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LÉON 1er. SAINT LÉON ÉVÊQUE DE HOME


efjecia. La religion divine étend sa souveraineté plus loin que ne lit jamais sa domination terrestre : is loin que ses victoires aient porté sur terre et sur mer son jus imperii, le monde que lui a soumis le labeur de la guerre est moindre que celui que lui a soumis la pax christiana. lbid. L’empire romain a été pour la Providence un instrument : Dieu a préparé l’empire de Rome, dont les frontières ont été portées si loin pour que l’ensemble de toutes les nations lût rapproché et unifié, pour que les royaumes fussent confédérés en un seul empire, et que la prédication pût atteindre plus vite les peuples assujettis à une seule cité. Ibid., 2. Quant les douze apôtres se furent distribué l’univers, Pierre, le premier d’eux tous, est envoyé à la capitale de l’empire romain, afin que la lumière de la vérité se répandît plus efficacement de la tête à tout le corps du monde. A Rome, en effet, ne se rencontrait-il pas des hommes de toutes les nations ? Et quelle nation pourrait ignorer ce que Rome aurait appris ? Ibid., 3. A Rome donc tu ne crains pas de venir, et, pendant que l’apôtre qui partagera ta gloire, Paul, est encore occupé à établir d’autres Églises, tu affronteras cette forêt pleine de bêtes frémissantes, cet océan aux profondeurs agitées. Ibid., 4. Ton bienheureux collègue Paul te rejoint. C’est le temps où, sous Néron, toute innocence, toute pudeur, toute liberté devient un crime : Néron déchaîne la première persécution générale du nom chrétien. Mais l'Église n’est jamais appauvrie par la persécution. Pierre et Paul peuvent être mis à mort, la fécondité de leur sang sera attestée par des milliers de martyrs, qui, émules des triomphes apostoliques, ont fait à notre cité un ambitus de peuples couverts de pourpre éclatante, et l’ont couronnée comme d’un diadème de gemmes sans nombre. Ibid., 6. Quel sentiment de la grandeur historique de Rome et de la dignité que les apôtres y ajoutent, Pierre surtout princeps apostolici ordinis !

Avant d'étudier l’action ad extra de l'évêque de Rome, arrêtons-nous à recueillir ce que saint Léon nous apprend de son ministère immédiat.

2° Le ministère de l'évêque de Rome à Rome. — Nous avons déjà vu qu’il prêche. Il n’est pas le premier pape qui prêche, puisque saint Ambroise nous a conservé un sermon de Noël du pape Libère, De virginibus, m, 1-3. Mais il est le premier pape dont nous ayons une collection compacte de sermons. A quelques exceptions près, Serm., lxxxiv, xci, xevi, ces sermons appartiennent aux dix premières années du pontificat, d’où l’on conjecture que Léon dans les dix dernières années est très rarement monté à l’ambon. Cette conjecture, pour être du prudent Bardenhewer, p. 621, paraîtra au moins risquée. De toute façon est infirmée l’assertion de Sozomène, H. E., vii, 19, que personne ne prêchait à Rome.

Dans une fête comme celle de l’Epiphanie, nous entendons Léon dire à ses auditeurs : Quia in sacratissimo die reddendum exspectationi vestree est sacerdotalis sermonis officium… Serm., xxxviii, 1. Rapprocher lxii, 1. On conclura de là que le peuple s’attend à ce que l'évêque prêche, et que saint Léon estime que prêcher est pour lui un devoir. Nous avons de lui dix sermons pour les fêtes de Noël, huit pour l’Epiphanie, deux pour Pâques, deux pour l’Ascension, trois pour la Pentecôte, un pour le natale de saint Pierre, un pour le natale de saint Laurent.

