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M AL AT R A — M.LAXOS


l’auteur, dans sa discussion de « l’opinion probable » se range nettement au probabiliorisme.

Le Journal tirs Savants, année 1699, p. 180-184, donne une anayse détaillée de l’ouvrage. — Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. V, col. 398 ; Hurler, Nomenclator, 3e édit., t. iv, col. 957.

É. Amann.

MALAVAL François, ecclésiastique français (1627-1719). — Né à Marseille, le 16 décembre 1627, il devint aveugle à l'âge de neuf mois, ce qui ne l’empêcha pas de faire chez les oratoriens des études très complètes, ni d’acquérir une formation littéraire et théologique très étendue, ca 1 ' il fut reçu docteur en théologie et en droit canon. Il fut en relations avec les meilleurs esprits de son temps, spécialement avec la reine Christine de Suède, le cardinal Cibo, le cardinal Bona. Celui-ci lui obtint du pape Clément X, en 1674, la dispense nécessaire pour recevoir la tonsure ; mais Malaval ne fut pas élevé au sacerdoce. Il mourut dans sa ville natale le 15 mai 1719. — Il a publié des Poésies spirituelles, Paris, 1671 ; Cologne, (en réalité Amsterdam, ) 1714 ; une Vie de saint Philippe Benizi, Marseille, 1672 ; et, dans le Mercure de France de juin 1688, un Discours contre la superstition populaire des jours heureux et malheureux. Mais il doit surtout sa célébrité au fait que son nom fut mêlé à partir de 1680 à la querelle du quiétisme. Malaval avait fait paraître dès 1664, la Pratique facile pour élever l'âme à la contemplation, Paris ; 2e édit., augmentée et dédiée au cardinal Bona, 1673 ; édit. flamande à Rotterdam, 1668, Lichle Pratyke om de Ziel op te helffen tôt de Beschouwing (le Jôcher-Rotermund signale encore, sous le titre : La pratique de la vraie théologie mystique, une édition parue à Liège, 1709). La date de l’ouvrage indique assez que Malaval ne dépend pas, comme on l’a dit et redit, de Molinos, dont La guide ne parut qu’en 1675. Mais sa doctrine s’apparentait à celle du fameux mystique ; elle fut dénoncée, au moment où commença la levée de boucliers contre Molinos, par le P. Segneri, S. J., Concordia Ira la faticae la quiète nell' oratione, Venise, 1680. La condamnation de Molinos, en 1687, entraîna celle d’autres mystiques et en particulier celle de Malaval ; la traduction italienne de la Pratique fut proscrite par un décret du Saint-Office du 1 er avril 1688, en même temps que V Alphabet pour savoir lire en Jésus-Christ, du P. Falconi. Malaval se soumit. Son livre n’en continua pas moins à circuler en France. Lors du renouveau de la querelle quiétiste suscité par l’intervention de Mme Guyon, le nom de Malaval fut souvent prononcé. Bossuet, au début, ne lui était pas défavorable : « J’estime Malaval, écritil, mais non pas assez pour en faire une autorité. » Correspondance, édit. Urbain et Levesque, n. 945, t. vi, p. 69. Mais, à plus ample examen, il s’aperçut « qu’il serait obligé de le condamner pour plusieurs excès et entre autres parce qu’il éloigne de Jésus-Christ et de sa sainte humanité. » Corr., n. 1208, t. vii, p. 68. C’est ce qu’il fit en effet dans l’Ordonnance pastorede du 16 avril 1695, avec La guide de Molinos et plusieurs ouvrages de Mme Guyon. Dans l’Instruction sur les étals d’oraison, publiée en même temps, l'évêque de Meaux juge avec une sévérité voisine de l’injustice les doctrines de Malaval, « ce laïque sans théologie ». Voir surtout 1. I et II. Celui-ci dans une Lettre à M. l’abbé de Foresta-Colongue, vicaire général de Marseille, Marseille, 1695, se défendit d'être partisan de Molinos, mais cette lettre fut mise à l’Index le 17 janvier 1703. — Malaval avait laissé plusieurs ouvrages manuscrits : Traité des usages de la doctrine chrétienne ; Traité de l’obligation de sanctifier le dimanche ; Delicitr ubi explicatione quorumdam articulorum symboli fides stubilitur adversus deislas, gentiles et aliquot hæreticos ; Avis pour la conduite des grands ; Recueil de lettres de

piété et d'érudition écrite » à différentes personnes depuis 1648. Tout cela semble bien avoir disparu.

