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missionnaire Jésuite, le P. Robert de Nobili. que l’on fait remonter l’idée ingénieuse d’une accommodation ussl large que possible de la pratiaue chrétienne aux habitudes de l’Inde. N.> : >ili. du moins, en posa clairement le principe, s’efforça de le Justifier, en déduisit les principales applications. Mais plusieurs de ces applications mêmes soulevèrent dès l’abord un débat, qui. porte a Rome, ne reçut pas a ce moment de solution définitive. I i bulle île Grégoire XV, Romanm

maintint, si l’on peut dire, une sorte

ao statu quo, favorable au développement des missions.

Ie Robert (. « Nobtli et lu première mission du

Module". lai mai 1605, débarquait à Goa un jeune jésuite, italien d’origine et de noble famille. Ne en ] a Montepulciano (Toscane), entre au noviciat en 1597, il avait, après de brillantes études au Col lège romain demande avec instances la mission des Indes. peine arrive a Goa, il est envoyé au collège de Cochln, pour se mettre au courant de la langue du pays ; après un court séjour a la Côte de la Pêcherie, théfttre des premiers exploits de François-Xavier, le jeune missionnaire est envoyé dans la ville de Madure. à l’Intérieur îles terres, capitale d’un petit royaume, place comme les royaumes voisins du Tanjore et du C.arnate sous la suzeraineté médiate du

1. Ainsi, abandonnant les côtes plus ou moins européanisées. Nobili allait entrer en contact avec des populations encore vierges et pourrait méditer a loisir sur les causes qui. auprès d’elles, rendaient à peu près stérile l’apostolat chrétien.

1. Difficultés présentées pur lu conversion des Hindous.

L’opposition était manifeste, en elTet, entre les résultats qu’un siècle d'évangélisation avait produits sur la côte et l'échec lamentable auquel semblait vouée à l’intérieur toute action évangélique. — Si l’on fait abstraction des missions catholiques qui, au début du xiv siècle, s'étaient établies dans l’Inde, mais n’avaient eu qu’une existence éphémère, l’on peut dire que l'évangéllsatlon du pays a commencé en 1198. C’est l’année où Vasco de Gama, ayant doublé le cap de Bonne-Espérance, arrive à Calicut, capitale du Malabare. Il est accompagné du trinitaire Pedro de Cavelham : dès 1500, abordent des prêtres séculiers et des franciscains ; en 1503, les dominicains s'établissent à Cochin. en 1510, a Goa, étendant bientôt leurs œuvres a Bombay, Madras, Ceylan, Méliapoure En 1534, le pape Paul III crée l’archevêché de Goa. qui aura plus tard trois évêchés suffragants, Cochin (1557), Cranganore (1600) Méliapoure

i et affirme le droit de Patronat » de Sa Majesté Très Fidèle, le roi de Portugal, sur toutes les chrétientés des Indes Orientales. De Surate au cap Cornurin, du cap Comorin aux bouches du Gange, la côte voit se développer des missions assez serrées à partir de Goa sur le rivage occidental, plus clairsemées a l’Orient. L’arrivée des jésuites, en 1511, avec saint François Xavier, donne une nouvelle et puissante impulsion à l'œuvre évangélique. C’est par dizaine de milliers que se comptent les baptêmes d’adultes administres par le grand apôtre des Indes. L’apostolat de Xavier prépare le terrain, où d’autres pourront travailler à loisir. Sur la Côte de la Pêcherie se fonde une chrétienté stable qui comptera, vers 1600, quarante-cinq mille fidèles.

Or, quand il se transporte a quelque vingt-cinq lieues à l’intérieur, dans la ville de Maduré, le I'. Nobili constate qu’il est presque impossible de gagner un prosélyte. Un Espagnol de ses confrères, le P. Gonzalve Fernandez, installé dans la ville depuis quelque

temps, groupe péniblement autour de sa petite chapelle un petit troupeau de chrétiens. Ce sont tous gens baptisés sur la côte, et que le trafic amène a Maduré. Isole au milieu d’une population qui le

repousse ei le méprise, le l'. Fernandez ne peut tain

tic recrues, A quoi peut tenir cet insuccès notoire '.'

Tout simplement a la différence des conditions où

s’exerce l’apostolat. Sur la côte, le prestige portugais ajoute un argument de valeur a ceux dont

dispose le, missionnaire, la perspective d’avantages

matériels accordes aux convertis, la crainte de sérieux désagréments réserves aux récalcitrants, les mesures

violentes prises contre les cultes idolâtres oui île

pour beaucoup dans un certain nombre de conversions :

le competie tntrare est un argument auquel ne résiste guère un peuple habitué depuis des siècles a subir

îles jougs successifs. D’ailleurs, à y regarder de près,

dans quelles classes de la population les conversions Se sont-elles faites ? A coup sur ce n’est pas chez les brahmes, dans cette caste supérieure dépositaire des doctrines et des règles traditionnelles, éducatricenée des Hindous, investie de temps Immémorial d’une sorte de sacerdoce. Ce n’est pas, en général, dans les castes inférieures à celles des brahmes, ksatrtas (ou guerriers), veissiaa (ou commerçants) ; la caste même des soudrus (on écrit aussi choutres), qui, à cette époque, comporte surtout des personnes de condition servile, est à peine entamée. C’est surtout parmi les parius et parmi les gens sans caste que le christianisme s’est répandu ; et cette propagation même semble automatiquement limiter aux classes les plus infinies de la population les bienfaits de de l’enseignement chrétien. Car, étant données les lois minutieuses qui régissent les rapports des castes, le contact obligatoire qu’entretient le missionnaire catholique avec le paria converti l’empêche, de manière à peu près absolue, de fréquenter les autres castes. Un choutre même se croit déshonoré s’il a contact avec le paria ou celui qui fréquente le paria ; s’il est obligé de subir ce contact, il devra laver la faute ainsi commise par diverses purifications ; s’il persiste en cette fréquentation, il peut s’exposer aux pénalités les plus sévères créées par le régime de l’Inde, finalement à la plus grave detoutes, l’exclusion de la caste. On voit dès lors à quel obstacle presque invincible se heurte l'évangéllsatlon d’un peuple ainsi constitué. Sur la côte, la difficulté s’est peu à peu atténuée par la coutume qu’ont prise bien vite les missionnaires portugais de dénationaliser les convertis. Ceux qui se sont rangés au christianisme ont dû adopter le costume, la coiffure, la manière de vivre des Européens, des Pranguis (corruption du mot Franc, qui dans tout le Levant désignait depuis longtemps les occidentaux). Il en est résulté dans les possessions portugaises l'établissement de trois classes de population : les Européens, les Indiens plus ou moins européanisés (désignés encore aujourd’hui sous le nom de topas), chrétiens au moins par le baptême, enfin les indigènes purs, de plus en plus impénétrables au christianisme.

Que si l’on pénètre à l’intérieur des terres, on se trouvera exclusivement en présence des indigènes purs ; l’existence de topas y est pratiquement impossible. Or, ces indigènes seront tenus à l'écart du missionnaire, et par les préjugés de caste et par ceux qui sévissent contre les Européens, les Pranguis. Tout us qu’ils soient des possessions portugaises, ils ne sont pas sans avoir entendu parler de ce qui se liasse sur la côte ; ils savent que les Pranguis se sont ravalés, par leur contact avec les parias, au niveau de cette classe méprisée, au niveau des gens sans caste. Rien, au point de vue du réoime des castes, ne peut laver les Européens de cette souillure indélébile.