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LYRE

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assigna « qu’assez tard » comme lieu d’origine Lyre près d’Évreux, et cela en se fondant sur l’épitaphe en vers. Mais, si la date de la mort inscrite dans l’épitaphe est erronée, pourquoi la mention du pays d’origine ne le serait-elle pas ? On accordera volontiers que l’autorité de l’épitaphe est désormais compromise ; mais il ne semble pus qu’il faille renoncer à croire Nicolas de Lyre, de nationalité française. La France lui tient à cœur. Il voit dans la nuée blanche de l’Apoc, xiv, 14, le royaume de France, candidalum præ cœteris moribus el fide. A trois reprises, In ps. xviii ; Mat., xxiv, 14 ; Rom., x, 18, pour montrer que, du vivant de saint Pierre, la foi chrétienne fut prêchée jusqu’aux extrémités de la terre, il parle surtout de saint Savinien envoyé, dit-il, par saint Pierre à Sens qui était la métropole de la Gaule, et de l’église de Saint-Pierre-le-Vif de Sens, in qua pluries ego fui, t. iv, ꝟ. 173 a. Tout £e que nous savons de sa vie le rattache à la France. En 1325, il était provincial de Bourgogne quand la reine Jeanne, veuve de Philippe le Long, le nomma un de ses exécuteurs testamentaires. En décembre 1333, il fut de l’assemblée convoquée par Philippe VI pour examiner l’opinion de Jean XXII sur le délai de la vision béatique ; le 2 janvier 1334, il signa le jugement rendu par les docteurs en théologie parisiens. Voir Benoît XII, t. ii, col. 666. En 1349, nous l’avons vii, la reine le gratifiait d’un tonneau de vin. Même si l’épitaphe est tardive, il n’est pas douteux que son tombeau fût au couvent des frères mineurs de Paris.

En résumé, Nicolas de Lyre, né presque certainement à Lyre en Normandie, est mort peut être en 1349, sûrement pas avant 1349. S’il est mort en 1349 et s’il a passé 48 ans dans l’ordre de Saint-François, comme le dit l’épitaphe en prose, il y est entré en 1301. Paris fut le centre de son activité religieuse. Ce maître en théologie, l’un de ceux qui eurent à se prononcer sur une opinion de Jean XXII, enseigna sans doute à l’Université de Paris. Il laissa un renom de vertu autant que de science. Cf. les témoignages cités par Wadding, Annales minorum, t. ii, p. 597.

II. Œuvres. — 1° Sur l’Écriture. — 1. Postilla, ou Postillse perpétuas in Vêtus et Novum Testamentum. C’est le titre même de l’auteur, d’après Dôring : hoc ipsum opus suum Postillam nuncupare decrevit, t. i, ꝟ. 21 a. Nicolas de Lyre marque la date de la composition de diverses parties. Il commenta la Genèse en 1322, In Gen., i, 27, t. i, f > 24 a (ponctuation défectueuse dans l’édit. de la Biblia sacra, Anvers, 1634, t. i, col. 34) ; les psaumes et Isaïe en 1326, In ps. xxxii, prol. ; Is. ii, où Nicolas dit écrire en l’an 1293 après la mort du Christ, donc en 1326. La postille In Dan., ix, 3-27, fut ultimate correcta en 1328. Celle qu’il rédigea sur l’Apoc, xiii, 18, est de 1329. Une belle formule d’actions de grâces et de demande de prières composée par Nicolas quand il eut achevé ses commentaires est datée de 1330. Dans Baluze, Vitœpaparum avenionensium, Paris, 1693, t. i, col. 808. Nous y lisons qu’il a commenté d’abord les livres canoniques, de la Genèse à l’Apocalypse, puis les livres deutérocanoniques, en commençant par Tobie et en finissant par le IIe livre d’Esdras (notre IIIe livre d’Esdras, car il appelle livre de Néhémie le I Ie livre d’Esdras actuel). Cf. In Tob., i, 1. Ces commentaires sur les deutérocanoniques, plus brefs que les autres, sont donc des années 1329 et 1330. De même qu’il avait repris la postille sur les 70 semaines de Daniel et lui avait donné sa dernière forme en 1328, il compléta, en 1332, la postille sur Ézéchiel, XL-XLvm. Cf. t. iii, ꝟ. 187 b, 188 a. Notons enfin que Nicolas déclare qu’il ne commentera pas les prologues de saint Jérôme sur les livres de la Bible, mais qu’il a exposé ceux de quelques livres super quos scripsi anlcquam a libro Genesis inchoarem, t. i, f°3 a. Or, nous