Mercure galant, juin 1723, juin et septembre 1739 ; Jôcher-Rotermund, Gelehrten Lextkon, t. iv, 1813 ; Abbé Dassy, Malaval, aveugle de Marseille, dans Mémoires de l’Académie de Marseille, 1868-1809 ; Cli. Vincens, Un rjuiétiste marseillais, dans les mômes Mémoires, 1893 ; Ch. Urbain et E. Levesque, Correspondance de Bossuet, t. vi, Paris, 1912, p. 03, 04 ; II. Bremond, Histoire littéraire du sentiment reliai : ux, t. iv, p. 486 sq., 497, 537, 512.

É. Amann.

MALAXOS Manuel, historien et canoniste grec du xvi c siècle. — Originaire de Nauplie en Morée, il abandonna sa patrie lors de la prise de la ville par les Turcs en 1529 ; il était en 1560 à Thèbes en Béotie où il remplissait auprès du métropolite Joasaph les fonctions de notaire. En 1577, on le retrouve à Constantinople, et Etienne Gerlach, qui lui achetait parfois des manuscrits, en trace à cette date ce pittoresque portrait : Est is admodum senex : pueros et adolescentulos grircos sub palriarcheio in parvula et misera casa docet, pisces siccaios in ea suspensos habet, quibus vescitur ipse coquens ; libros precio describit ; vino quicquid lucratur insumit ; pinguis et robuslus est. Crusius, Turcogrœcia, Bâle, 1584, p. 185. Le même Crusius assure avoir appris, en 1581, la mort de Manuel.

Parmi les œuvres historiques de notre auteur, il faut citer en premier lieu le B16Xîov ypovoYpaçiy.&v. sorte de manuel d’histoire depuis l’origine du monde jusqu’au règne du sultan Mourad IV. On en possède un très grand nombre de mss., la plupart anonymes ; aussi avait-on pris l’habitude de désigner cet ouvrage par le titre de Chronique de l’an 1570, en raison de la date de sa composition. Mais il n’est plus possible de révoquer en doute la paternité de Malaxos sur cette œuvre depuis les remarquables articles de Th. Preger, Die Chronik von Jahrc 1570, dans la Byzantinische Zeilschrift, t. xi, p. 15 sq., et de Chrysostome Papadopoulos, LTepl TÎjç èy.xKr t G.a.oziy.ï l ç /povoypacpîaç to0 i gt ' alcôvoç, dans l’ExxX^ciacTiy.ôç Oâpoç, Alexandrie, t.ix, p. 410-454. Elle a été imprimée pour la première fois à Venise sous le nom erroné de Dorothée de Monembasie, et cette erreur est reproduite dans toutes les éditions fort nombreuses parues ciepuis. — On a encore de Malaxos la Yia-piy.p/pà] laiogia. KcovaTavTivoi>7rôÀscoç allant de 1454 à 1578. Écrite en grec moderne comme leBt, 6>iov ypovoypaçiy.ôv, dont elle n’est souvent qu’un simple extrait, cette histoire a été publiée pour la première fois, avec une traduction latine, par Martin Crusius dans sa Turcogrœcia, et réimprimée dans le Corpus des historiens byzantins de Bonn en 1849. — Sur la foi de Nicolas Comnène Papadopoli, Fabricius et plusieurs autres après lui, même de nos jours, attribuent encore à Malaxos des Mémoires sur le Péloponèse, et un Opuscule sur les fautes des clercs. Mais ces titres sont de pures inventions de l’ex-jésuite crétois, le plus audacieux des faussaires. Inutile de nous y arrêter davantage.

Si l'œuvre historique de Manuel Malaxos est importante malgré la partialité qui s’y manifeste trop souvent, son œuvre canonique l’est davantage encore, en raison de l’immense popularité dont elle a joui durant trois siècles. Nous ne parlons pas des Scholies sur les canons pénitentiels de saint Basile, qui sont encore une invention de Papadopoli, mais du Momocanon, dont les manuscrits ne se comptent plus. A elle seule, la bibliothèque patriarcale de Jérusalem en possède vingt -neuf. Le titre varie, car on lit ici Nou.oxâvcov, là Noji.oxivovov, ailleurs BioÀfov vo^.ix6v, ou vojxoxptTr.ç. mais ces noms divers ne désignent bien qu’un seul et même livre. Seulement, le nombre des chapitres n’est pas toujours le même, et, pour retrouver dans