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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.2.djvu/528

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LALLOUETTE — LA LUZERNE


Antoinette de Gondy, supérieure générale de la congrégation du Calvaire, in-12, Paris, 1717. — Abrégé de la vie du cardinal Le Camus, év’que et prince de Grenoble avec l’extrait de ses ordonnances synodales, sa lettre aux curés pour l’instruction des Nouveaux Réunis et son mandement pour le Jubilé, in-8°, Paris, 1720. (Mémoires de Trévoux de décembre 1721, p. 2099-2103, et Journal des savants, du 3 février 1721, p. 68-74). L’auteur avait vécu dans l’intimité du prélat. Lelont", dans la Bibliothèque historique de la France, édit. Fevret de Fontette, in-fol., 1768, t. i, n° 10 579, dit que cet Abrégé fut publié dans un Recueil de pièces qui commence par une Dissertation sur la pauvreté religieuse. —

On a encore attribué à Lallouette des Pensées sur les spectacles, in-12, Paris, 1698.

Michaud, Biographie universelle, t. xxii, p. 638-639 ; Quérard, La France littéraire, t. iv, p. 465 ; Moréri, Le grand dictionnaire historique, édit. de Paris, 1759, t. xib, p. 96-97 ; Chaudon et Delandine, Dictionnaire historique, critique et bibliographique, t. ix, p. 459 ; Histoire de la vie et des ouvrages d’Ambroise Lallouette, chanoine de Sainte-Opportune à Paris, par le P. Nicéron, dans ses Mémoires, t. xxxix, p. 5-9 ; Mémoires historiques pour servir à l’histoire de l’Oratoire, par L. Batterel, publiés par les PP. Ingold et Bonnardet, in-8°, Paris, 1905, p. 541-549.

J. Carreyre.

LA LUZERNE (César-Guillaume cardinal de), naquit à Paris, le 17 juillet 1738, d’une des premières familles de Normandie. Doué des plus belles qualités de l’esprit et du cœur, il fit de brillantes études théologiques au séminaire Saint-Magloire, puis à la maison de Navarre. Sa carrière ecclésiastique s’annonçait comme devant être des plus fructueuses, lorsqu’elle fut interrompue par la Révolution. En 1762, il avait été nommé vicaire général de Narbonne et, en 1765, agent général du clergé. Louis XV lui donna, en 1770, la succession de M. de Montmorin sur le siège de Langres. Il fut appelé à prononcer YOraison funèbre de Charles-Emmanuel III, roi de Sardaigne, Paris, 1773, et, l’année suivante, l’Oraison funèbre de Louis XV, Paris, 1774. Avide de développer la vie religieuse dans son diocèse, il publia une Instruction sur le rituel de Langres, Besançon, 1786, et une Instruction pastorale sur l’excellence de la religion, Langres, 1786 ; 7e édit., Paris, 1824.

En 1788, son clergé le choisit pour le représenter aux États généraux : il prit une part active aux débats des États généraux et de la Constituante, qu’il présida fin août 1789. Pour contrebalancer l’influence du tiers état, qui avait obtenu une double représentation et le vote par tête, il tenta de faire accepter la formation de deux Chambres, l’une composée du clergé et de la noblesse, l’autre du tiers état ; son projet fut appuyé par Lally-Tollendal et Mounier, mais en somme rencontra peu de sympathies. Il ne fut’pas plus heureux dans la défense du projet d’emprunt sur les biens du clergé, pour prévenir la banqueroute de l’État sans aller jusqu’à la confiscation de ces biens. Ce fut également sans succès qu’il combattit la Déclaration des Droits, proposée par Lafayette : il y voyait un moyen de trouble et de révolte, le principe en était rejeté par la religion. Mirabeau le réfuta dans ses Trois lettres à ses commettants. Durant ces débats, La Luzerne s’était montré plus modéré, plus enclin aux réformes politiques, que la plupart de ses collègues de l’épiscopat. Mais, voyant que toute intervention serait inutile, il quitta l’Assemblée après les journées des 5 et 6 octobre 1789, et se retira dans son diocèse, à Clairvaux d’abord, puis à Langres. Il continua néanmoins à suivre de très près les événements et à diriger son clergé, avec une très grande sagesse. Après le vote de la Constitution civile du clergé, adhérant à l’Exposition des principes rédigée par M. de Boisgelin, il publia un Examen de V instruction de l’Assemblée nationale, sur l’organisa lion prétendue civile du clergé, Langres, 1791 ; une Instruction aux curés et aux autres prêtres de son diocèse qui n’ont pas prêté le serment, Langres, 1791, instruction qui fut adoptée par trente-trois évêques ; une Instruction pastorale sur le schisme de France, Langres, 1791. Dans ces ouvrages, il rejette le serment imposé par la loi du 26 décembre 1790, qui cherchait à faire sanctionner par le clergé le renversement de la hiérarchie ecclésiastique. Il sera moins strict vis-à-vis des autres serments, imposés au clergé insermenté, de 1792 à 1799 : il ne voit pas de raison valable pour refuser de prêter le serment de liberté-égalité (15-18 août 1792), le serment de soumission aux lois de la République (10 septembre 1795), de haine à la Royauté et de fidélité à la République (5 septembre 1797) : ce sont là questions de politique, où les principes relatifs à la constitution divine de l’Église ne sont pas engagés.

