sont cuits, ils sont coupés en petits morceaux ronds, qu’on enferme dans des ilacons de cristal et qu’on garde dans la maison des prêtres. Le communiant reçoit l’hostie dans la bouche et n’a pas le droit de la toucher avec les doigts, sans quoi elle perdrait sa vertu et redeviendrait du pain ordinaire. L’eau du mambuha est distribuée après le pain, avec les paroles : « Bois et sois sauvé et affermi : le nom de la vie et le nom de Manda de Hajjê est nommé sur toi. » Kolwta, fol. 10.
Le troisième sacrement des mandéens est le kusta, qui signifie foi ou fidélité. Il s’agit, semblc-t-il, d’une solennelle promesse de fidélité faite par les néophytes après leur baptême : le kusta est une poignée de main solennelle, qui engage comme un serment, a Les frères selon la chair passent ; mais les frères du kusta sont solides. » Ginza Dextr., p. 18, 1. 10.
Celui qui veut s’assurer contre les risques de mort subite, et avoir la garantie d'être bien accueilli dans le monde lumineux, se fait réciter de temps à autre par l'évêque la masikta, par laquelle le consacré est engagé dans les liens d’une vie ascétique.
Les églises des mandéens (maskënâ) ne servent qu’aux prêtres et à leurs ministres, tandis que les laïques restent au dehors dans le parvis. Aussi sontelles toutes petites et ne peuvent-elles contenir que très peu de personnes. Chaque église a seulement deux fenêtres et une porte qui s’ouvre vers le sud de sorte qu’on regarde vers l'étoile polaire en entrant. A l’intérieur, il n’y a pas d’autel, mais quelques rayons sont disposés dans les coins, pour recevoir les objets qu’on voudrait y placer. Près de l'église doit se trouver un cours d’eau pour le baptême et les ablutions.
La hiérarchie est assez intéressante à signaler Les prêtres exercent, en effet, une influence considérable chez les mandéens. II y a trois degrés successifs dans cette hiérarchie : 1. Le schekanda qui correspond à peu près au diacre, ou au ministre. Il est choisi d’ordinaire dans les familles sacerdotales ou épiscopales, et il doit ne présenter aucune tare physique. Après le baptême d’admission, le futur ministre subit une longue préparation de douze ans chez les prêtres. L’aspirant peut être ordonné à partir de sa dix-neuvième année accomplie II doit apprendre un recueil de 40 prières et réciterchaque jour quelques-unes de ces prières, -j- 2. Après un ministère d’un an au plus, le schekanda est ordonné tarmidha, ou prêtre ; un évêque avec deux prêtres, ou, si l'évêque est empêché, quatre prêtres procèdent à la cérémonie. On commence par demander l’avis de la communauté sur le candidat. Si celui-ci est agréé, on construit deux huttes à quelque distance l’une de l’autre. Le candidat passe dans la première cabane une nuit de prières. Le lendemain, il se rend dans la seconde cabane, tandis que la première est immédiatement détruite, et il y demeure 6 jours et 6 nuits ininterrompus et, chaque jour, il doit revêtir un vêtement neuf et distribuer d’abondantes aumônes. Le huitième jour il est conduit au fleuve et baptisé par les quatre prêtres. Puis, pendant les 60 jours qui suivent, il doit chaque jour, se plonger trois fois dans l’eau tout habillé, et il ne peut reprendre un vêtement qu’après avoir récité une prière. Toute impureté sexuelle commise durant cette période oblige le candidat à recommencer la série des exercices. A la fin de cette préparation, un nouveau baptême est donné par les prêtres. Après quoi le candidat distribue trois chevreaux aux prêtres, quatre à la communauté ; il donne quatre vêtements et des aumônes aux pauvres ; et il est définitivement admis comme prêtre. — 3. Le ganzina, maître du trésor, est une sorte d'évêque. Il est choisi parmi les tarmidhas. En dehors des bap têmes qu se (accèdent pendant trois dimanches consécutifs, il doit avant d'être reconnu, expliquer trois des passages les plus difficiles des livres sacrés. D’après Pctermann. les mandéens connaissent encore un chef suprême de la religion, mais cette dignité n’existe plus dans la pratique, et les mandéens prétendent qu’elle n’a jamais eu que deux titulaires, un avant et un après Jean-Baptiste. Il est à noter que les femmes peuvent être élevées aux fonctions sacerdotales. Hlles doivent être vierges lorsqu’elles sont consacrées pour le diaconat. Mais lorsqu’elles veulent devenir tarmidha, elles doivent épouser un tarmidha ou un évêque, car leurs maris ne sauraient être moins élevés qu’elles-mêmes dans la hiérarchie.
