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LÉONCE DE BYZANCE. CRISTOLOG1E


Sévère, qui entraîne la dualité des natures, ibid, x, col. 1904, par l’emploi de l’expression àXXo xal àXXo appliquée au Christ, et qui ne peut signifier que la diversité des natures. Ibid., xii, xiii, col. 1904. Le nombre, du reste, n’a pas le pouvoir diviseur que lui attribue Sévère. Par lui-même, il ne divise ni n’unit, il exprime purement la pluralité et se dit aussi bien des choses jointes et continues que des choses séparées et divisées. Qu’il y ait division ou non, cela ne dépend pas du nombre lui-même, mais des choses nombrées. Imposé aux natures, il indiquera non leur division et leur séparation, mais leur diversité ; imposé aux hypostases, il indiquera non la diversité, mais la division. Col. 1920-1921 ; cf. Trig, capita, xxx, col. 1913.

b) Monohypostasisme ou affirmation de l’unique hypostase. — Ce qui résulte de la divinité et de l’humanité est un : ëv xiv Tt toûtwv slvai to ànoréXtayLoi, qu’on l’appelle personne, hypostase, individu, sujet, ou comme on voudra. Col. 1305 C. Le terme préféré et généralement employé est celui d’hypostase, que Léonce oppose habituellement à cpôeuç. Aûo cpuo-siç, [lia. Û7r6aTa<ii.ç, telle est sa formule. Cette unique hypostase est signifiée par le nom de Christ, qui n’est pas un nom de nature et ne correspond point à une définition, comme homme, cheval, bœuf, mais un nom d’hypostase, comme Pierre, Paul. Col. 1912 A, 1928 A. Le caractère de l’hypostase, c’est de distinguer le propre du commun dans la même nature, et non pas de distinguer les natures entre elles : il lui appartient au contraire de les unir. L’hypostase du Verbe dans la Trinité résulte d’une propriété qui le distingue du Père, et par là il est un autre que le Père, mais cette propriété ne le distingue pas de la chair. C’est une autre propriété, à savoir la propriété de la nature divine, qui, l’unissant au Père, le distingue de la chair. Ainsi, il est manifeste qu’il y a dans le Christ deux natures et une hypostase, car la propriété d’hypostase qui le distingue du Père l’unit à la chair, comme la propriété de nature qui l’unit au Père le fait différer d’avec la chair. Trig. capita, xxv, col. 1909. A l’acéphale qui veut l’embarrasser en lui demandant si l’humanité du Christ n’avait pas ses propriétés qui le séparaient du commun : Si fait, répond-il, mais cela, seulement par rapport à la famille humaine dont il était par le corps, et non par rapport au Verbe, comme également les idiomata, qui le séparent comme Fils et Verbe du commun de la divinité, n’exercent point ce rôle vis-à-vis de son humanité. Ces propriétésci le distinguent du Père et du Saint-Esprit ; celles-là le distinguent de sa mère et des autres hommes. Les unes et les autres, en le séparant des autres personnes divines et des autres personnes humaines, font en lui la communauté et l’union. Il possède ainsi l’homoousie avec les personnes divines et les personnes humaines, en ayant, quant à lui-même, l’hétérousie dans ses propres parties, uni de la sorte en lui-même par les propriétés et divisé par les natures, réalisant en lui-même des rapports opposés à ceux qui l’unissent aux personnes divines et aux personnes humaines, puisque vis-à-vis d’elles, il a identité de nature et diversité d’hypostase et qu’en lui-même il y a diversité de nature et identité d’hypostase. Epilysis, col. 1917 CD.

