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LÉON I « . SAINT LÉON ÉVÈQUE DE ROME


Rave. me, et elle est tempérée dans la pratique par beaucoup d’indulgence, comm2 aussi par la difficulté de sévir.

Une lettre du 21 octobre 447 à tous les évêques de Sicile, Jalîé, n. 414, nous apprend que, par de sûrs rapports, sans doute au concile du natale, le pape a connu qu’en Sicile on administre le baptême à l’Epiphanie plus qu’à Pâques. Les évêques actuels ou leurs prédécesseurs ne seraient pas tombés dans cette erreur, s’ils s’étaient conformés en tout à la loi de l’Église romaine où ils ont reçu l’ordination épiscopale. Cette fois, Léon usera d’indulgence, mais si quelqu’un croyait désormais pouvoir négliger en quoi que ce fût les apostolicas régulas, une sanction devrait être prononcée. Deux évêques, Baccillus et Paschasinus, portent en Sicile la présente lettre : ils auront à faire un rapport au pape sur la révérence avec laquelle leurs collègues observent les apostolicæ Sedis instituta.

A la même date, 21 octobre 447, autre lettre à tous les évêques de Sicile, Jafîé, n. 415, pour leur notifier que l’on a accueilli au concile du natale la plainte du clergé de Tauroménium, accusant son évêque d’avoir dissipé le patrimoine de l’Église. Pareille plainte du clergé de Palerme. Une ordonnance a été expédiée à Tauroménium et à Palerme, en vue de pourvoir aux intérêts des deux Églises dilapidées. Nous n’avons pas les deux ordonnances. Le pape en fait connaître le sens à tout l’épiscopat sicilien : aucun évêque ne peut disposer des biens de son Église, par donation, échange ou vente, sans le consentement de tout son clergé : les prêtres, diacres, ou clercs de quelque degré que ce soit, qui auront coopéré avec l’évêque au dommage de l’Église, s’exposeront à être déposés et excommuniés. Il faut que les donations faites à l’Église soient intangibles.

Les deux évêques de Tauroménium et de Palerme sont dénoncés à Rome par leur clergé respectif : la plainte est instruite à Rome, le pape ne craint pas d’imposer aux évêques le contrôle par tout leur clergé de la gestion du patrimoine de leur Église. Des sanctions sévères sont prévues, mais ici encore au futur. Rapprocher la lettre du 8 mars 448, à Dorus évêque de Bénévent, Jafîé, n. 417, que Léon rappelle au respect des auctoritates du Siège apostolique, c’est-à-dire à l’observation des lettres du pape. Dorus a été dénoncé à Rome par un prêtre de Bénévent. Rapprocher la lettre, 6 mars 459, aux évêques de Campanie, Samnium et Picénum, Jaffé, n. 545 : interdiction de baptiser au natale des martyrs, il faut baptiser soit la veille de Pâques, soit la veille de la Pentecôte, et tenir à la préparation catéchétique de rigueur. Les évêques qui contreviendront à la tradition apostolique s’exposeront à être déposés. La sanction est toujours au futur.

Le concile de Rome est saisi, le pape prononce, le pape menace : ses sufîragants lui sont assujettis de très court. Cependant la rigueur de ce régime se tempère de beaucoup de respect et de charité. Pour le respect, nous l’avons noté dans les sermons prononcés par saint Léon à l’occasion de son natale. Pour la charité, nous en avons un indice dans la lettre qu’écrit au pape, en 443, un évêque sicilien, Paschasinus de Lilibée (Marsala). La Sicile a été envahie par les Vandales, en 440 : l’évêque de Lilibée y a perdu les biens de son Église et a été un temps en captivité. Le pape lui a envoyé des secours par le diacre Silanus de Palerme, ce qui permet de croire que l’évêque de Lilibée n’est pas le seul que Léon a secouru en Sicile. Paschasinus est un évêque dont le pape estime la science, il lui a écrit une lettre de consolation et du même coup l’a consulté sur la date de Pâques de 444. La réponse de Paschasinus en donnant au pape la solution qu’il a demandée, lui apporte la reconnaissance de l’évêque : « L’écrit de votre apostolat, dit-il, qui a porté conso lation et remède à ma nudité et aux misères que m’a values ma très amère captivité, a été pour mon esprit une rosée céleste et bienfaisante et a essuyé toute ma tristesse, seigneur vénérable pape. » Inter S. Léon. Epist., m.