Les instructions relatives à l’attitude à prendre visà-vis de ces différents serments furent envoyées de l’exil. L’évêque de Langres, devant les discussions des partis, avait dû quitter son diocèse, pour se réfugier en Suisse, puis en Autriche et en Italie. A l’étranger, il n’oublia pas son diocèse, le dirigeant autant qu’il le pouvait, se montrant très charitable pour les prêtres émigrés, et pour les prisonniers français, malades du typhus à Venise. La fin de la période révolutionnaire ne le ramena pas en France : non pas qu’il fit opposition au concordat, comme les évêques réfugiés en Angleterre : il donna au souverain pontife la démission demandée, mais sa fidélité à l’ancien régime le retint en Italie jusqu’en 1814. Louis XVIII lui rendit son titre de duc et pair, lui obtint la dignité cardinalice en 1817, le choisit comme ministre, lui faisant ainsi prendre part aux négociations du concordat de 1817, et lui rendit son siège de Langres. Il mourut à Paris, le 27 juin 1821.

Ses œuvres sont très nombreuses : elles sont solides, brillantes ; de La Luzerne est un des meilleurs apologistes de l’Église au début du xixe siècle. Une édition incomplète de ses ouvrages a été publiée à Lyon et Paris, en 1847, en 10 vol. in-8°. Laissant de côté les ouvrages purement politiques, nous ne signalerons que ceux qui ont un intérêt religieux : Sermon sur les causes de l’incrédulité, prêché à Constance le jour de Pâques 1795, Constance, 1795, Paris, 1818 ; Considérations sur divers points de la morale chrétienne, 5 vol. Venise, 1799 ; Paris, 4 vol., 1829 ; Dissertations sur la vérité de la religion, sur les prophéties, sur l’existence et les attributs de Dieu, sur la spiritualité de l’âme et sur la liberté de l’homme, sur la loi naturelle et sur la révélation en général, 6 vol., Langres, 1802-1810 ; Explication des évangiles, 5 vol., Lyon, 1807 ; Considérations sur l’état ecclésiastique, 1810 ; Dissertations morales lues à Venise, à l’académie des Filaretti et dans l’athénée de cette ville, Paris, 1816 ; Dissertation sur les Églises catholique et protestante, Paris, 1816 ; Sur la déclaration de l’assemblée du clergé en France en 1682, Paris, 1821.

Ouvrages posthumes : Dissertation sur le prêt de commerce, Dijon, 1823, contre lequel Bonyon écrivit une Réfutation…, Clermont, 1824, et un Examen…, Clermont, 1826. Dissertation sur les droits et devoirs respectifs des évêques et des curés dans l’Église, éditée par Migne, 1844.

Cortois de Pressigny, archevêque de Besançon, Éloge de M. le cardinal de La Luzerne, prononcé ii la Chambre des Pairs, Moniteur du 26 juillet 1821 ; Notice sur M. de La Luzerne, dans l’Ami de la religion et du roi, t. xxviii, p. 225233 ; Mahul, Annuaire nécrologique, 1821, p. 239 ; Michaud, Biographie universelle, 2e édit., t. xxii, p. 661-662 ; Hœfer, Nouvelle biographie générale, 1859, t. xxix, col. 38-42 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. v, p. 850-851 ; J. Charonnet, Mgr de La Luzerne et les serments pendant la Révolution, Paris, 1918. L. Marchal.