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1855
1850
MANICHÉISME, SOURCES CHRÉTIENNES


b) Saint Éphrcm a eu a plusieurs reprises l’occasion de combattre le manichéisme.

Les Sermones adversus hæreses, édit. romaine, t. v, col. 437-560, sont dirigés contre les partisans de Bardesane, de Marcion et de Mani. Aux manichéens, Éphrem reproche surtout leur doctrine de l’impureté de la matière.

Les Tractatus ad Hypalium adversus hæreses sont dirigés contre les mômes adversaires. Il faut en dire autant du discours intitulé : Ad Domnum. Le 1. I et des fragments du 1. II ad Hypalium sont édités par J. J. Overbeck, S. Fphrœmi Syri… opéra selecta, Oxford, 1865, p. 21-73 ; les fragments conservés des 1. II-V et le livre ad Domnum par C.-W. Mitchell, S. Ephraim’s prose réfutations of Mani, Marcion and Bardaisan, t. 1, The discourses adressed lo Hypatius, Londres, 1912 ; t. n (publié par A. A. Bevan et F. C. Burkitt), The discourse called of Domnus and six other writings, Londres, 1921.

Parmi les Carmina Nisibena, les numéros 43-51 défendent la foi à la résurrection contre les attaques de Mani, Marcion et Bardesane ; édit. G. Bickell, Leipzig, 18C6.

Tous ces écrits de saint Éphrem sont intéressants à consulter, parce que le diacre d'Édesse y donne d’utiles renseignements sur la littérature manichéenne.

c) Théodore Bar-Khôni, dans le livre des Scholies, écrit vers 791, consacre une section importante au manichéisme. Il s’inspire de saint Épiphane ; mais il possède une connaissance personnelle des écrits manichéens, dont il cite un certain nombre de phrases plus ou moins intelligibles. Cf. H. Pognon, Inscriptions mandates des coupes de Khouabir, Paris, 1899 ; F. Cumont, Recherches sur le manichéisme, fasc. 1, Bruxelles, 1908.

d) Michel le Syrien, dans sa Chronique, édit. J.-B. Chabot, Paris, 1900, p. 198-201, se montre exactement renseigné sur le manichéisme.

e) Il faut en dire autant de Bar-Hebrœus qui, dans sa Chronique ecclésiastique, édit. Abbeloos-Lamy, Louvain, 1892, t. i, p. 59-62, et dans son Histoire abrégée des dynasties, édit. Pococke, Oxford, 1663, p. 82, 83, donne certains détails intéressants.

/) L’arménien Eznik de Kolb, dans l’ouvrage connu sous le nom de De sectis, et qui d’ailleurs est bien plutôt un traité De Deo, consacre un passage à la doctrine des deux racines, exposée par les Zandiques, disciples de l’hérésiarque persan.

Sources grecques et latines.

1. Le plus ancien

auteur grec qui parle des manichéens semble bien être Alexandre de Lycopolis, à la fin du iiie ou au début du ive siècle. On doit à Alexandre un traité De placitis manichœorum, P. G., t. xviii, col. 409-448. L’auteur n’est probablement pas chrétien. Il connaît bien le manichéisme et semble avoir utilisé les œuvres authentiques de Mani, tout au moins les xsçdcXaia.

2. Parmi les chrétiens il faut donner la première place, tant par sa date que par son importance, à Hégémonius, l’auteur, inconnu d’ailleurs, des Acla Archelai. De cet ouvrage, écrit au ive siècle, nous ne possédons, à l’exception de quelques fragments grecs, qu’une traduction latine, qu’il faut lire dans l'édition de Beeson du Corpus de Berlin, Leipzig, 1906. C’est un dialogue ou plutôt une série de dialogues entre Archélaiis, évêque de Kashkar, et Mani. Quelques personnages épisodiques, Turbo, disciple de Mani, Marcellus, chrétien de Kashkar traversent la scène. L’auteur a puisé ses renseignements à de très bonnes sources. Sans doute, on y trouve déjà un certain nombre d'éléments légendaires ; mais sa connaissance des écrits de Mani l’a préservé de beaucoup d’erreurs, et lui a permis de tracer une image exacte de la doctrine. Cf. K. Kessler, art. Mani, Manichûismus, dans

la l’rotest. Realenc, t. xii, p. 196 ; P. Alfaric, op. cit., t. il, p. 3-8.