Le vêtement des prêtres, dans leurs fonctions religieuses est complètement blanc. Il se compose principalement d’un pantalon et d’une tunique. Des deux épaules pend une sorte d'étole blanche, qui tombe jusqu’aux pieds et autour de la tête est attaché un turban.
Sur tous leurs enseignements et leurs pratiques, les mandéens d’aujourd’hui gardent un silence complet : ce silence s’explique en grande partie par la crainte des persécutions que le fanatisme des musulmans pouvait attirer contre eux. C’est surtout grâce à un converti, fils d’un prêtre mandéen, queN. Sioufii, alors vice-consul de France à Mossoul, put, en 187.01876, obtenir de précieux renseignements sur les usages et les croyances des mandéens. L’ouvrage de Siouffiest encore un document de premier ordre pour tout ce qui regarde la vie religieuse de la secte.
La langue sacrée des mandéens, celle dans laquelle sont écrits leurs livres religieux, est un dialecte araméen de la plus haute importance pour la linguistique. Le mandéen est très voisin, en effet, par son vocabulaire comme par sa grammaire, de la langue du Talmud de Babylone. A l'époque où les livres mandéens furent écrits, cette langue était parlée en des régions assez étendues. Il est possible qu’elle ait été, quelques siècles plus tôt celle de Mani ; en tout cas le Ginza reproduit textuellement des extraits d’ouvrages manichéens. Mais il y a longtemps que le mandéen est devenu une langue morte, et les fidèles d’aujourd’hui parlent l’arabe ou le persan, réservant leur langue nationale aux fonctions liturgiques.
Pour les sources, cf. sw : ra.
H. J. Petermann, Rcisen in Orient, t. ii, Leipzig, 1861, p. 82-137 ; M. N. Sioufii, Études sur la religion des Soubbas ou Sabéens, leurs dogmes, leurs mœurs, Paris, 1880 ; Babelon, Les Mandaïles, dans Annales de Philosophie chrétienne, i, p. 12 sq. ; W. Brandt, Die mandàische Religion, ihre Enlwickelung und geschichtlische Bedeutung, Leipzig, 1889 : V. Brandt, Mandàische Schriften, aus der grossen Sammlung heil. Biicher genannt Genza oder Sidra rabba iibcrsetzt und erlàulert, Gœttingue, 1893 ; W. Brandt, Das Schiksal der Seele nach dem Tode nach mandàischen und parsischen Darslellungen dans les Jahrbùcher für protest. Theol., 1892, t. xviii, p. 405-438 ; 575-603 ; H. Pognon, Inscriptions mandaïles des coupes de Khouabir, Paris, 1898-99 ; K. Kessler, art. Mandær dans la Proiesl. Realencgcl., 3e édit., t. xii, 1903, p. 155-183 ; M. Lidzbarski, Das mandàische Seclenbuch, dans la Zeitschr. der deusch. morgent . Gesells., t. lxi, Leipzig, 1907, p. 689-698 ; K. Brandt, Die Mandær ihre Religion und ihre Geschichte, Amsterdam, 1915 ; M. Lidzbarski, Mandàische Lilurgien, 1920 ; B. Beitzenstein, Ein iranisches Erlôsungsmijsterium, 1921. — Le Ginza vient d'être de nouveau traduit par M. Lidzbarski, Ginza, der Schatz odir das grosse Buch der Mandær, iibersetzt und crklàrl, Grettingue, 1925.
G. Bardy.
- MANDERSTOWN Guillaume##
MANDERSTOWN Guillaume. philosophe
écossais (1™ moitié du xvie siècle.) — Né à Manderston (comté de Stirling, Ecosse), il vint faire ses études
à l’Université de Paris, où il prit le grade de licencié