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LÉON 1er. LA POLITIQUE DE SAINT LÉON

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seul jour autorisé pour les ordinations, voir encore la lettre aux évêques de Viennoise, Epist., x, 6.

Qui voudra comprendre l’éminente dignité que saint Léon voit dans le sacerdoce n’aura qu’à relire sa lettre aux évêques de Campanie, Picénum, Toscane. Epist., iv. On a dénoncé au pape que des évêques ont reçu dans le clergé des sujets qui n’avaient ni naissance, ni dignité de mœurs, et qui étaient de condition servile : l’on a été jusqu’à les porter à l’épiscopat, tamquam seruilis vilitas hune honorem capiat. Saint Léon s’élève contre cet abus : Sacrum ministe.rium talis consorlii vilitate polluitur, écrit-il sévèrement. On ne peut recevoir des esclaves dans le clergé sans porter atteinte aux droits que leurs maîtres ont sur eux, à moins que leurs maîtres eux-mêmes n’y renoncent. En toute hypothèse, le ministère sacré doit être indépendant : Débet enim esse immunis ab aliis qui divinæ militiæ fuerit aggregandus, ut a castris dominicis quibus nomen ejus ascribitur nullis necessilatis vinculis abstrahatur. Ces décisions semblent manquer d’humilité, mais combien elles ont été favorables au recrutement de l’épiscopat d’Occident, et à son prestige !

Les diacres sont attachés au ministerium sacramentorum et à l’administration de l’ecclesiastica substantiel. Serm., lxxxv, 2. Le premier des diacres est archidiacre : il est préposé aux ecclesiastica negotia, dira saint Léon de l’archidiacre de Constantinople. Serm., cxii, 1.

Le sous-diaconat est qualifié par saint Léon de quatrième ordre. Le pape veut que les sous-diacres soient astreints à la continence, aussi bien que les diacres, les prêtres, les évêques. Donc aux sousdiacres le connubium carnale est interdit : s’ils ont une femme, ils feront comme s’ils n’en avaient pas, I Cor., vii, 29, et s’ils ne sont pas mariés, permaneant singulares, qu’ils restent célibataires. Et saint Léon ajoute : Quod si in hoc ordine, qui quartus a capite est, dignum est custodiri, quanto magis in primo, aut secundo, vel tertio servandum est ? Epist., xiv, 4, à l’évêque de Thessalonique.

Sur les fins dernières voir Serm., ix, 2, et encore Serm., xxxv, 4 : Non ita delinquentes peccata délectent, ut illos in suis actibus vitæ hujus finis inveniat : quoniam in inferno nulla est correctio, nec datur remedium satisfactionis ubi jam non superest actio voluntatis.

La politique de saint Léon.

Nous l’avons étudiée

au fur et à mesure des relations de saint Léon avec les diverses régions de l’Occident et avec l’Orient. Bonwetsch a pu dire : « La caractéristique de Léon est en ceci, que, théoriquement et pratiquement, il s’est appliqué à faire du siège de Pierre le fondement de l’Église. Non seulement, il a défendu le primat de l’évêque de Rome, comme déjà d’autres (papes) avant lui, et encore plus énergiquement qu’eux, mais il a entendu être l’évêque universel. » Art. cit. p. 373. Comparer les pages de l’Histoire de l’ancienne Église, 1913, du russe V. Bolotov, traduites par M. d’Herbigny, Theologica de Ecclesia, t. ii, 1921, p. 138-140 ; et celles de J. Langen, vieux catholique, Geschichte der rômischen Kirche, 1881-1893, t. ii, p. 108-112. Cette politique s’applique en tout à resserrer les liens qui rattachent les évêques au Siège apostolique, mais on doit lui rendre cette justice qu’elle a pour fin supérieure le bien de l’Église universelle.

