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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.2.djvu/634

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LATRAN (Ve CONCILE ŒCUMÉNIQUE DU]


sible à l’Église et serait condamnée à la session suivante. Labbe, col. 98-100. La maladie, qui empêcha le pape d’assister à la ve session, puis sa mort ne lui permirent pas d’aller plus avant.

D’un tempérament conciliateur éloigné de la fougue de Jules II, Léon X résolut de gagner Louis XII par la douceur et la patience. Il commença par proroger la vie session. Quand elle se tint, il ne répondit pas à la demande de procéder contre les défaillants ; c’était marquer son dessein de temporiser ou, selon la formule de la viie session, de procéder mature et humaniter. Labbe, col. 162. A la viie session, il accorda un saufconduit à tous ceux, prsesertim gallicie nationis. qui devaient venir au concile, ceux-là. seuls étant dispensés qui l’étaient de droit. Il y manifestait l’intention de conduire le concile usque ad jierfectionem causarum propter quas indictum fuit, et surtout à l’établissement de la paix entre les princes chrétiens, afin que, ayant accompli tout ce qui regardait la gloire de Dieu, l’exaltation de l’Église et la concorde des fidèles du Christ, la croisade nécessaire pût triompher. Labbe, col. 139-140. Aucune allusion directe à la Pragmatique. Ce n’est pas qu’il s’en désintéressât : à preuve le fait que, après la vie session, trois commissions furent nommées pour préparer l’œuvre des sessions solennelles et que la me session devait s’occuper de la Pragmatique et des choses de la foi. Labbe, col. 143-144. L’action du pape fut surtout extraconciliaire. Un premier résultat couronna son effort, à la viie session. Les cardinaux Carvajal et Sanseverino abjurèrent le schisme. Léon X, fidèle à ses principes de bienveillance, contre le sentiment des ambassadeurs de l’empereur et du roi d’Espagne, leur rendit les dignités perdues et leur ancien rang dans le sacré collège : il leur imposait pour pénitence un jour de jeune par mois, pendant toute leur vie, et, en cas d’impossibilité, la visite de deux églises. Labbe, col. 160-161 ; cf. Raynaldi, Annal., an. 1513, n. 44-50. Zaccaria Ferreri obtint de même un large pardon, ibid., n. 51-52, et d’autres à sa suite. Cf. Hefele-Llergenrôther-L.eclercq, Histoire des conciles, t.vm a, p. 444-445. A la viie session encore, Léon X prorogea le terme de la citation faite aux défenseurs de la Pragmatique, en considération des empêchements que faisaient valoir les Français, ut omnis justee excusationis et querelle materia eis auferatur, etiam ut majorem noslram et prsefati concilii erga eos benignitatem sentiant, ce qui déplut à l’archevêque de Trani. Labbe, col. 162, 164. Louis XII était difficile à convaincre ; il répugnait à demander l’absolution des censures et, par là, à s’avouer coupable. Finalement il consentit à reconnaître le concile de Latran, non sans avoir obtenu du pape la déclaration que la’sentence de Jules II contre le concile de Pise ne l’atteignait pas, mais qu’il était absous ad cautelam. Cf. Hefele-Hergenrother-Leclercq, t. viii a, p. 409, 411.

A la viii « session, la France participa officiellement au concile. On chanta un Te Deum d’actions de’grâces. Ce n’était qu’une demi-victoire. Louis XII consentait bien à lâcher le conciliabule de Pise, il n’abandonnait pas la Pragmatique. Elle est à lire la lettre dans laquelle, tout en adhérant à Léon X, il se donnait le beau rôle et critiquait Jules II : Jules, cédant aux suggestions des adversaires et des envieux du roi, était devenu son ennemi ; devant l’impétuosité et la colère du pontife le roi avait usé de patience ; il avait adhéré au concile de Pise contre la personne de Jules non contre le Saint-Siège ; Léon X l’avait paternellement averti de se retirer d’un concile minus legilimum, et le roi s’était rendu à l’autorité du souverain pontife, surtout d’un pontife recommandable par l’innocence et la pureté de vie, d’autant que, avec la mort de Jules II, était éteinte toute cause de haine et de soupçon. Labbe, col. 177-180. L’entente sur la Pragmatique ne progressa

guère. Du 19 décembre 1513, date de la viii « session, au 19 décembre 1516, date de la XI e, il n’y eut que deux sessions, constamment prorogées, sans qu’on vît les prélats français paraître au concile ad ibidem super facto Pragmaticte sanctionis respondendum. Labbe, col. 181.

