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LITURGIE. HISTOIRE, ÉVOLUTION LITURGIQUE, CLASSIFICATION


donner pour la classification liturgique durant cette période :

Une première grande division : liturgies orientales ; liturgies latines ou occidentales.

Les liturgies orientales forment deux groupes principaux, les liturgies qui descendent de celle d’Antioche ; les liturgies qui descendent de celle d’Alexandrie (pour le détail, voir plus loin col. 817-818).

Les liturgies latines se divisent en liturgie romaine, liturgie gallicane, liturgie mozarabe, liturgie ambrosienne, liturgies celtiques.

Nous n’insisterons pas pour justifier cette division. Nous nous contenterons de remarquer qu’elle est adoptée, à peu près par tous, même par ceux qui croient à l’origine orientale des liturgies gallicane, ambrosienne, mozarabe et celtiques. Il serait plus logique pour ces derniers de placer ces liturgies dans la classe des liturgies orientales et de mettre à part la liturgie romaine.

Pour nous, notre classification est logique et nous pouvons dire réaliste, elle a la portée d’un tableau généalogique parce que, sans nier les infiltrations orientales dans les liturgies latines, y compris la liturgie romaine, infiltrations qui dans la question d’origine ne prouvent rien, nous croyons que les liturgies latines forment un groupe étroitement apparenté dont la place centrale est occupée par la liturgie romaine. Cette parenté est démontrée pour nous par l’analogie du vocabulaire, des rites principaux, des formules, du lectionnaire et de quelques autres particularités que nous avons relevées ailleurs. Du reste, ces considérations sont sans importance pour le théologien car, en dehors des anglicans qui autrefois y cherchèrent un moyen d’attaquer les privilèges de l’Église romaine, on a vu des hommes comme dom quéranger et Dulac défendre l’origine orientale des liturgies mozarabe et gallicane. La question doit donc rester dans le domaine historique. Nous aurons à y revenir du reste.

3° Du IX’au XIe siècle. — Nous pouvons pour cette période laisser de côté l’Orient où peu de changements liturgiques se produisent, pour étudier les destinées des liturgies occidentales. La tendance à l’unité qui s’était manifestée plus d’une fois dans la période précédente s’accentue encore. Sous l’influence de Pépin le Bref et surtout de Charlemagne, la liturgie romaine s’établit en France, et supplante les liturgies gallicanes. La liturgie ambrosienne est réduite à une aire de plus en plus restreinte, et subit largement l’influence de Home. Les liturgies celtiques [ici dent aussi du terrain. et, sur la fin de cette période, sous Alexandre II et saint Grégoire VII, vient le tour de la liturgie mozarabe, (pliant aux pays anglo-saxons, évangélisés par des moines romains envoyés par saint Grégoire I er, ils suivent naturellement la liturgie romaine et refoulent les usages celtiques vers le pays de Galles et la Cornouallle.

I 1 Du APmi XVIe siècle. — La liturgie romaine domine à peu près exclusivement sur l’Occident, sauf

une petite enclave où est encore tolérée la liturgie ambrosienne.Mais les Églises particulière ! conservent une grande liberté, et c’est pendant cette période que les USaget locaux présentent la plus grande variété.

Hymnes, proses, drames liturgiques, Kyrie et autres

chants farcis, fêtes locales, cérémonies de tout genre

prennent le plus grand développement et l’étude de

us donne a l’histoire de la liturgie locale, dans

cette leconde partie do Moyen Age, un grand intérêt. En France, en particulier, le mélange des anciennes coutumes gallicanes et des usages locaux est tel que

l’on peut appeler, sans exagération, notre liturgie une liturgie romano française Rome adopta plus tard plu

sieurs de ces n. serait une question Intérêt

santé, mais en dehors de notre cadre, d’étudier ce que la liturgie romaine doit à la France.

5° Du XVIe au XXe siècle. — La liturgie romaine est définitivement établie dans toute l’Église latine. Les usages locaux tendent à disparaître. Le concile de Trente a vu la nécessité de corriger les livres de la liturgie romaine et c’est durant cette période, spécialement sous les papes saint Pie V, Grégoire XIII, Clément VIII, Paul V, Urbain VIII, que le missel, le bréviaire, le rituel, le marty-rologe, le pontifical et le cérémonial des évêques seront édités par Rome dans leur forme définitive. Quelques efforts seront faits en France et en d’autres pays pour rompre cette unité et créer des liturgies nouvelles, mais ils aboutiront à un échec lamentable. Seuls, les pays protestants inventeront des liturgies qui font litière de toutes les traditions du passé et qui vraiment ne méritent plus de garder une place dans le domaine de la liturgie chrétienne.

Ce résumé historique répond encore à la question de l’évolution dans la liturgie.

On a vii, par l’exposé qui précède, que la liturgie n’est pas restée immuable comme le dogme. Des changements, et des changements considérables se sont produits au cours des âges. La liturgie romaine aujourd’hui n’est pas ce qu’elle était au ve siècle, dans le gélasien primitif, moins encore au temps où Hippolyte rédigeait son cxTCoaToX’.xï) 7rapâSoai.ç. Les divergences entre la liturgie romaine et les liturgies gallicane ou mozarabe ne sont pas moins grandes ; elles sont plus considérables encore si on les compare aux liturgies orientales.

Pour comprendre et expliquer ces différences et ces changements au point de vue théologique, il faut distinguer soigneusement en liturgie les caractères essentiels des caractères accidentels.

La comparaison des liturgies n’a pas encore été poussée assez à fond pour que les solutions paraissent pleinement claires et qu’il ne reste pas des difficultés à éclaircir. Cependant, dès maintenant, on peut dégager dans toutes les liturgies un ensemble de traits généraux qui se retrouvent dans toutes ; ceux-ci peuvent être considérés comme essentiels et à peu près immuables. Tels sont, par exemple, l’existence de la messe, son caractère sacrificiel, sa valeur propitiatoire ; l’existence des sacrements et leurs rites essentiels, les diverses formes de la prière, la distinction entre les ministres du culte et le peuple chrétien, etc.

C’est le point de vue développé par certains théologiens ou liturgistes que nous avons cités, col. 789. Nous pouvons dire que ces caractères se révéleront mieux par une étude plus approfondie et plus méthodique des liturgies. Ainsi, - les travaux de dom Cagin et ses tableaux de comparaison sur les diverses anaphores font éclater aux yeux des analogies souvent inattendues entre les diverses liturgies. C’est une voie ou devraient s’engager les jeunes liturgistes dont les travaux pourraient rendre ainsi à la théologie les plus glands services. Ils trouveront, pour les y aider, les travaux d’Arnauld, de Renaudot, de dom Martène, de Lebrun et de nos liturgistes et théologiens du xii « et xviir siècles, qui axaient si bien compris l’importance de ces et udes.

Mais a côté de ces caractères communs, universels,

essentiels et immuables, earæt ères du reste peu nombreux, il y a place pour les plus grandes variétés que nous axons appelées les caractères accidentels, suit dans les formules, soit dans les rites.

on a Insisté avec raison sur la différence entre le

style de la liturgie romaine, celui des liturgies galll canes et celui des liturgies orientales. Pour ne cil.i qu’un seul rite, celui de la fraction, lis plus grandes divergences existent entre la liturgie romaine. ;.i