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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.2.djvu/617

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LATRAN (I «  « CONCILE ŒCUMÉNIQUE DU]

2643 LATRAN (Ile CONCILE ŒCUM. DU) — LATRAN (Ilie CONC. ŒCUM. DU) 2644

egitimarum damnant fœ— ecclésiastiques et l’union des

dera nuptiarum, tanquam noces légitimes, nous les

hæreticos, ab Ecclesia Dei chassons, comme hérétiques,

pellimus et damnamus et per de l’Église de Dieu, nous les

potestates exteras coerceri condamnons et nous ordon præcipimus. Defensores quo— nons qu’ils soient châtiés par

queipsorumejusdem damna— le pouvoir séculier. Nous en tionis vinculo innodamus. chaînons leurs défenseurs

Denzinger-Bannwart, n. 367. par le lien de la même condamnation.

D’après Denzinger, à la suite de nombreux historiens, ce canon serait contre Pierre de Bruys et Arnaud de Brescia. C’est fort improbable, surtout en ce qui regarde Arnaud. Voir 1. 1, col. 1974. Le canon 23 renouvelle ipsis terminis le canon 3 du concile de Toulouse (1119). Or ce concile n’avait visé ni Arnaud ni personnellement Pierre de Bruys. Il y avait dans la circulation générale, à la fin du xi° siècle et au commencement du xii c, diverses erreurs que les précurseurs du calharisme adoptèrent en tout ou en partie, en y ajoutant chacun du sien. Les conciles de Toulouse et du Latran condamnèrent quatre de ces doctrines les plus dangereuses. Les deux premières, le rejet de l’eucharistie et du baptême des enfants, furent professées par Pierre de Bruys ; la troisième, le rejet du sacerdoce et des saints ordres, ne le fut pas sous cette forme brutale, et la quatrième, le rejet du mariage, ne le fut pas du tout. Voir t. ii, col. 1151-1156. Henri, qui fut condamné au concile de Pise (1135), et qui subit l’influence de Pierre de Bruys et accentua son antisacerdotalisme et son antisacramentalisme, ne semble pas avoir condamné expressément le mariage ; il n’est donc pas sûr non plus que le canon 23 l’atteigne directement. L’appel au bras séculier contre les hérétiques contenu dans ce canon prélude à la législation inquisitoriale.

2. Le plus fameux des canons disciplinaires de notre concile est, sans conteste, le 15e qui a constitué, pour les clercs, le « privilège du canon ». Voir t. vti, col. 1221. Le concile a— t-il promulgué aussi une ordonnance attribuant l’élection du pape aux cardinaux seuls, à l’exclusion de reliquus clerus et populus auxquels une certaine part était faite encore par le décret de Nicolas II ? On l’a prétendu, mais sans preuve suffisante. Cf. H. Grauert, Ein angebliches Papstwahlgesetz von 1130, dans l’Historisches Jahrbuch, Munster, 1880, t.i, p. 595.

3. En matière directement temporelle, le concile a édicté de remarquables décrets contre les violateurs de la trêve de Dieu (11-12), l’usure (13), les tournois (14, 29), les incendiaires (18-20).

Le IIe concile œcuménique du Latran avait été un triomphe pour Innocent IL Ses décrets furent divulgués dans les royaumes. Sed nihil, ut manifeste palet, oppressis et opem desideraniibus profuerunt, dit Ordéric Vital, Hist. eccl., p. III, t. III, c. xx, P. L., t. clxxxviii, col. 971 ; il attribue leur inefficacité à la malice universelle. La rigueur extrême d’Innocent II put également amoindrir l’influence du concile, et plus encore son échec humiliant dans la lutte engagée contre Roger, roi de Sicile, au lendemain des réunions conciliaires et, enfin (1142), la révolte et le retour aux formes républicaines de son peuple de Rome. Est-ce à dire que l’œuvre du concile fut vaine ? Non. lui le prétendant, le bon moine Ordéric Vital succombe à un de ces accès de pessimisme que produit souvent, chez les meilleurs, le spectacle du mal et qui font que, tout le long de l’histoire, nous entendons des écrivains affirmer que nul temps ne fut aussi méchant que le leur. Le II" concile œcuménique du Latran n’a pas empêché tous les abus ; il a été pour quelque chose dans la grandeur

« lu ir siècle.

