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593 LIBÉRALISME CATHOLIQUE. LUTTES D’IDÉES SOUS PIE IX 594

réponse aux discours de Malines qu'à la Convention du 15 septembre. Il dépassait de multiples côtés la question libérale, puisqu’il signalait toutes les erreurs modernes dans l’ordre politique et social.

L’idée remontait à 1849. Sous l’inspiration de Joa « him Pecci, archevêque de Pérouse, le futur Léon XIII, le concile provincial de Spolète avait, cette année-là, demandé à Pie IX qu’un tableau d’ensemble fût dressé des erreurs modernes concernant l'Église, l’autorité, la propriété. Tandis que se préparait la définition de l’Immaculée Conception, la Civiltà catiolica exprimait le vœu que, dans la bulle de définition, fût insérée la condamnation des erreurs du rationalisme et du semi-rationalisme. Peu de temps après, le 20 mars 1852, Pie IX faisait consulter sur la question par le cardinal Fornari des évêques et des catholiques les plus en vue ; un projet de Syllabus était joint. Le pape, d’après les réponses reçues, jugea bon de séparer les deux choses ; il consacra la bulle Ineffabilis à la seule Immaculée Conception et il chargea la commission qui l’avait préparée de préparer un autre document sur les erreurs modernes. Les travaux de la commission reçurent une impulsion décisive de l’Instruction pastorale sur diverses erreurs du temps présent, en date du 23 juillet 1860, de l'évêque de Perpignan, Gerbet. En 1862, la commission avait terminé son travail : un catalogue de 61 propositions avec la note 'théologique que méritait chacune. Pie IX le soumit aux 300 évêques venus à Rome pour la canonisation des martyrs japonais et s’en inspira dans son allocution aux mêmes évêques, le 9 juin 1862. Pie IX projetait, en outre, une bulle générale de condamnation. Pour des raisons, la plupart inconnues, ce projet fut modifié et l’acte pontifical annoncé prit la forme sous laquelle il parut. D’autre part, sur la quesLion libérale, le Syllabus n’innovait en rien. Depuis l’Allocutio habita in consistorio secreto die 9 martii 1790 et le bref Aliquantulum du 10 mars 1791 de Pie VI, la papauté n’avait cessé de condamner les principes du libéralisme absolu répandus parla Révolution. Quand, en avril 1814, après l’abdication de Napoléon, le Sénat ébaucha un projet de constitution, Pie VII adressa à Mgr de Boulogne, évêque de Troyes, un bref, daté du 29 avril, où il déplorait que le projet gardât le silence sur la religion et sur Dieu, proclamât la liberté des cultes et de la presse. Louis XVIII n’avait pas adopté ce projet, mais la Charte octroyée avait maintenu les articles incriminés. L'évêque n’avait eu le bref pontifical que le 31 mai ; reçu par le roi le 4 juin, il lui présenta les observations pontificales. I >e 1 toulogne, Œuvres posthumes, 1. 1, p. lii, lui, xctii<jiii et de Guichen, op. cit., t. i, c. iv. Des difficultés semblables avalent été faites aux catholiques de Belgique ; i propos de la constitution belge. L’encyclique Mirari vos avait exposé la doctrine avec plus d’ampleur et depuis 1849, <n toute occasion, Pie IX l’avait rappelée.

Mais, dans la pratique, Rome avait su faire des concessions. Le concordat de 1801 avait été une transactlon ; en réponse a Boulogne, Louis XVIII avait invoqué la nécessité, et Pie VU n’avait nullement Interdit de prêter Berment à la Charte de 181 l et plus tard une transaction interviendra ; en 1830, Pie VIII .il pas Interdit davantage de prêter serment à la Charte <ic 1830 plus libérale encore ; les évêques de Ique ayant répondu que la constitution répondait non à des principes mais à des nécessités pratl

que. Rome 'était tue. Plus d’une fois aussi, l’ic l

I approuvé les transactions proposées par les

libéraux : en 1850, il avait accepté la loi Falloux ;

en ix : > :  ;. il ; i, iit permis de continuer l’enseignement

Iques p. Mens ( i. si le livre <ie Godard, ci

i Ht. ; i.iii été condamné, une seconde

édition, qui maintenait le fond de sa thèse, avait été acceptée. Le Syllabus ne créait donc pas une situation nouvelle ; il précisait seulement ; à des condamnations disséminées il superposait une réprobation d’ensemble ; l’on en pouvait conclure l’idéal familial, social et politique de l'Église, mais l’attitude pratique de l'Église restait chose acquise et il n’interdisait pas de penser que, là où la réalisation de l’idéal était impossible, il était toujours permis de s’en écarter, pourvu que ce fût dans les limites de l’inévitable.