Nous avons douze sermons De quadragesima, sermons sur le carême, prononcés à l’ouverture du carême Serm., xxxix, 3, et commentant le texte Ecce nunc tempus acceptum, ecce nunc dies salutis, II Cor., vi, 2, qui est lu à cette occasion. Serm., xl, 2 ; xlii, 1. Léon emploie à maintes reprises le mot quadragesima, il

i précise que la quadragesima compte quarante jours de jeûne préparatoires à la fête de Pâques. Serm., xlv, 1 ; cf. xli, 2. Il ne doute pas que ce jeûne de quarante jours ne soit une institution apostolique. Serm., xliv, 2. Le carême décrit par saint Léon infirme l’assertion de Socrate, II. E., v, 22, que de son temps le carême à Rome se limitait aux trois semaines avant Pâques. Cf. Duchesne, Origines du culte chrétien, 2e édition, p. 232.

Le précepte du carême intéresse tout le peuple chrétien, soit le peuple exercé au combat évangélique et qui parcourt sans défaillance le stade spirituel, soit le peuple qui, conscient de péchés mortels, aspire au secours de la réconciliation, soit le peuple qui se prépare à la régénération baptismale. Serm., xlv, 1 ; xlix, 3. Pour célébrer dignement la fête de Pâques, tous doivent se purifier, et non pas seulement les évêques, les prêtres, les diacres, mais bien le corps entier de l'Église et tout ce qu’il compte de fidèles. Serm., xlvIii, 1. Léon se sert d’une comparaison : Si, dit-il, nous estimons raisonnable et en quelque sorte religieux de nous vêtir, un jour de fête, de vêtements plus propres, si, à pareils jours, nous nous appliquons à mieux orner nos églises, ne mettrons-nous pas le même soin à préparer notre âme à célébrer le mystère pascal de la Rédemption ? Serm., xli, 1. Aux jeûnes joignons les aumônes : les péchés, qui sont lavés par les eaux du baptême et par les larmes de la pénitence, sont effacés aussi par les aumônes. Serm., xlix, 6. Que les fidèles se défient de l’ennemi de leur salut, plus animé à leur perte, en ce saint temps où tant d'âmes vont par le baptême lui être arrachées. Serm., xl, 2, allusion au baptême solennel partout célébré le samedi saint. Que le jeûne, l’aumône, la vigilance, n’aillent pas sans l’extinction de la colère, de la haine, et que la paix s'établisse à tous les foyers : Dominorum atque servorum tam ordinati sint mores, ut et illorum potestas milior, et islorum sit disciplina devotior. Serm., xl, 5. Observation qui va loin dans l’intime de cette société chrétienne, où il y a toujours des maîtres et des esclaves. Léon en prend occasion de donner en exemple « la sainte coutume établie depuis longtemps par les très pieux empereurs du monde romain, qui, en l’honneur de la passion du Seigneur et de sa résurrection, abaissent la hauteur de leur puissance, et, adoucissant la sévérité de leurs constitutions, relâchent nombre de coupables, muliarum culparum reos faciunt relaxari. » Que les chrétiens imitent leurs princes. Que les maîtres pardonnent à leurs esclaves : Remittantur culpse, vincula soluantur. Que Pâques trouve tous pardonnes, tous en liesse, ibid.

Un sermon, donné comme ayant été prononcé le samedi avant le second dimanche de carême, Serm., li, commente le récit de la transfiguration.

Nous avons à la suite dix-neuf sermons De passione Domini. Sauf cinq qui ne sont pas assignés à un jour déterminé, Serm., lx, lxi, lxvi, lxix, lxx, ces sermons vont deux par deux, le premier prononcé le dimanche (des Rameaux), le second prononcé le mercredi (saint). Ce dimanche, on lit la passion du Sauveur, et on la relit le mercredi : Lectio dominicæ passionis iterabitur (quarla feria), dit Léon, Serm., liv, 5. A maintes reprises il mentionne la lecture que l’on vient de faire de la passion dans l'Évangile. Serm., lxx, 1. Cf. lii, 1 : lxvi, 1 ; Lxvii, 1 ; lxix, 2. Ces divers sermons sont des commentaires du récit de la passion.

Des deux sermons de Pâques, le premier, Serm., lxxi, est prononcé au cours de la vigile du samedi saint, le second, Serm., lxxii, se rattache à la messe du jour de Pâques. Ce second sermon présuppose la lecture du récit évangélique de la résurrection : Totum paschale sacramentum evangelica nobis narralio prsesentavit, dit Léon en commençant. Dans le second