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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.2.djvu/83

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JOURDAIN D’EBERSTEIN — JOURDAIN FRANÇOIS

ces différents traités de mathématiques, connue maître ès-arts, et le témoignage de Trêvet n’est pas sans valeur.

Après son entité dans l’Ordre, Jourdain eut, comme bachelier en théologie, à commenter les sentences et la Bible.

Il aurait écrit des postules sur l’Apocalypse et saint Luc. A-t-il réellement écrit un Commentaire des Sentences ? Ce n’est point sûr. non plus. Il eut une part importante dans la diffusion de la dévotion à la sainte Vierge, par se ? opuscules : Corona B. Virginis, et Oraiio ad eamdem Yirginem. Il est certain aussi qu’il prêcha beaucoup. Un grand nombre de mss. que nous avons examinés, contiennent des sermons de Jourdain de Saxe ; mais pour déterminer avec précision ce qui est l’œuvre du frère prêcheur, il faudrait étudier simultanément ses sermons et ceux d’un autre Jourdain de Saxe, dit aussi de Quedlinbourg, augustin du xive siècle.

Bayonne, Lettres du B..Jourdain de Saxe, 1865, rééditées par le P. Herthier ; L T. Chevalier, Bépertoire des sources historiques du moyen âge, bio-bibliographie, 1907, t. ii p. 2649 ; Déni ne, Historisches Jahrbuch, t.x, 1889, p. 104-106 ; Duliem, Études sur Léonard de Vinci, passini ; Féret, La l r aculté de Théologie de Paris, 1. 1, p. 333 ; Mortier, Histoire générale des Frères Prêcheurs, 1903, 1. 1, p. 137-253 ; Quétif-Echard, Scriptores Ordinis Prædicatorum, t. i, p. 98 sq. ; Taurisano, Hierarchia ordinis I’nvdicatorum, 1916, p. 4. On trouvera dans ces différents ouvrages une abondante bibliographie relative : ’i Jourdain de Saxe.

G. Tiiérv.

2. JOURDAIN D’OSNABRUCK († vers 1288), théologien défenseur de l’impérialisme allemand au xine siècle. — Sa vie est à peine connue. On le trouve comme chanoine de la cathédrale d’Osnabriick de 1251 à 1283 et les textes lui donnent parfois le nom de magister ou de scholasticus ; le nécrologe du chapitre fixe sa mort à un 15 avril, probablement de l’an 1288.

L’œuvre principale qui porte son nom est un petit traité De prærogaliva romani Imperii, plusieurs fois imprimé dès la fin du xve siècle et reproduit encore dans Goldast, Monarchia, Francfort, 1668, t. ii p. 1 162-1 176, réédité par G. Waitz, Gœttingue, 1868. Mais cet opuscule soulève un très gros problème littéraire qui a largement défrayé l’érudition allemande au xix siècle. Il se "présente, en effet, avec un double prologue suivi de onze petits chapitres. Or l’auteur du deuxième prologue y parle de Jourdain comme d’un i très savant et vénérable maître » et déclare ajouter au traité de celui-ci une composition de son cru, qu’il envoie simultanément à un grand dignitaire de la cour romaine. Il y a évidemment dans le texte reçu un amalgame de deux ouvrages, dus à deux mains différentes, qu’il s’agit de départir. Un ms. du xive siècle, conservé à la bibliothèque impériale de Vienne, Lai. ô’Jt, a mis sur la voie de la solution. L’ouvrage total y est attribué à Alexandre de Hoes, chanoine de Sainte-Marie duCapitole à Cologne, qui l’offrit en hommage au cardinal Jacques Colonna. A quoi il faut ajouter qu’un autre ms. de Vienne, qui remonte au xv c siècle, Lai. 4143, porte à la fin du c. i cette mention : Fxplieil tractaliis magistri Jordani. lui combinant ces deux données on est arrivé a cette conclusion que l’ouvrage authentique de Jourdain comprend seulement le premier chapitre, Waitz, p. 43-52, écrit au cours du grand interrègne (1256-1273). Le reste, soit la prélace, Waitz, p. 39-42, et les dix derniers chapitres, Waitz, p. 52-90, est l’œuvre d’Alexandre, personnage dont on ne sait rien par ailleurs.