Au milieu de la confusion générale, Mgr Dupànloup saisit cette situation ; il en profita. Il avait préparé une brochure en faveur de la souveraineté temporelle du pape et contre la Convention du 15 septembre ; il y ajouta en hâte une interprétation de l’acte pontifical du 8 décembre. Le 26 janvier, paraissait cette brochure intitulée : La Convention du 15 septembre et l’encyclique du S décembre. L'évêque d’Orléans, qui était assuré de ne pas être désavoué par le Saint-Siège, Lagrange, op cit., t. ii, p. 289, prenait à partie les publicistes anticatholiques, lesq. els prétendaient que l’acte pontifical exigeait une application immédiate, empêchait désormais les catholiques de se placer sur le terrain des libertés modernes, les obligeait à s’insurger contre elles ; il s’efforçait de démontrer que cet acte fixe la thèse ou l’idéal, mais laisse aux fidèles toute liberté dans l’hypothèse, c’est-à-dire leur permet de s’adapter à la société politique existante, à la réalité changeante, pour la rapprochere isuite, s’17s le peuvent, de l’idéal. Le Syllabus, d’ailleurs, n’admet pas une interprétation sommaire. Pour avoir condamné telles propositions, le Saint-Siège n’approuve pas nécessairement les propositions contraires, mais les contradictoires et, pour bien connaître celles-ci, il faut se référer aux documents pontificaux d’où sont extraites les propositions condamnées ; là, seulement, on pourra voir en quel sens elles ont été condamnées. Le pape, dit-on, par exemple, condamne le progrès, la civilisation. Il faut s’entendre : le vrai progrès, la vraie civilisation, le pape n’a pas à se réconcilier avec eux ; ils sont les fruits du christianisme. Ce qu’il condamne, c’est un état déplorable, une transformation malsaine des mœurs et des idées auxquels on donne parfois les noms de civilisation et de progrès. Le pape condamne la liberté de la presse ; mais, que l’on remonte aux sources, et l’on verra qu’il condamne seulement la liberté illimitée, sans mesure, sans règle, considérée comme un droit absolu ; la liberté de conscience, mais c’est seulement quand elle implique l’indilférentisine en matière religieuse, la liberté absolue pour l’homme de choisir la religion qui lui plaît, l'égalité de droit pour l’erreur et pour la vérité.

La brochure de Dupànloup était un écrit rapide plus que profond, mais il entraînait tout esprit qui ne se défendait pas ; et il persuadait quc l’acte pontifical du 8 décembre ne pouvait s’interpréter autrement. Comme de juste, les journaux anticatholiques, le Siècle, les Débats, de qui l’interprétation absolue faisait bien l’affaire, crièrent à l’habileté, les catholiques intransigeants firent de graves reserves : tel Mgr Pie : Entretien ai>r<- le <11t<j< :, 10 juillet 1865, Œuvres, t. v, p. 430 : « Parmi les catholiques, quelques uns se sont mépris sur la portée des explications

épiscopales qui tendaient ; i réfuter les Fausses Inter

prétations de l’acte pontifical… Plusieurs se sont

appliqués a établir qu’après l’Encyclique il n’y a pas

plut île lumière qu’aupara an !.et que toutes les mêmes

opinions peuvent être aussi librement soutenui résultai serait de nature a perpétuer le mal auquel l’Encyclique a voulu porter remède, i acte du k décembre est dirigé contre tes advei contre

ceux du dehors, c’esl vrai, mais il t’adresse encore

plus, s il es ! possible, a cens de la niais.. il Ie natll-