La longanimité de Léon X aurait-elle triomphé à la longue de Louis XIIV Ce n’est pas sûr. François I er, roi depuis le 1 er janvier 1515, n’avait pas de raisons personnelles de tenir à la Pragmatique. Son amourpropre ] n’était pas en jeu ; par ailleurs, il comprit que jamais le pape ne l’accepterait. Il décida d’y renoncer, mais au prix des concessions les plus larges possibles. Les événements le servirent à merveille. Vainqueur, à Marignan (15 septembre 1515), d’une ligue antifrançaise où Léon X était entré avec l’empereur, le roi d’Espagne et le duc de Milan, au lieu de poursuivre le pape dans ses États, il accueillit ses ouvertures de paix. Une entrevue entre Léon X et François I er eut lieu à Bologne (11 décembre). Le roi demanda au pape de ne pas poursuivre les partisans de la Pragmatique. Le pape proposa un traité, un concordat, pour régler les aflaiies pendantes. C’avait été précisément la pensée de François I er. Son chancelier, Antoine du Prat, « un des hommes les plus considérables de l’ancienne France, dit G. Hanotaux, Recueil des instructions des ambassadeurs de la France à Borne, Paris, 1888, t. i, p. lvi, et peut-être, si l’on excepte Richelieu, le ministre qui a exercé sur les destinées de notre pays la plus haute influence », et les cardinaux désignés par Léon X, préparèrent le concordat. François I er fit toutes les concessions de forme, mais ne se relâcha pas sur le fond ; surtout il maintint pour le roi la nomination aux bénéfices majeurs, dont le pape aurait l’institution canonique. Après de longs débats, le texte définitif du concordat fut accepté par François I er. Léon X le confirma par la bulle du 18 août 1516. Il le’( fit lire, le 15 décembre, dans une congrégation générale du concile : l’archevêque de Trani, favorable au concile de Râle et à la Pragmatique, cf. Labbe, col. 314, déclara que bien des choses lui déplaisaient dans cette pièce, mais que, puisque le pape jam fecerat et dederat bullam et se obli gaverai in vim contractus facere approbari per concilium, il ne voulait pas dévier de la volonté du pape ; l’évêque de Tortona dit quatenus tribuunt jurisdictionem laicis contra ecclesiasticos non placere. Labbe, col. 282. Le 19 décembre, à la xie session, le concile approuva le concordat.

Les divers actes par lesquels Léon X imposa cette doctrine sont fort remarquables. D’abord, le pape fit lire, à la xi f session, la bulle Primiliva Ma Ecclesia, du 18 août, par laquelle il avait confirmé le concordat : mais il observa qu’elle avait plenam roboris firmitatem du tait qu’elle émanait du Siège apostolique, et que, en la renouvelant avec l’approbation du concile, il entendait seulement lui donner plus d’éclat, ut eo firmius illibata perdurent quo sœpius erunt noslra auctoritate ac etiam generalis concilii præsidio communita. Labbe, col. 292. Puis il abrogeait la Pragmatique, déjà nulle par elle-même et à cause des condamnations antérieures, par la constitution Pastor œternus dans laquelle il indiquait les raisons qui rendaient la Pragmatique intolérable, rappelait les condamnations qu’il avait portées contre elle, et disait :

Nec illud nos movere débet

quod sanctio ipsa et in eo

contenta in Basileensi conci lio édita… fuerunt…, cum ea

omnin, post translationem

ejusdem Basileensis concilii,

a Basileensi conciliabulo fac ta extiterint, ac propterea

nullum robur habere potu Et nous ne devons pas être

ébranlés par le fait que la

Pragmatique et ce qu’elle

contient ont été publiés au

concile de Bâle ; car tout cela

a été fait, après la transla tion du concile de Bâle, par

le conciliabule de Bêle, et,

par conséquent, n’a pu avoir