Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.1.djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
489
490
LÉVITIQUE (LIVRE DU). DOCTRINE


eaux par l’incantateur. Le porte-glaive en fait autant de la tête du mouton. A la suite de ces opérations, l’incantateur et le porte-glaive doivent rester dans le désert, du 5e au 12e jour, car ils sont contaminés par le contact avec la victime expiatoire. » Nous attirons de nouveau l’attention sur ce texte, où le mot employé pour « frotter » le temple avec le cadavre du mouton est kuppuru dont le sens de « purifier, expier > (adopté par l’hébreu kippêr, cf. kepûrîm) ne fait que transporter dans l’ordre moral une cérémonie matérielle. Aux mêmes rites d’expiation se rattache la comparution du roi devant le dieu Bel. L.e grand prêtre lui enlève les insignes royaux, le frappe à la joue, lui tire les oreilles, le fait s’agenouiller et se confesser, après quoi il le frappe encore et si « ses larmes viennent, Bel est bien disposé ; si ses larmes ne viennent pas, Bel est en colère, l’ennemi surgira et causera sa chute. » Noter qu’à Érech (Uruk) la fête de Vakttu ou du nouvel an se célébrait non seulement au mois de nisan (akitu de printemps), mais aussi — comme chez les Juifs — au mois de lisrîtu (tisri). Revue biblique, 1925, p. 306.

D’autre part, rien à conclure des rapprochements suggérés naturellement par les documents relatifs à l’existence d’un bouc émissaire dans le culte babylonien, car il n’y est jamais question d’une expiation nationale. Cf. S. H. Langdon, The Scape-yoat in Babylonian religion, dans The Expnsitory Times, oct. 1912, p. 9-13 ;.1. D. Prince, Le boue émissaire chez les Babyloniens dans le Journal asiatique, 1903, p. 133-156.

V. Doctrine du Lévitique.

De l’ensemble des prescriptions qui composent le Lévitique, il semble résulter, à première vue, que toute la religion d’Israël se ramène en définitive à la pratique scrupuleuse d’observances rituelles, sans grands soucis d’ordre doctrinal ni surtout moral. C’est le reproche qu’adressent au Code Sacerdotal ceux qui en font la charte religieuse des temps postexiliques qu’ils opposent à la religion des prophètes dont le monothéisme serait, disent-ils. d’une essence tout autre et bien supérieure. Une telle conception ne répond ni à la nature du culte prescrit dans le Lévitique, ni à l’histoire religieuse du peuple d’Israël. L’étude du caractère général de cette législation rituelle et de quelques-uns de ses rites essentiels permettra de se rendre compte et de sa valeur religieuse et de son influence dans la vie du peuple d’Israël, non seulement au point de vue exclusivement religieux, mais encore au point de vue politique et social.

Il convient de noter tout d’abord que le Lévitique était destiné à fournir aux ministres du culte le code détaillé des ordonnances réglant leur état et leurs fonctions : qu’il en soit ainsi, c’est ce qui ressort de maints passages où Jahvé dit A Moïse : l’arle à Aaron et à ses Bis. » Lev.. xvii, 2 ; xxi, 1 : x . 2 ;

c’est ce qui ressort non moins clairement des nombreuses prescriptions relatives à la sainteté des prêtres et à l’exercice de leurs fonctions de sacrificateurs tout particulièrement ; c’est ce qui ressort encore de l’importance que revêt le rôle du clergé ; ce n’est plus comme dans le Deutéronome le fidèle qui vient spontanément apporter au temple ses offrandes ; ici, le prêtre es ! l’intermédiaire nécessaire entre le fidèle et Dieu, c’est lui qui paie, qui offre, qui sacrifie pour le peuple : son rôle en un mot est capital.