L’évêque de Rome et V Italie non suburbicaire.


Le ressort du vicurius Ilalise comprend sept provinces : la Ligurie, l’Emilie, la Flaminie jointe au Picenum annonarium, la Vénétie et Istrie, les Alpes Cottiennes, les deux Rhéties. Milan était au temps de saint Ambroise la résidence de la cour impériale : l’évêque de Milan avait un ressort métropolitain qui coïncidait avec celui du vicarius Italix en résidence a Milan. Au début du ve siècle, Aquilée s’est soustraite à la primatie de Milan. Quand Ravenne est devenue résidence impériale, en 404, son évêque a travaillé à se faire une primatie : c’est chose acquise entre 425 et 431. L’Emilie prise au ressort de Milan, la Flaminie au ressort de Rome, forment le ressort de Ravenne ; mais il est réglé que l’évêque de Ravenne devra être ordonné à Rome et assister aux conciles romains comme les évêques suburbicaires. Siège apostolique, p. 157 et 178. F. Lanzoni, Le origini délie diocesi antiche d’Ilalia, 1923, p. 464-468.

Sur les rapports de Rome et de Milan, nous avons la lettre qu’adresse à saint Léon, en 451, Eusèbe évêque de Milan. Inter S. Léon. Epist., xcvn. Sur l’invitation du pape, un concile a été tenu à Milan (août ou septembre 451), qui réunit autour de l’évêque de Milan dix-huit évêques de son ressort métropolitain. Eusèbe dans sa lettre résume le concile. On a lu d’abord la lettre du pape qui le prescrivait. On a lu ensuite la lettre de Léon à Flavien, que le pape désire voir souscrire par les évêques. Ceux-ci condamnent aussitôt les impiétés d’Eutychès conformément à la sentence du pape dans sa lettre. La lettre d’Eusèbe est souscrite par les évêques présents ou représentés au concile. Elle témoigne de leur déférence et de leur admiration pour saint Léon. Mais il s’agit là de la foi catholique, et non de l’administration de leurs Églises.

Sur les rapports de Rome et d’Aquilée, nous avons connaissance d’une plainte adressée à Rome par Septimus, évêque d’Altinum : le pape remercie Septimus de la relatio. Jafîé, n. 399. En même temps, il écrit à l’évêque d’Aquilée, Jafîé, n. 398 : il lui reproche, sur la dénonciation de Septimus, d’avoir accueilli des prêtres, des diacres, des clercs de divers degrés, entachés de pélagianisme, sans leur demander rétractation de leur erreur. Le langage de saint Léon n’est pas indulgent : il parle d’évêques dont la vigilance sommeille : il parle de mépris de « l’autorité des canons et de nos décrets. » Il faut, et c’est un ordre, hac nostri auctoritate præcepti industriæ tuse fraternitatis indicimus, que l’évêque d’Aquilée convoque en concile les évêques de son ressort, et que les pélagiens si imprudemment accueillis soient mis en demeure de souscrire les décréta synodalia quæ ad excisionem hujus hæreseos aposlolicæ Sedis conflrmavit auctoritas. — Du 30 dé-’ecmbre 447, on a une lettre de Léon à l’évêque d’Aquilée Januarius, Jafîé, n. 416, en réponse à une lettre de Januarius : le pape le félicite de sa vigilance. Il lui con firme que les prêtres, diacres, sous-diacres, et clercs de n’importe quel degré, qui reviendront de quelque hérésie ou de quelque schisme, ne doivent pas être reçus dans la communion catholique sans avoir donné une juste preuve de leur conversion. Ils devront condamner leurs erreurs et les auteurs de ces erreurs. Ils devront n’espérer aucune promotion, heureux encore d’être reçus dans leur ordre. Encore faut-il qu’ils n’aient pas été rebaptisés, si tamen iterata tinctione non fuerint maculait. — Du 21 mars 458, on a une lettre de Léon à l’évêque d’Aquilée Nicétas, Jafîé, n. 536, en réponse à une consultation demandée par ledit