale de notre nature et trouve sa confirmation dans le consentement de l’humanité entière. Les données de la foi rationnelle et du savoir immédiat doivent être élaborées spéculativement ; en passant par le stade de la représentation, elles arriveront au stade conceptuel, qui est union réelle et positive entre le sujet et l’objet. Cette élaboration spéculative se rapproche du processus dialectique des spéculatifs allemands ; Kuhn n’a pas suivi en vain les cours de Schelling à Munich ; mais il rejette catégoriquement la prétendue identité du sujet et de l’objet dans la connaissance. Selon lui, le développement de la personnalité morale exerce une grande iniluence sur le travail de la pensée, car la raison n’est pas une faculté uniquement intellectuelle, mais essentiellement pratique. L’idée de Dieu est innée ; on n’a pas besoin de prouver son existence, qui, du reste, est indémontrable. La révélation ne fait qu’élargir et approfondir l’idée naturelle de Dieu, la gi âce ne surélève pas la nature ; la personnalité morale déjà la dépasse, et constitue un véritable surnaturel philosophique. Aussi elle prédispose positivement a la grâce, qui toutefois est librement donnée, et efficace per se. On peut prouver la possibilité de la révélation, mais non sa réalité ; seule la grâce produit et justifie la foi surnaturelle à laquelle correspond en nous, un besoin d’être sauvés. Le surnaturel théologique achè e le développement de notre personnalité morale, lui rend l’usage normal et plénier de sa nature et la rend apte à sa fin surnaturelle. L’efficacité de la grâce est donc purement morale, et il n’y a pas de différence essentielle entre grâce habituelle et grâce actuelle.

Comme la philosophie élabore les données de la foi rationnelle, la théologie doit être fldes </" intellectum. Les deux sont absolument indépendantes. Kuhn rejette formellement dans sa controverse avec. Clemens la formule scolastique : philo, theologiæ. On suppose que c’était pour sai l’indépendance de la philosophie et de la, scient e, qu’il s’était prononcé contre le projet d’une université catholique allemande.

Kuhn ne croyait pas aller contre la direction traditionnelle de l’Église ; il connaissait mieux les Pères grecs et saint Augustin que la scolastique ; il voulail se ranger à leur conception platonicienne du dogme, et ne pensait combattre que la conception ; tctéli