De cette destination spéciale résultent la nature et

le choix des ordonnances et ainsi t’explique un silence

qui n’est pas ignorance, moins encore mépris de près

Criptiona morales, semblables a celles i Deul.i, , nome par exemple, mais simple omission de tequi

n’était pa obji i du code A rédiger. Même dans l’hypothèse wellhausienne se comprend la position adop tée par le Code Sacerdotal : il y apparaît en elle i

comme l’aboutissant d’un long développement au cours duquel les exigences morales des prophètes, du moins après l’introduction du Deutéronome, ont été définitivement agréées par la meilleure portion du peuple d’Israël ; il n’y a pas lieu par conséquent d’insister à nouveau, dans le Code Sacerdotal, sur des préceptes moraux connus et reçus depuis longtemps déjà en Israël, avant même le Deutéronome, sous la forme du moins du Décalogue. Ni le caractère rituel du Lévitique ni sa destination spéciale n’excluent toutefois les prescriptions d’ordre moral et religieux ainsi que l’établissent l’importance accordée à l’idée de sainteté dans la législation lévitique et la nature même de cette sainteté.

Sainteté.

1 Sa nécessité. — Le but du

législateur, en imposant au peuple d’Israël et spécialement à ses prêtres de si nombreuses et minutieuses ordonnances, était de préserver ou de faire recouvrer la sainteté : « Soyez saints, car je suis saint, moi Jahvé, votre Dieu. » Lev., xix, 2 ; xx, 26 ; xxi, 8. A l’exemple de leur Dieu, dont le principal attribut est la sainteté, ceux qu’il a choisis pour en faire son peuple doivent être saints et pour cela ne pas se comporter comme les autres nations dont Jahvé les a séparés. Lev., xx, 24, 26. D’ailleurs Jahvé lui-même est la source de la sainteté qu’il prescrit ; une des formules caractéristiques de la Loi de Sainteté n’est-elle pas : « Je suis Jahvé qui vous sanctifie » ? Lev., xx, 8 ; xxi, 8 ; xxii, 32. Plus encore que le peuple, les prêtres devront être saints : la nature même des fonctions qu’ils ont à remplir, les relations particulièrement intimes qu’ils ont avec Dieu leur en font un devoir impérieux, rappelé à maintes reprises. Lev.. xxi, 23 ; xxii, 9, 16. Le grand prêtre enfin, pour préserver la sainteté, que lui impose la dignité de son titre et de ses fonctions, est tenu à l’observance de prescriptions spéciales. Lev., xxi, 10-15.

A côté de ces ordres formels, tous énoncés, on le voit, dans la Loi de Sainteté, il se trouve dans les autres parties du Lévitique, des recommandations ayant le même objet. Dans la législation des sacrifices, par exemple, i-vn, tout ce qui concerne l’expiation, la réconciliation avec Dieu vise à rendre la sainteté perdue par le péché ou par le délit ; il en est de même dans la Loi de Pureté, xi-xv, où la défense de tant de contacts impurs n’a d’autre raison que la sauvegarde de la sainteté : « Vous vous sanctifierez et vous serez saints, car je suis saint, et vous ne vous souillerez point par tous : ces reptiles qui rampent sur la terre. » Lev.. xi. 44.

On notera que cette idée de sainteté et son pre cepte ne se rencontrent pas uniquement dans le Lévitique, le Deutéronome ne les ignore pas. et pour détourner les Israélites de certains rites trop proches de pratiques païennes, Moïse leur rappelle qu’ils forment un peuple saint que.lahvé s’est choisi entre toutes les nations qui sont sur la terre. Deut.. xiv. 2 ; XXVI, 18-19.

2..Sa nature. — En quoi consiste cette sainteté. requise du peuple d’Israël ? N’apparait-clle pas étroitement liée à l’observance rigoureuse de toutes ces prescriptions rituelles dont les longues listes remplis sent le Lévitique î Ce qui importe, a-t-on dit à ce sujet, ce ne sont pas tant les sentiments du cœur, c’est leur manifestation extérieure soumise à des

règles déterminées pour chaque cas particulier. I < I document Sacerdotal n’emploie pour ainsi dire jamais

le terme de Justice si caractéristique de la pensée du Jahviste, ih substitue les termes de sainteté et de pu

nie. qui ont chez lui. le dernier Surtout, un sens plutôt extérieur el < <m eut ionnel. La pureté est une pureté

légale, formelle, que certains contacts troublent que certaines ablutions restaurent, i-’.t quant A la