avons des postilles de lui sur les prologues hiéronymiens de saint Luc, de la lettre aux Romains, et même des trois autres évangélistes, si l’édition de la Biblia sacra, t. v, col. 25, 29, 475, 1001, mérite confiance : en ce qui regarde saint Marc, elle est confirmée par les dires de Paul de Burgos et de Dôring, col. 479, 480. Il s’était donc occupé de ces écrits avant 1322, où il aborda la Genèse. — 2. Les Moralilales, ou Moralia, sont un commentaire mystique, allégorique, tropolo » ique et anagogique, de l’Écriture, plus court que le précédent. Il fut écrit après l’achèvement du premier, en faveur des leclores Bibliorum ac prædicalores verbi Dei. — 3. Tractatus de di/ferenlia nostree translationis ab hebraica littera in Veleri Testamento. Nicolas dit, prol., que la plupart de ces remarques se trouvent dans les Postilles, mais que, les étudiants n’ayant guère les moyens d’acheter cet ouvrage considérable, il a composé pour eux ce petit traité, qu’il a terminé en octobre 1333. Cf., sur la valeur de cet écrit, R. Simon, Critique de la Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques par E. Dupin, Paris, 1730, 1. 1, p. 353-357.-4. Quæstiones Veteris et Novi Testamenti.

Apologétique antijuive.

5. Le traité Contra

Judœos, mentionné par Trithème, De script, eccles., ꝟ. 122 a, fut publié sous des titres divers. Voir Juifs (Controverses avec les), t. viii, col. 1890. Nicolas de Lyre semble l’avoir intitulé : Quseslio de divinitate Christi. Cꝟ. 1. 1, ꝟ. 2 b. Il y renvoie encore à propos du Christ prophétisé. In Joan., v, 39. Il l’écrivit en 1309. En appendice aux Postillæ, Nuremberg, 1497, t. iv, ꝟ. 350 b. La date de 1239, donnée dans l’édition qui est en appendice à la Biblia sacra d’Anvers, t. i, col. 171 1, est une faute d’impression ; la date de 1309 est garantie par ce qui précède, col. 1710, où il est dit que 1235 années se sont écoulées depuis la destruction du temple, c’est-à-dire depuis l’an 74. Cf. In Dan., ix, 23. Sed postea, raconte Nicolas, f » 346 ft-347 a, là où il termine son exposé du sens du mot Elohim dans la Genèse, venit ad manus meas quidam libellus hebraice scriplus ubi preedicta ratio aliter solvitur. Il ajouta au traité une réfutation du libellus sur ce point, et dit qu’il omettait ad præsens d’autres objections du libellus, quia inlendo libellum istum improbare per omnia discurrendo ; en attendant, il renvoyait sur un autre point à son commentaire de la lettre aux Hébreux, bien postérieur à 1309. C’est donc longtemps après 1309 qu’il reprit son traité. L’écrit annoncé contre le libellus est sans doute le suivant : — 6. Traclalulus contra quemnam judœum ex verbisEvangelii Christum et ejus doclrinam impugnantem. Écrit postquam scripseram super utrumque Testamentum, dit-il, e : i appendice à la Biblia sacra d’Anvers, t. vi, col. 1716. Il analyse et réfute un libellus d’un juif.

3° Œuvres inédites. — 7. Quodlibeta theologica. Dans la partie de la postille sur Ézéchiel qui est de 1332, t. iii, f > 187 6-188 a, Nicolas renvoie à sa Qusestio de quolibet pour la réfutation des juifs disant que le Christ annoncé dans l’Ancien Testament ne serait point Dieu et qu’il n’est pas encore venu. — 8. Tractatulus de animx claustro. — 9. Tractatus de visione beatifica (à l’occasion sans doute du débat suscité par Jean XXII).

— 10. Commentarii in quatuor libros Sententiarum.

4° Œuvres douteuses. — 11. Contemplatio de vila et gestis sancti Francisci. — 12. Præceptorium, ou De decem prseceptis. Est plutôt d’Henri de Friemar. Cf. Kirchenlexikon, 2e édit., Fribourg-en-B., t. v, 1888, p. 1703. — 13. De idoneo ministrante etsuscipientesacramentum eucharistiic. — — 14. Prærogativæ gloriosee Virginis Mariæ. — 15. De cura clericali. — 16. De arte bene Vivendi et benc moriendi. — 17. Expositio in hymnos ecclesiasticos. — 18. Plusieurs inédits : De tribus statibus ad per/ectionem ; Libellus de naturis rerum ; Libellus de quibusdam nominibus per alphabetum