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MALABARES RITES), DERNIÈRES DIFFICULTÉS
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Pour expliquer cette diminution, qui va s’accentuer
très vite dans la seconde moitié du xur siècle, il
faut faire état d’un grand nombre de causes extérieures. De terribles épidémies, île* famines analogues
a celles qui tout récemment encore ont fait aux
Indes tant de victimes, dos guerres longues et meurtrières-in i-i leur cortège d’incendies, <c pillages,
do t : ansplantat Ion des indigèi es, rendent déjà compte
de l’affaiblissement des chrétientés Indiennes. Mais
le coup le plus rude qui leur ail été porté, c’est assurément la suppression de la Compagnie de Jésus.
Quinze ans après la bulle Omnium solliciludinum,
la Compagnie est dissoute au Portugal : tous les
rtissants portugais qui sont dans les établissements de la côte sont embarqués pour l’Europe ;
beaucoup des missionnaires du Maduré, Mon qu’a
l’abri ilos atteintes gouvernementales, croient devoir
rallior le Portugal, abandonnant ainsi leurs chrétientés, r.iiu] ans plus tard, la suppression de la Compagnie en France porto un coup analogue à la mission « lu Carnate, Moins de
u moins faut-il inarquer le lien
historique qui le rattache à la querelle dos rites. —
il est entendu que la suppression de la Compagnie
fut arrachée a la faiblesse de Clément XIV par l’inqualifiable politique des cours bourboniennes. Mais
il faut rappeler néanmoins que plusieurs dos papes
précédents s'étaient déjà montres fort sévères aux
jésuites. De ce mécontentement pontifical, l’attitude
de certains membres de l’ordre dans la question
tes (malabares ou chinois), pour ne point parler
ici d’autres affaires relatives aux missions, fournit
une explication partielle. A lire d’atlilée les documents
romains qui s’y rapportent, on échappe difficilement
a l’impression que la patience de la Curie se lassait.
Pour désintéressés que fussent les motifs qui pous
- certains membres de la Compagnie à défendre
les anciens errements, pour excellentes que fussent les
raisons apportées sur nombre de points de détail,
pour sincères que fussent los protestations d’obéissance, l’impression se formait en Curie que les jésuites
ne savaient plus obéir. Savamment entretenue par
les nombreux adversaires de la Compagnie, renforcée par des accusations calomnieuses ou tout au
inoins par des exagérations mensongères, cette impression est-elle absolument étrangère a la publication
du bref Dominus ac Iiedemptor ' — lit si ce point
de vue est exact, voila en quoi la querelle des rites
eut quelque influence sur la ruine des missions de
l’Inde.
III. DKRMIBHS KCIIos ni LA QUERBLLB DBS l’a i l s
aixixe sikclk. — La bulle Omnium sollicittidiiuan a
mis un terme définitif aux querelles envenimées sur
la question des rites.
Toutefois la situation particulière faites au christianisme dans l’Hindoustan par les mœurs du
pays et le régime des castes ne laissera pas déposer au cours de six siècle, un certain nombre
de questions que Rome tranchera invariablement
dans le même sens que nous avons vu. I’ar ailleurs,
les missionnaires, liés par les serments dont nous
avons parlé, se trouveront exposés parfois à
diverses inquiétudes de conscience. Deux catégories
prits se rencontrent ici comme ailleurs : les
timorés ou les scrupuleux se demandant si, en se
pliant à telle coutume hindoue, ils n’ont pas violé
leur serment et ne sont pas tombés sous le coup des
Censures prévues ; Ce sont en gênerai les jeunes missionnaires fraîchement débarqués, et qui s'étonnent
de trouver ans Indes un christianisme si différent,
en apparence, de celui qui se pratique en Europe.
lai face d’eux les esprits larges, d’une largeur allant
parfois jusqu’au laxisme, qui ne s’inquiètent guère
des principes, regardent avant (oui aux applications,
se préoccupent dos résultais ; ce sont, pour la plupart,
des missionnaires anciens dans le métier, ayant pus
leur parti de coutumes auxquelles ils ne peuvent
remédier, s'étant formé la conscience et assez enclins
a se dire que, du moment que cela s’est toujours
fait, cela peut toujours solaire. A diserscs reprises
le conflit entre ces deux tendances a pris un caractère
plus ou moins aigu : les supérieurs hiérarchiques ont
toujours roussi a ramoner le calme. D’ailleurs, l’cu
ropéanlsation lente, mais p ogresslve do l’Inde, aboutira pou à peu à rendre le débat sans objet.
1° La transition.
Au lendemain do la dissolution do la Compagnie do JéSUS, ce fut la Société
des Missions Étrangères de Paris qui fut Investie du
soin des chrétientés jusque-là administrées par les
jésuites, par un accord entre le pape l’io VI et le
roi de France Louis XVI, conclu en I77ti. La situation des missions était loin d'être brillante. Depuis
onze ans que la Compagnie était supprimée
en France, rétablissement de l’ondichérv avait officiellement disparu ; les missions del’Intérieur avaient
cessé de recevoir les renforts et les subsides nécessaires ; plusieurs missionnaires avaient quitté leur
poste. Par ailleurs, les missions du Maduré avaient
été envahies par le clergé goanais, médiocre à tous
égards, plus préoccupé de bénéfices matériels que
du salut des âmes. L’absence de clergé indigène
régulièrement formé (les goanais ne pouvaient certes
passer pour formés) se faisait cruellement sentir.
Pour des raisons diverses, auxquelles la question
des rites n'était pas absolument étrangère, les
jésuites avaient toujours néglige d’en recruter ;
leur brusque départ laissait maintenant les églises
sans pasteur. Les Missions Étrangères curent pourtant la bonne fortune de pouvoir conserver un certain nombre des anciens missionnaires jésuites, d’oiigine française, qui assurèrent la transition entre
l’ancien et le nouveau régime. Cette circonstance
contribua beaucoup à garder, aux missions do l’Hindoustan méridional le caractère spécial que leur
avait Imprimé la Compagnie de lésus. Pendant
longtemps, les méthodes d’administration restèrent
sensiblement les mêmes, à cette différence près, que,
fidèle à l’un de ses principes directeurs, la Société
des Missions se préoccupa, dès l’abord, du recrutement d’un clergé indigène. Mais pour tout le reste,
il n’y eut pas grand changement : vii particulier la
séparation des castes continua do demeurer un des
articles fondamentaux.
Cette manière de faire se heurta pourtant, dès
l’abord, aux scrupules de plusieurs parmi les nouveaux
arrivants. Dès avant la promulgation du décret de
Benoît XIV, on avait fait beaucoup pour amener
une fusion des castes au moins dans los églises. Dans
l’intérieur des terres, on était arrivé à construire
des types d'église où les parias occupaient une
chapelle ou un transept compris sous le moine toil
que l’ensemble de la construction. A Pondichéry
on était allé plus loin : les parias occupaient un de
bas côtés de la Def et n'étaient sépares des ehoiitres
que par un petit mur d’un pied et demi de haut ;
la table de communion était commune, le s. uni ciboire
aussi, le baptistère également, bien que certaines
précautions fussent prises pour empêcher les protestations dos gens des casles. Mal ré tout, plusieurs
missionnaires se sentaient encore la conscience mal a