Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.1.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

517

    1. LIBÉRALISME CATHOLIQUE##


LIBÉRALISME CATHOLIQUE. ORIGINE

>18

Le catholicisme chez les romantiques, in-16, Paris, 1922. Telles étaient les tendances religieuses et morales de la France aux environs de 1820. Lamennais les a saisies aussitôt avec l’intuition de son génie, et il va leur chercher une solution, un remède qui, finalement, sera le libéralisme catholique, mais il le formulera avec son penchant naturel pour l’absolu et son impatience de toute autorité.

2° Apparition progressive du libéralisme catholique.

— 1. La réaction contre le gallicanisme. —

Une évolution, encore sourde et comme cachée, se produit aussi, en effet, dans l’Église de France. Leclergé, en majorité, paraît toujours attaché à la tradition monarchiste cl gallicane, le haut clergé surtout : il est presque entièrement composé de nobles et d’émigrés ; les chefs de la Petite Église ont repris dans ses rangs leur place et leur influence ; tous ils ont pour idéal le retour à l’état de choses d’avant 1789..Mais les événements ont leur logique et les événements poussent l’Église de France vers l’ultramontanisme, comme disent gallicans et libéraux.

La Révolution, en persécutant cette Église et en la séparant de l’État, l’a rejetée vers Rome. Pie VII, imposant aux évêques français leur démission sur la demande de Bonaparte, passant outre au refus de plusieurs, signant le concordat au nom du clergé de France, tenant plus tard l’empereur en échec sur la question de l’institution canonique, toute cette attitude annonçait et amenait la fin du gallicanisme. On ne sentit pas tout d’abord la force de ce mouvement ; mais bientôt des théoriciens font remarquer combien cette logique des choses est conforme à la logique des principes : tel de Maistre, dans Le Pape, 1819, L’Église gallicane, 1821. Lamennais l’a devancé. Dès 1814, il a tait paraître un livre intitulé : Tradition de l’Église sur l’institution canonique des évêques, où il combat YEssai historique et critique sur l’institution canonique des évêques, de Tabaraud, et soutient contre l-’ébronius les prérogatives du Saint-Siège et l’infaillibilité dogmatique du pape.

En 1817, paraît l’Essai sur l’indifférence, t. i. dont le fond est que, seule peut être vraie et par conséquent doit être suivie la religion universelle à laquelle préside une autorité infaillible : donc le catholicisme romain Enfin, en 1818, il écrivait, et avec quelle fougue I dos Observations sur lu promesse d’enseigner les quatre articles de la Déclaration de 1982 exigée des professeurs de théologie par le ministre de l’intérieur, lui 1820, il applaudit au livre Du pape. Cf. Lettre à de Maistre du 28 mai et, dans Nouveaux mélanges. l’article, Sur un livre intitulé « Du Pape. par M. le comte de Maistre. Il a précédé de Maistre. mais il le dépasse aussi dans l’expression. Déjà, en L815, mais pour le seul Henry Moorman. un jeune anglican qu’il tentait d’amener au catholicisme, il formulait sur le pontife romain des vues bien connues, où se retrouvent les tendances de sa philosophie plus que les données de la théologie.

En ces mêmes années, il apparat ! royaliste militant, il écrit au Conservateur, puis au Drapeau blanc, journaux de droile. Or, en face des adressions libérales et du péril irreligieux, que lonl les évêques et le roi ? Conformément à la i radit ion gallicane et ; ’i la fol monarchique, les évêques font appel à la piété do roi ; ils lui demandent aide et protection contre la pusse ; ils insistent pour que l’enseignement suit rendu < 1*1 gll le, proposent de rétablir l’ancienne Sotbonne. afin de restaurer le prestige du clergé et, finalement, se contentent de demi m< un i "ois III est bien dis posé ainsi que ses m itiist res. mais, cela est évident, ils craignent de surexciter l’opposition et de laisser oublier a l’Église les privilèges traditionnels de l’I tat même après 1824’lire apri édition d’Espagne et l’avènement de Charles X, sous le gouvernement des ultras, si le programme de la droite fut favorable à l’Église, pour les mêmes raisons, ce programme ne fut pas réalisé.