Cette analyse de la constitution du Christ se précise encore. Le Christ, enseigne Léonce, le Christ, comme étant un tout composé de parties, tient, à cause de ces parties, le milieu entre les termes (xà axpa) auxquels il est comparé, c’est-à-dire au Père et à nous, tout entier hypostase vis-à-vis du Père avec son humanité à cause de sa divinité, tout entier hypostase par rapport à nous avec sa divinité à cause de son humanité, ayant en lui-même des rap ports de distinction et d’union opposés à ceux qu’il a vis-à-vis du Père et de nous, auxquels le relie la convenance des parties. Col. 1289 A. Ces passages, surtout le dernier inclineraient à faire penser que pour Léonce, la divinité et l’humanité entrent à part égale dans la constitution de l’hypostase du Christ. Cette impression naît aussi çà et là, par exemple, quand il dit que le Sauveur subsiste èx ôeÔTTjTOÇ xori àv6pa)7r6°U7)Toç, col. 1281 A, quand il montre la divinité et l’humanité comme au(X7rXï)poTixà toG 7rpoao>7tou TÎjç xarà XpiaTOv Û710aTâo-ewç, col. 1289A, et en général, par la façon dont il compare l’hypostase du Christ à celle formée chez les autres hommes par l’âme et le corps (Voir plus loin). On traduirait assez exactement la pensée de Léonce par la formule suivante : L’homme en Jésus (c’est-à-dire son humanité individuelle) est autre et distinct par rapport aux autres hommes, &XXoç à.nb aXXwv, et à ce titre hypostase par rapport à eux, mais il n’est pas tel par rapport au Verbe ; semblablement, le Verbe par rapport au Père et au Saint-Esprit, est àXXoç ino àXXwv, et à ce titre hypostase vis-à-vis d’eux, mais il n’est pas tel vis-àvis de l’humanité de Jésus. La raison en est que, tandis que la nature par elle-même n’entraîne pas division, mais dit seulement différence, l’hypostase, elle, n’indique pas différence, mais seulement distinction et division : elle distingue et sépare entre eux les ôjxooûo-ia par les propriétés, mais unit entre eux les éTEpooûcria par la communauté de l’être. Ainsi la divinité et l’humanité du Christ le distingueront hypostatiquement par leurs propriétés respectives de ses ôpiooûaia divins et humains, mais, unies entre elles par la communauté de l’être, a’jvuçsaTCJTa, ne feront qu’une seule hypostase. On voit donc pourquoi la nature humaine du Christ n’est pas une hypostase. Pour être une hypostase, c’est-à-dire d’une manière absolue aXXoç àrcô àXXou, elle devrait ou bien être ôji.ooûoioç au Verbe, comme elle l’est aux autres hommes, ce qui est manifestement impossible, ou bien ne pas consubsister avec lui. C’est ce dernier point qui fait sa différence des autres hommes et qui l’empêche d’être comme eux une hypostase. En tout ceci, rien n’apparaît encore de la prépondérance ontologique du Verbe dans la constitution de l’unique hypostase du Christ, car ce qu’on vient de dire de l’humanité du Sauveur peut s’appliquer aussi, mulatis mutandis, au Verbe lui-même : il n’y a que cette différence que le Verbe présubsistait à l’union, circonstance étrangère, selon Léonce, à la nature de l’union hypostatique. Il ne faudrait pas cependant en conclure que notre auteur établit une égalité parfaite entre les deux composants de l’hypostase du Christ. A la vérité, Léonce insiste avec force sur la réalité, l’intégrité des deux natures et leur distinction, mais il n’oublie pas que la subsistence commune aux deux parties du Christ, c’est la subsistence du Verbe, car il admet que l’humanité du Christ subsiste dans le Verbe, Iv tw A6yw Û7ro(iTT)vai ; remarquons qu’il ne dit pas seulement èv -<x> Xpio-rw. De même, c’est en vue de l’humanité du Christ qu’il expose sa théorie de l’èvu7r60-TaTOV, et il n’applique jamais cette notion au Verbe : le Verbe ne peut avoir cessé d’être hypostase, il l’est seulement devenu d’une nouvelle manière. De plus, Léonce tient que ce n’est pas seulement une nature humaine qui est née de Marie, nature dès le premier instant unie au Verbe, c’est le Verbe lui-même qui est né une seconde fois, car il tient pour impie la parole de Diodore : Kal Sûo vevvr ; aei ; ô @eoç A6yoç o>x ôitéjieivSi ~t, i u.èv 7rpô aUôvtov. t/]v Se èv ûaTÉpoiç xaipoïç. Col. 1388 B. Il n’y a pas eu seulement concours de deux natures, mais prise de possession hypostatique de l’une par l’autre. Ainsi donc, un point capital demeure qui émousse et redresse