I. Sources.

1° Les lettres d’Innocent II, P. L., t. clxxix. — 2° Les canons du concile. Rien sur ce concile, comme sur le I" du Latran, dans le recueil de Merlin (1521),

dans les premières éditions deCrabbe(1538)et de Binius ; ce dernier dit, Concilia, Cologne, 1606, t. m b, p. 1324 : Acla concilii non exlant. En cette même année 1606, Baronius, Annal., Rome, t. xii, p. 175-177, publia les canons du concile d’après deux mss de la Vaticane. Ils reparurent dans les Concil. gênerai. Ecclesiæ catholicæ publiés par ordre de Paul V, Rome, 1612, t. iv, et, dans l’édition de 1628, t. iv, p. 21-23, puis dans toutes les collections des conciles. Dans Mansi, Concil., Venise, 1776, t. xxi, col. 526-533. — 3° Auteurs contemporains ou anciens. Le seul qui ait été au concile fut Pierre, abbé des monastères de Saint-André et de Saint-Grégoire, au Coelius, lequel y déposa une plainte relative à ses domaines : l’acte où il raconte cette affaire est dans Mansi, t. xxi, col. 541-546. La lettre ccxiii de saint Bernard, P. L., t. CLxxii, col. 378, se rapporte au concile ou à ses suites. Le récit du Chronicon Mauriniacense, t. III, P. L., t. clxxx, col. 167-169, est évidemment dramatisé. Voir encore Falco de Bénévent, Chronicon, P. L., t. cLxxiii, col. 1249, et, sur la malheureuse campagne contre Roger de Sicile, 1250-1262 ; Ordiric Vital, Hist. eccl., part. III, t. III, c. xx, P. L., t. CLXxxviii, col. 973-974 ; Otton de Freising, Chronic, 1. VIL c. xxni, dans Monum. Germ. hist.. Script., t. xx, p. 261. Cf. Jafîé, Renesta pont, roman., 2e édit., Leipzig, 1885, t. ii, p. 885-886.

IL Travaux. — Parmi les anciens historiens, Baronius, Annal, eccl., an. 1139, n. 4-9 ; Pagi, Critica Baronii, an. 1139, n. 4-13 ; N’ocl Alexandre, Hist. eccl., édit. Roncaglia-Mansi, Venise, 1778, t. vii, p. 312-320. Parmi les récents, Tizzani, 1 concilii I.ateranesi, Rome, 1878 ; Hefele-Leclercq, Histoire des conciles, Paris, 1912, t. v a, p. 721-738 ; E. Vacandard, Vie de saint Bernard, Paris, 1895, t. ii, p. 55-59 ; L. Saltet, Les réordinalions, Paris, 1907, p. 276-281 (les discussions à Rome sous Innocent II), 281-283 (un faux du parti de l’antipape Anaclet). En outre, la bibliographie donnée t. iiv col. 1961.

F. Vernet.

3. LATRAN (IIIe concile œcuménique

du), en mars 1179. — I. Histoire, IL Liste des canons. III. Œuvre du concile.

I. Histoire.

Le 21 septembre 1178, Alexandre III écrivait à l’archevêque de Pise et à tous les évêques et abbés de la Toscane, les convoquant à Rome le premier dimanche du carême de l’année suivante, afin de prendre part à un concile général tam ad emendanda quæ digna emendatione videntur quam ad promulganda quæ saluti fidelium visa fucrint expedire. Si le pape se décidait à réunir un concile œcuménique, c’était, disait-il, parce que les mesures prises dans un concile particulier auraient moins de poids : quod si particulariter fieret non facile posset plénum robur habere. P. L., t. ce, col. 1184. Le même jour, la même lettre était adressée, d’une part, aux archevêques, évêques et abbés de la Hongrie, et, d’autre part, à l’archevêque de Bourges, à ses suffragants et aux abbés de leurs diocèses. P. L., t. ce, col. 1185. Les convocations se firent lotofere anno per totum romanum imperium, dit le chroniqueur de Reichersberg, dans Monum. Germ. hist., Scriptores, t. xvii, p. 480. En Orient, elles arrivèrent avant Pâques de l’année 1178. Guillaume de Tyr, Hist. rerum transmarin., t. XXI, c. xxvi, P. L., t. cci, col. 841-842, dit, en effet, qu’en 1178, au mois d’octobre, il se rendit au concile, en compagnie de l’archevêque de Césarée, des évêques de Bethléem, de Sébaste, de Saint-Jean d’Acre et de Tripoli, du prieur de l’église du Saint-Sépulcre et de l’abbé de l’église du Mont Sion. Il ajoute que l’indiction du concile avait eu lieu l’année précédente, et, ayant raconté un fait d’armes du roi Baudoin accompli le 18 février, il termine de la sorte : Per idem tempus, Romæ, celebrata est synodus, in basilica Constantiniana quæ dieitur Latcranensis. Irecentorum episepporum, pontificatus domini Alexandri anno viccsiino, mense martio, indictione XII, quinta die mensis. Ici Guillaume de Tyr commence l’année à Pâques. La suite chronologique de son récii est donc la suivante : Guillaume se mil en route, en octobre 1178, pour le concile auquel il avait été appelé l’année précé dente (c’est-à-dire avant PAques de 1178, nouveau