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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.1.djvu/425

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LITURGIE. FORMULES LITURGIQUES


La présence et l’importance de ces lectures nous donnent une autre leçon, trop souvent méconnue. Que l’office ait tout d’abord pour but l’édification, c’est une vérité incontestable, mais nous y devons trouver aussi une instruction. Longtemps il fut admis que l’on devait lire toute l’Écriture durant Vanni circulum, et l’on y joignait les commentaires des Pères qui expliquent ces passages. Si bien que le bréviaire devenait ainsi pour les clercs et les moines une petite encyclopédie qui contenait la Bible, des commentaires, et, au moins, sous une forme abrégée, l’histoire des martyrs et de saints.

Une autre conclusion à tirer de ce qui précède, c’est que le principe proclamé à certaines époques, notamment par des jansénistes et des gallicans et même par certains liturgistes, comme Agobard de Lyon, que dans l’office divin tout doit être extrait de l’Écriture sainte, est démenti par la pratique générale de l’Église. Sur ces divers points cf. dom Guéranger, Institutions liturgiques, t. i, p. 247, etBiiumer-Biron, Histoire du bréviaire, t. ii, p. 130-133.

12. Hymnes et proses. — Il faudrait distinguer deux époques pour ce genre de composition. La période qui précède le ixe siècle, et celle du ixe siècle au xvie et au delà.

Comme nous l’avons dit, il y eut des cantiques et des hymnes dès l’origine de l’Église. Le Nouveau Testament contient trois cantiques qui ont une importance de premier ordre dans la liturgie. Voir notre article Cantiques évangéliques du Dict. d’archéolog., t. ii, col. 1994-1999, où nous avons étudié surtout ce côté de la question. Les allusions à ces chants, où l’on célébrait le Christ comme Dieu, sont assez nombreuses dans les trois premiers siècles, voir plus haut, col. 831. Nous possédons encore les Odes de Salomon qui sont probablement du iie siècle et quelques autres fragments qui remontent peut-être au ive siècle.

Nous savons que saint Ambroise, Prudence, saint Grégoire de Nazianze, Damase, saint Jérôme, saint Grégoire et d’autres écrivains du iv c au ixe siècle, s’adonnèrent à ce genre de composition. La liturgie en adopta quelques-um s que nous avons encore conservées. A partir du ixe siècle, ce genre est devenu une des catégories les plus abondantes de la liturgie. Laplupart des grandes églises ou des abbayes célèbres eurent leurs hymnaires ou leurs prosaires. Pour se rendre compte de cette richesse extraordinaire, il suffira de consulter les recueils qui donnent le texte même de ces pièces, Mone, Daniel, Blume, etc., ou même les catalogues qui ne font que citer l’incipit ou une notice sur ces pièces, comme le Dictionanj de Julian, le catalogue d’U. Chevalier, etc. On ajouta au Kyrie et aux autres chants de la messe, on eut des Kyrie farcis, des épîtres farcies, ete ; de la prose on passa au drame liturgique et la plupart des mystères n’ont pas d’autre origine. Le théâtre est sorti de la fête liturgique. Très intéressants pour l’histoire littéraire, ces essais n’ont pas la même importance pour la théologie.

Quant aux pièces liturgiques proprement dites, leur valeur théologique n’est généralement pas plus considérable que leur valeur littéraire. Tout n’est pas or dans ces recueils, tant s’en faut. En dehors d’un certain nombre d’hymnes et de proses qui ont surnagé, la plupart des autres sont tombées dans l’oubli. Beaucoup de ces pièces n’ont pris place que dans des bréviaires ou livres de liturgie locale et n’engagent que la responsabilité d’une Église ou d’un monastère. Le nombre considérable de ces pièces est une preuve de la liberté dont jouirent les Églises du Moyen Age dans le domaine liturgique. L’Église romaine qui n’admit que tardivement l’usage de ces pièces dans sa liturgie, n’a gardé que cinq proses à la messe, et à peine cent cinquante hymnes dans tous ses offices.

