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LUYNES — LYCHET


sacré le 25 septembre 1729, et, dès le début de son épiscopat, il se prononça contre les jansénistes que son prédécesseur avait favorisés ; il organisa des missions où lui-même prêchait. Le 16 mai 1743, il remplaça le cardinal de Fleury à l’Académie française et, en 1747, il fut nommé premier aumônier de la Dauphine ; en 1752, il signa des représentations au Parlement au sujet des refus de sacrements. Le 18 août 1753, il remplaça Languet de Gergy sur le siège de Sens et, en 1754, il assista, à Paris, à l’assemblée qui examina le livre du jésuite Berruyer sur l’Histoire du peuple de Dieu ; puis, dans les assemblées du clergé de 1755, 1758 et 1760, il soutint les droits de l’Église contre le Parlement. Son goût pour l’astronomie le fit nommer, en 1755, membre honoraire de l’Académie des Sciences et il fit des observations savantes qu’on trouve dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de 1761 à 1773 et que Quérard énumère, dans La France littéraire, t. v, p. 399. Le 5 avril 1756, il fut nommé cardinal par Benoit XIV et prit part aux conclaves de 1758, 1769 et 1774. Entre temps, il avait été nommé commandeur de l’ordre du Saint-Esprit, en 1759 ; il adhéra aux actes de l’assemblée de 1765 et, le 1 er avril 1767, une assemblée se réunit chez lui pour protester contre les arrêts et les empiétements des parlements. Il mourut à Paris le 21 janvier 1788.

On a du cardinal de Luynes son Discours de réception à V Académie française et quelques mandements dont le plus célèbre est son Instruction pastorale contre la doctrine des incrédules et portant condamnation du Système de la Nature ou des lois du monde physique et du monde moral, œuvre du baron d’Holbach, in-12, Paris, 1771. Cf. Journal des Beaux— Arts et des Sciences de mai 1771, p. 216-230 : ce Journal qui est la suite du Journal de Trévoux, déclare que l’Instruction de Luynes est d’une « éloquence vive, touchante et majestueuse », avril 1771, p. 173. Dans une Lettre au syndic de la Sorbonne, le cardinal de Luynes avait félicité la Faculté de théologie d’avoir condamné VÉmile de Rousseau. Archives nationales, MM. 258 p. 65, et Féret, La Faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres, Époque moderne, t. vi, 1909, p. 246. En 1738, il fit imprimer un Bréviaire pour le diocèse de Baveux et en 1739 un Processionnal. En 1822, on réédita des Règles et Constitutions données aux Filles du Bon Sauveur de Cæn, qui sont l’œuvre de Luynes ; enfin on lui attribue une Lettre qu’il aurait écrite, en 1764, en faveur des jésuites et de l’archevêque de Paris.

Mlchaud, Biographie universelle, t. xxv, p. 532, 533 ; Hœfer, Nouvelle biographie générale, t. xxxii, col. 350-300 ; Quérard, La France littéraire, t. v, p. 398, 399 ; relier. Btographie universelle, édlt. Pcrennès, 1842, t. vii, p. 637 ; Le <.r : is. fiioi/r funèbre’in cardinal de Luynes ; Flsquet, ha Fiance pontificale, Métropole < ! Rouen, Baveux ei Ltsteux,

in-K", Paris, s. cl., p. 122-125, OU bien M/Irnpole de Sens,

ln-8°, Paris, i d., p. 156-159 (même article) ; Jean, Les

éviques et archevêques <’<’France depuis 1682 jusqu’à 1801, in-X", Pari », 1X-.M, p. 34Î

.1. Carreyre.