3. Sérapion de Thmuis (t vers 358) a écrit contre les manichéens un traité important, qui a été réemployé par Titus de Bostra, quelques années après la mort de son auteur. Cf. A. Brinkmann, Sérapion von Thmuis, dans les Sitzungsberichte de l’Académie de Berlin, 1894, p. 479-491. Pour l'œuvre de Titus, voir l'édition de P. de Lagarde, Titi Boslreni quæ ex opère contra manichœos edito in codice Hamburgensi servatu sunt græce, Leipzig, 1859. L'écrit de Sérapion figure dans P. G., t. xl, col. 900-924.

4. Saint Épiphane a consacré l’hérésie lxvi à Mani et au manichéisme. Il utilise surtout les Acta Archelai et l'œuvre de Titus de Bostra. Son érudition est ici un peu courte, et l’on n’a pas grand’chose d’important à en tirer. P. G., t. xlii, col. 29-172.

5. Autant faut-il dire de l’ouvrage de Didyme d’Alexandrie, Adversus manichœos, P. G., t. xxxix, col. 1085-1109, qui n’a rien de particulièrement remarquable.

6. On doit, au contraire, donner une place à part aux traités antimanichéens de saint Augustin. Celuici a une connaissance directe du manichéisme, dont il a fait profession pendant neuf ans, entre sa 19e et sa 28e année. Il a étudié les écritures manichéennes ; il a défendu avec ardeur les doctrines de la secte, à laquelle il a recruté des adhérents. Converti au catholicisme, il a continué à s’intéresser au manichéisme, à en lire les livres, à en étudier les doctrines. Il est donc un témoin d’une exceptionnelle autorité. Les ouvrages dans lesquels il prend à parti ses anciens coreligionnaires et qui doivent être ici signalés sont les suivants :

a) De moribus Ecclesiæ catholicæ et de moribus manichœorum libri duo, P. L., t. xxxii, col. 1309-1378, commencé à Borne en 388 et achevé en Afrique en 389.

b) De libero arbitrio libri très, P. L., t. xxxii, col. 1221-1310, commencé en 388 et achevé seulement en 395. Sur l’origine du mal qui provient du libre arbitre.

c) De Genesi contra manichœos libri duo, P. L., t. xxxiv, col. 174-220 ; écrit à Thagaste en 389 ; justification des trois premiers chapitres de la Genèse contre les objections manichéennes.

d) De vera religione liber unus, P. L., t. xxxiv, col. 121-172, rédigé à Thagaste en 390. L’ouvrage est consacré à établir l’existence d’un Dieu unique, contre le dualisme des manichéens.

e) De ulilitate credendi ad Honoratum, P. L., t. XLn. col. 65-92 ; édit Zycha, dans le Corpus de Vienne, t. xxv a ; écrit à Hippone en 391.

/) De duabus animabus contra manichœos, P. L., t. xlii, col. 93-112 ; édit. Zycha, ibid. ; composé en 391. Sur l’enseignement manichéen des deux âmes.

g) Acta seu disputatio contra Fortunatum manichœum, P. L., t. xlii, col. 111-130. Sur l’origine du mal ; compte rendu sténographié d’une discussion tenue les 28 et 29 août 392.

h) Contra Adimantum Manichœi discipulum, P. L., t. xlii, col. 129-172 ; édit. Zycha, dans le Corpus de Vienne, t. xxv a ; rédigé en 394. Sur les contradictions entre l’Ancien et le Nouveau Testament.

Contra epistolam Manichœi quam vocant fundamenti, P. L., t. xlii, col. 173-206 ; édit. Zycha, ibid. ; de 397. Très important : cf. ci-dessus col. 1845.

/) Contra Faustum manichœum libri triginta très : P. L., t. xlii, col. 207-518 ; édit. Zycha, ibid. ; rédigé vers 400. Réfutation d’un ouvrage de Faustus, évêque manichéen de Milève.

k) De actis cum Felice manichœo libri duo, P. L., t. xlii, col. 519-552. Discussion sténographiée, tenue à Hippone les 7 et 12 décembre 404.