C’est alors que Lamennais donne à la royauté le plan d’une politique radicale, tout entière orientée au triomphe social et politique de l’Église — il ne se place qu’à ce point de vue — et logiquement déduite de son ultramontanisme.

Toute sa pensée se manifeste dans le livre qu’il publie alors : De la religion considérée dans ses rapports avec l’ordre politique et social, t. i, mai 1825, t. il, février 1826. Bonald, dont il s’inspire souvent, avait écrit : « Il existe une et une seule constitution de la société politique, une et une seule constitution de la société religieuse ; la réunion de ces deux constitutions et de ces deux sociétés constitue la société civile, l’une et l’autre constitutions résultent de la nature des êtres qui composent chacune des deux sociétés, aussi nécessairement que la pesanteur résulte de la nature des corps. » Théorie du pouvoir, t.l, préface. Et encore, Principe constitutif, c. xix : « … le gouvernement monarchique royal et la religion chrétienne catholique sont nécessaires, c’est-à-dire, tels qu’ils ne pourraient être autres qu’ils ne sont, sans choquer la nature des cires sociaux, c’est-à-dire, la nature de Dieu et celle de l’homme en société. » Lamennais, ici, s’éloigne de la pensée de Bonald et pose hardiment ; « Il n’y a pas deux puissances nécessaires, mais une seule, l’Église, qui s’incarne dans le pape. Elle est un pouvoir universel, qui domine les gouvernements et qui a un droit absolu a l’indépendance complète voulue par sa mission, y compris tout d’abord la liberté d’enseigner, et aussi à la protection des lois". Et parce que, « sans Pape, point d’Église, … point de religion, point de société », tout ce qui porte atteinte à l’autorité du pape est un péril pour l’Église, pour la religion, pour la société. Or, en France, ajoute-t-il, le gouvernement est loin de s’acquitter de son devoir envers l’Église, Ce ne sont point les Bourbons qui gouvernent, en effet, mais bien une démocratie ou un despotisme athée, puisque le Parlement fait souverainement les lois et que la Charte part des principes de 1789 ; neutralité, laïcisme. Les prétendus efforts du gouvernement pour « protéger i la religion ne sont que des mensonges habiles « pour mettre l’athéisme sous la protection de la religion ». En fait, ce gouvernement a exclu l’Église de la législation : les lois de l’Eglise ont cessé d’être les lois de l’État, de la famille, de la formation de l’enfance, de la vie individuelle comme de la vie sociale. Entre l’Église et l’État, il J a un eonllit latent, lai outre. par l’appui donné aux doctrines gallicanes qui affranchissent le pouvoir temporel de l’autorité Spirituelle cl font de l’Église un assemblage d’Églises nationales. en même temps qu’ils nient l’infaillibilité suprême (i pape, garantie de l’unité catholique et aussi de l’ordre social, le gouvernement crée un vrai péril religieux et social : il appelle l’athéisme et l’anarchie. Telle est la première formule de la théocratie menaisienne. on sent combien sont contingentes pour Lamennais les formes de gOU> ernement : une seule chose lui Importe que l’Église Indépendante et souveraine conduise le monde. v assurant l’ordre et l’unité dans la soumission des pouvoirs polit iquei

Frayssinous voulut le réduire au silence Sous son ms piration. il fut condamné par la Courroyale. le 20 avril 1820. contredit pat les évêques dans une Déclaration de leurs sentiments sur l’indépendance de la puissance temporelle en matière purement civile, datée du 3 avril. combattu plus violemment par les Clausel, parles |our n.iux de droit cet de L’anche. ni : iis soutenu p ; r ses amis. pleinement p : u le Mémorial catholique, avec quelques h le Catholique d’Ecksteln, approuvé pai