L’expression universalis Ecclesia, qui revient si souvent sous la plume de saint Léon, est une expression qu’il est le premier pape à employer, avec cette insistance du moins. Il encourage Julien de Kos à lui écrire plus souvent, et il lui écrira de son côté prsesertim cum hoc, non pro amicitia lantum commun !, sed multo magis pro statu universalis Ecclesiæ facia mus. Epist., lxxxvi. Il rend grâces à Dieu que Pulchérie montre lantam universalis Ecclesiæ curam. Epist., xcv, 1. Il écrit à Marcien qu’il ne peut laisser enfreindre les canons édictés à Nicée ad totius Ecclesiæ regimen, et préférer par faiblesse un seul de ses collègues à l’universæ domus Domini communis utilitas. Epist., av, 3. Il a donné à Julien de Kos la mission de le représenter à Constantinople, d’y porter aux intérêts de la foi et de la discipline la sollicitude même du pape, sollicitudinem meam, et par d’opportunes suggestions d’insinuer quod universali Ecclesiæ prosit. Epist., cxii, 2. Il parle aux moines de Palestine de la sollicitude, que, dit-il, universalis Ecclesiæ omnibusque ejus filiis debeo. Epist., cxxiv, 1. Autant à l’évêque d’Antioche, Basile. Epist., cxiix., 1. Autant à l’évêque de Jérusalem, cl. Il presse Théodoret de se conserver dans la foi irréprochable qui est la sienne, pro universalis Ecclesiæ defensione. Epist., cxx, 5. Il ne sait comment rendre assez grâces à Dieu d’avoir en Marcien élevé un prince dont le piété apparaît evidenter ad universalis Ecclesiæ firmamentum a Domino præparata. Epist., cxvii. 1.

Léon se sent comptable à Dieu de la discipline de l’Église universelle. Cette discipline ne sera pas d’une rigueur aveugle, elle comportera des tempéraments dans ses sanctions. Voir sur cet équilibre une page très caractéristique de la prudence de saint Léon, dans sa lettre aux évêques de Mauritanie. Epist., xii, 5. Léon sait qu’il faut proportionner la peine au délit, au coupable, aux circonstances : Cogimur secundum Sedis apostolicæ pietatem ita nostram temperare sententiam, ut trutinalo pondère delictorum, quorum utique non una mensura est, quædam credamus utcumque toleranda, quædam vero penitus amputanda. Ibid. 15. Il écrira à Pulchérie au sujet d’Éutychès Sedis apostolicæ moderatio (l’action) hanc temperaniiam servat, ut et severius agat cum obduratis, et veniam cupiat præstare correctis. Epist., xxx. 1.

Mais la discipline s’impose : elle a pour règle les apostolica et canonica décréta. Saint Léon parle des beatorum patrum venerabiles sanctiones, et on notera avec les Ballerini qu’il désigne par là les canons de Nicée et aussi ceux de Sardique. Epist., xii, 4. Aux canons des Pères, c’est-à-dire des conciles, il joint les règles posées par le Siège apostolique, non præjudicantes apostolicæ Sedis statutis, nec beatorum patrum régulas resolventes. Ibid. 5. Ailleurs, aucioritatem canonum decretorumque nostrorum, Epist., i, 1, à l’évêque d’Aquilée. Rapprocher Epist, xiii, 3, aux métropolitains d’Illyricum. Comparer le langage de saint Léon sur sa sollicitude à procurer l’observation universelle de la même date pascale. Epist., cxxi, à Marcien ; cxxii, à Julien de Kos. Rapprocher cxxxiv, 3 et cxiii, 1, à Marcien. Le conformisme pascal est un des plus vieux sujets qui manifeste à Rome le sens de l’universel.

Les Ecclesiæ gubernacula ont été confiés par le Sauveur à saint Pierre, qui ne les a pas lâchés, Serm., in, 3, et qu’il tient présentement par les mains de Léon. Serm., ii, 2. L’empereur Marcien, en demandant à saint Léon d’assister au concile de Chalcédoine, n’a fait que rendre hommage au droit et à l’honneur du bienheureux apôtre Pierre, Pétri beaiissimi apostoli jure atque honore servato. Le pape n’ira pas au concile, mais ses légats y seront : Me synodo vestra fraternilas œstimet præsidere. Epist., xciii, 1. Saint Léon dit cela dans la lettre qu’il adresse au concile, il ne suppose pas qu’aucun évêque d’Orient conteste son droit de présider, et même de présider en la personne de ses légats.

Le siège de Rome est dans l’ordre des sièges, le premier. Le jugement prononcé contre Eutychès par le concile de Chalcédoine est un jugement pro nonce en premier par Rome, quod prias a prima