Cette dernière porte en elle-même sa date par les .illusions que l’auleur y fait à la mort du pape Nicolas III (22 avril 1280) et au conclave qui aboutit à l’élection de son successeur Martin IV (mars 1281). Celui ci étant français, on conçoit qu’un clerc alle mand ait jugé à propos de plaider la cause de l’Empire et qu’il se soit adressé pour cela au cardinal Jacques Colonna, bien connu pour ses tendances germanophiles, en lui envoyant l’opuscule du chanoine Jourdain accompagné de ses propres considérations sur le même sujet.

I.es deux ouvrages ont pour but commun de justifier l’Empire allemand au nom du droit divin. Jourdain assure que la Providence a destiné aux Romains le Sacerdoce et aux Germains l’Empire. Bien avant Dante, il montre celui-ci consacré par l’autorité même du Christ, qui s’est soumis à ses lois et en a fait le rempart de son Église. Il conclut à la nécessité et à la solidarité de ces deux potestates principales per quas Deus diserrnil et distribua jura humano generi. Waitz, p. 46,

Alexandre appuie cette même thèse sur une histoire des plus fantaisistes. Il invoque l’origine des Germains, qui descendaient des Troyens par Priam le jeune, et les services que l’Église a reçus de leurs princes depuis Charlemagne. A ces titres historiques se joint la tradition religieuse, puisque l’Allemagne conserve encore le bâton pastoral que saint Pierre envoya pour rendre la vie à saint Materne : symbole de la puissance temporelle que Dieu réservait aux fils de la Germanie. D’après le plan providentiel tel que le conçoit Alexandre, aux Romains revient le sacerdoce à cause de leur foi, aux Français la science à cause de la pénétration de leur esprit, aux Germains l’autorité impériale à cause de leurs aptitudes militaires. Au total, l’Empire serait d’institution divine, rcgnum Dei, comme l’Église romaine elle-même est YEcelesia Dei. Waitz, p. 83. C’est pourquoi il ne saurait rien y avoir de plus funeste que leur séparation, ni rien de plus bienfaisant que leur alliance.

II existe du même Alexandre une Xotitia sieculi, coup d’reil sur la situation du monde en 1288, et un petit poème intitulé Pava, où*, sous l’allégorie d’une assemblée d’oiseaux, l’auteur satirise le concile œcuménique de Lyon (1245). Dans l’un et l’autre on a relevé les traces de semblables conceptions.

Jourdain d’Osnabriick et Alexandre de Roes sont les plus anciens témoins de cette curieuse tendance politico-théologiquc qui, dès le xiu siècle, allait à mettre l’Eglise au service du nationalisme allemand et à fonder les prétentions de celui-ci sur les principes mêmes de la foi.

lie pruerogativa romani Imperii, édition critique par G. Waitz, dans Abhandlungen der kaiseriiehen Gesellscha/t von Wissenscha/ten su (lôttingen, Historiseli-philologische Klasse, t. xiv, 1868, p. 3-93. — Sur le problème littéraire on trouvera le dernier élat de la question dans W. Schraub, Jordan von Osnabrùck und Alexander von Roes, Ileidelberg, 1910, dont les conclusions sont résumées et adoptées par R. Scholz, art. Jordan v. Osnabrùck, dans Bealencyclopàdie, Supplément, t. XXIII, Leipzig, 1913, p. 698-700. — Poulies doctrines, voir J. Rivière, Le problème de l’Église et de l’État « n temps de. Philippe le Bel, l.ouvain, 1925. — Sur la Noltcia sæculi, H. Grauert, Jourdain d’Osnabriick et la Noticia sæculi, dans Mélanges Paul Fabre, Paris, 1902.

J. Rivière.

3. JOURDAIN (ou JOURDAN). François, né a Angers, fut docteur de Sorbonne et professeur d’hébreu à la faculté de Paris : il mourut en cette ville l’an 1599 et fut inhumé dans l’église des Minimes.

On a de lui : Fr. Jordani, theologi parisiensis ad Lamb. Danæum sabellianismo doctrinam de sancta Trinitate inficientem responsio, cum præfatione G. Genebrardi, in-8°, Paris, 1581. — Le théologien protestant Lambert Daneau († 1595) dont il est question ici, a écrit bon nombre d’opuscules dont l’un a pour titre : Responsio ad novas Genebrardi calumnias in orthodoxam Evangelicorum de S. Trinitate doctrinam,