    1. LYCHET François##


LYCHET François, frère mineur de l’Observance i+ L520), est dit communément de Brescia, bien que Calvi affirme qu’il était né à Lovere, dans le Bergamasque. Quel était au Juste son nom ? La plus ancienne forme vulgaire que nous ayons rencontrée est Lechetto, que lui même latinise Lechetus, quand il publie le premier volume de ses commentaires, il est vrai qu’il y esi dit : i ussi, mais par d’autres, Leuchetus et Lichetus. Marlano <ie Florence, t 1523, écrit Lèchelus. FumagalU le nomme Lechl et il en fait un nu tnbre <ie la famille qui donna son nom à l’fb de Lechi, dans le lac « le Garde. Jeune encore, il entra chez les mineurs observants de la province de Brescia. il com

mença, pensons-noUS, par enseigner au Kvmna sium » de sa province religieuse, établi dans le couvent de Sainte-Marie de Jésus, dans cette île de Lechi. Une trentaine de disciples, qui tous devinrent de savants lecteurs ou d’éloquents prédicateurs (Gonzaga), y suivaient ses leçons. En 1512, Lychet achevait à Naples un triennat de lecture ordinaire sur les livres des Sentences de Scot. Il y avait été envoyé à la demande, de l’infante d’Aragon, Jeanne (la Folle), reine de Sicile, mère de Charles-Quint. Au mois de juin de cette année, il remplaçait comme vicaire de la province de Candie le religieux désigné qui se récusait. Deux ans après, au chapitre de l’Observance réuni à Assise, il était élu définiteur général, fonction qui se terminait alors avec l’assemblée, et il retournait dans sa province de Brescia, dont il fut nommé vicaire. C’était le titre des supérieurs majeurs de l’Observance, pour signifier leur dépendance, plus théorique que réelle, des conventuels. Comme tel, il prenait part au célèbre chapitre général de 1517, qui, par la volonté de Léon X, devait renverser les rôles et donner la suprématie aux observants, sur les religieux non réformés. Lychet, qui avait obtenu neuf voix pour la dignité de ministre général, revenait à sa province avec le titre de ministre ; mais c’était pour peu de temps, car le chapitre général de Lyon, en 1518, le plaçait à la tête de l’ordre. A ses fonctions Léon X ajoutait bientôt celles de commissaire apostolique pour la collecte des aumônes destinées à la construction de la basilique de Saint-Pierre. Arraché à ses travaux, Leychet se consacra avec le même zèle à ceux que lui imposait sa charge. Après avoir visité les provinces d’Italie, il passait en France, où il tenait la congrégation intermédiaire à Bordeaux, à la Pentecôte de 1520. De là il se rendit à Paris, où il établit des règlements pour les études au grand couvent, recommandant spécialement l’enseignement d’après le Docteur subtil. On le voit ensuite en Allemagne, en Bohême et en Hongrie ; il était à Budapest, quand la mort vint l’arrêter, au mois de septembre 1520. En donnant à l’Observance la suprématie dans l’ordre des mineurs, le but de Léon X était d’arriver à une réforme totale. C’est à cela que travaillait le général dans ses visites ; en Allemagne encore, il chercha les moyens de combattre le protestantisme naissant, ordonnant de brûler les écrits de Luther et de former de bons prédicateurs.

Si le court gouvernement de Lychet a été diverse ment apprécié, sa compétence théologique a échappé aux critiques. Fidèle disciple de Scot, il avait commenté ses Livres de Sentences avec un tel éclat que le vicaire général de l’Observance lui commanda de mettre ses leçons par écrit, avant la fin de son cours a Naples. La reine Jeanne voulut se charger des frais de l’impression et ainsi, au mois de mai 1512, l’allemand Sigismond Mayr achevait d’imprimer le premier volume, aujourd’hui fort rare et demeuré inconnu aux bibliographes. Il a pour titre : Pcrilissimi et celeberrimi viri F. Franciscl Leeheti de Brtxia, or. mi. observan. in Jo. Dans Scotum : super primo Sentrn. (lurissima commeniarta : Ingeniosarum difficultalum perpulcræ diluctdationes : apparenttum preelibati Scott contradictionum solutiones, demum optntonum multarum scolico dogmati obotantium destructtones, In-fol., umptibus s. Joannss infantis ^ra

gonum et Sicilia— regins. la An du volume, l’auteur s’excusait de n’avoir pu éditei ses commentain sur les aut rcs livres des Sentences et sur les Quodlibela, ob tanporum angusiias ri caltunitotam tnstanUum bellorum pernittem, mais il promettait de le faire quand l’obéissance lui en donnerait les loisirs. Rendu province, il était chargé de la gouverner ; ce fut donc sous la surveillance de plusieurs de ses disciples que parurent les Commentaria super secundo Sententiarum