Quelques-unes parmi ces dernières, notamment les hymnes des fériés, sont aussi remarquables par leurs qualités littéraires que par leur caractère théologique. Cf. Pimont, Les hymnes du bréviaire romain, 2 vol., ln-8°, Paris, 1874-1878.

D’autres, par exemple, celles du commun des apôtres au temps pascal, celles du commun des martyrs, etc., sont d’un caractère assez banal et pourraient être avantageusement remplacées.

3° Actes ou rites proprement dits. - — Le rite est pris quelquefois dans un sens général pour signifier l’ensemble des prières et des cérémonies qui composent une liturgie ; on dit indifféremment la liturgie byzantine ou le rit byzantin, la liturgie ambrosienne ou le rit ambrosien, etc. Dans ce cas, le mot est ordinairement écrit sans e. — Rite, ainsi écrit, signifie toute cérémonie liturgique, comme les bénédictions, les ordinations, la messe, même les exorcismes. Au premier rang des rites, il faut compter les sacrements : après eux prennent place les sacramentaux, ainsi appelés pane qu’ils sont comme les sacrements des signes sensibles institués par l’Église et qui sont destinés à produire des effets spirituels ou temporels. La différence essentielle est qu’ils n’ont pas été institués par Notre-Seigneur (du moins n’est-il pas nécessaire qu’ils aient été institués par lui) et, en second lieu, qu’ils n’oprent pas ex opère operato, mais ex opère operanlis. lis peuvent effacer les péchés véniels, remettre la peine due au péché, chasser Les démons, etc. Les principaux sont désignés sous ce mauvais hexamètre :

Orans, tinctus, edens, confessus, dans, benedicens,

Ils comprennent donc des prières, des lustrations (surtout par l’eau bénite), des eulogies ou pain bénit, des formules de pardon, certaines aumônes et des bénédictions. On peut même ranger dans cette catégorie les ordinations qui ne font pas partie du sacrement de l’ordre, sacre des rois, consécration des vierges, bénédiction des abbés, des abbesses, des chevaliers ; les dédicaces ; les rites pour les morts. C’est dire qu’à peu près tous les rites qui ne sont pas des sacrements peuvent être considérés comme sacramentaux.

Tous ces rites ont leur intérêt pour le théologien. Ainsi la dédicace et la consécration des églises est l’un des rites les plus richesau point de vue doctrinal. Elle contient sur la nature et les attributs de Dieu, sur le pouvoir des démons, sur le culte des saints et des reliques, sur l’autel et la nature du sacrifice, des notions qu’il faut recueillir précieusement ; la consécration des vierges nous résume un enseignement mystique d’une haute élévation ; tandis que le couronnement des rois nous expose les vues de l’Église sur l’autorité civile et le pouvoir temporel.

Mais nous ne parlerons pas en détail de ces différents rites par la raison que chacun des sacrements et les principaux parmi les sacramentaux ont leur article spécial dans ce dictionnaire, où leur portée dogmatique est appréciée, cf. Baptême, Confirmation, Eucharistie, Extrême-Onction, etc.

Nous ferons cependant cette remarque : bien que plusieurs théologiens, que nous citerons tout à l’heure, accordent à l’argument liturgique une plus large place, dans l’ensemble cependant on n’a pas encore compris l’avantage qu’on en pourrait tirer pour les études doctrinales. A commencer par le baptême et la confirmation, quelle magnifique synthèse théologique nous présente ce rite, non pas dans son rituel un peu étriqué d’aujourd’hui, mais dans les sacramentaires anciens, notamment dans le gélasien, avec la longue préparation du carême, les onctions, les exorcismes, le signe de la croix, Yapertio aurium, la tradition des évangiles, du Pater et du Credo. - — L’eucharistie tient le premier