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    1. MARIAGE##


MARIAGE. FORMATION DE LA DOCTRINE CLASSIQUE

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La doctrine de l'étal de mariage est déjà bien déve loppée dans legrandes œuvres de la On du an' el du début du mue siècle : la Somme de Simon de Tournai, composée crs 1190 (d’après M. le chanoine Warichez), liibl. Nat., ms. lat. 3203 ; celle de Magister Martinus antérieure à l’année vioo. Blbl. Nat., ms. lat. U celle d'Étiennc Langton qui vécut a Paria entre 1180 cl 1206, Blbl. Nat., ms. lat. n ! 5fi ; celle de Prévost in 1209, d’après M. l’abbé l.acombe qui en prépare une édition critique) ; la Summa de sacramentis de Pierre k Chantre († 1197), Bibl. Nat.. ms. lat. ilmit dépend le De malrimonio de Robert de Courson (entre 1201 et 1210 selon M. l’abbé Malherbe dont nous utilisons la transcription polycopiée) et qui est Inspirée par un esprit pratique, moral, reconnalssable encore dans le De sacramentis Eccttsise de Guy d’Orchelles, Bibl. Nat.. ms. lat. 17 SOI et, selon Grabmann, liehte, t. n. p. ls > s sq., dans une Summa desacramentis, do Munich, Clm 22

La Summaaurea de Guillaume d’Auxerre, vers 1220, Paris (Pigouchet), 1500, n'élargit pas sensiblement les problèmes relatifs au mariage ; elle mérite, cependant, a cause de son Influence, beaucoup d’attention ; et l’exposé de Guillaume d’Auvergne dans son De sacramentis, Opéra omnia, Venise, 1591, p. 184-500 (rédigé entre 1223 et 1228, sauf les c. î et u. De sacramentis in mentre, postérieurs à 1228), de caractère avant tout moral, n’offre un intérêt spécial que par le rôle qu’il semble assigner à la bénédiction nuptiale. Nous avons relevé quelques progrès dans les Commentaires sur les Sentences vraisemblablement composés entre 1230 et 1240 par Roland de Crémone, Bibl. Mazarine. ms. lat.

. Ehrle, dans Miscellanca dominicana, 1923, p. 85-134 ; Godefroy de Poitiers, Bibl. Nat..

ms. lat. ; //-'. fol. I03sq. ; et Hugues de Saint-Cher, ms. de la Blbl. de Haie. H. II. 20, fol. 139-150. Philippe île (.rêve (+ 1238) traite de lu continence, sans grande milité, Bibl. Nat.. ms. lut. 1 ; 74H. fol. 129 sq. (M. Muylan nous donnera -ans doute une édition de cette Somme).

La grande époque, pour la théologie du mariage, comme pour toute la théologie scolastique, c’est le milieu du mit siècle. Entre 1245 et 1258 sont compo" utre la Somme d’Alexandre de Haies, dont il est difficile, actuellement, de faire usage autant qu’on le voudrait, encore que les travaux du P. Minges nous rendent compte de bien des parentés, les quatre Commentaires fondamentaux sur les Sentences d’Albert le Grand (1245-1249), de saint Bonaventure (12481254), de suint Thomas d’Aquin (1254-56) et de Pierre de Turentaise i 1256-58). Les deux premiers présentent avec une ampleur nouvelle toute lu doctrine du mariage. Celui de suint Thomas, qui eut une très grande diffusion, emprunte beaucoup à Albert le Grand qui occupe une pluie de tout premier ordre dans ce chapitre d’histoire littéraire. Noue sommes loin de connaître toutes lesource, de saint Thomas, dont l’originalité, ici comme en bien d’autres lieux, réside surtout dans la méthode et lu technique : cf. Grabmann, La Somme théologique de saint Thomas d’Aquin, trad. Vansteenberghe, p. 116 sq.. 1 r> sq. Voir sur chaque point lu Bibliographie thomiste du l Mandonnet, 1921. Pierre de Tarentaise suit de fort près suint Thomas. Les Commentaires d’Albert le Grand, saint Bonaventure. suint Thomas d’Aquin posent ù peu près tous les problèmes qui ont occupé le Moyen Age : ministre, matière et forme, efficacité ; ils ouvrent ces rubriques a peine entrevuepur leurs prédécesseurs soulesquelles parfois, leur pensée est encore mul assurée et qui susciteront de v i vives querelles. Sur bien des points déjà truite. il I résument et terminent, ou a peu près, l’effort des scolastiques.

Cette merveilleuse période des Commentaires cla*.

Siques sur les Sentences, est aussi celle des grands traites

de théologie, la vente, ils ne contiennent que peu de fragments originaux sur la doctrine du mariage, La Summa contra gentiles n’offre qu’un expose bref et peu Instructiꝟ. 1. m. e. cxxii-cxxvi ; I. IV. c. Lxxvrn. la Somme, plus tardive, de Célestln v n’a rien de

notable. Quant à la Somme thëologique, « n sait que

saint Thomas ne l’a point achevée, Le Supplementum, ajoute par Raynald de Piperno, contient le traité du

niariuge emprunté au Commentaire sur les Sentences.

l.es q, xii-ixviu du Supplementum sodl composées d'éléments fournis par les Commentaires de saint Thomas sur les dist. l Nl.ll du IV livre des Sentences, regroupés, adaptes au mode d’exposition de la Somme. Mandonnet, Des écrits authentiques de saint Thomas d’Aquin, 2*édlt., 1910, p. 153 sq ; Grabmann, /" Somme thiologique, trad. Vansteenberghe, p. 33 sq. Il faut déplorer aussi qu’aucun des manuscrits de la Somme d’Ulrich de Strasbourg (que do.it publier une élève de l'École des Chartes) ne contienne le De sacramentis. Jusqu'à ces dernières années, on pouvait ajouter à la litanie des regrets un nom encore, celui d’Albert le (irand. dont une partie de la Summa île ereaturis était perdue, encore le De sacramentis. Mgr Grabmann u découvert récemment celle partie précieuse dan, un manuscrit de la Bibliothèque Marciana, à Venise, que nous avons pu étudier. Cod. Class. IV, n. 10. fol. 210-218. On trouvera lu série des questions de ce traité exclusivement théologique dans M. Grabmann, Drei ungedrùckte Teile der Summa de ereaturis Alberts des Grossen, dans (Juellen und T’orschungen : ur Geschichle des Dominikanerordens in Deutschland, fasc. 13, Leipzig, 1919, p. 63. Le fragment De sacramentis semble antérieur au Commentaire sur les Sentences (ibid.. p. 7 I) : on y pourrait donc voir une première ébauche de lu pensée d’Albert le Grand sur le mariage.

Les grands docteurs que nous venons de citer avaient abordé et résolu sans divergences graves presque tous les problèmes théologiques relatifs au mariage. Richard de Mediavilla, ù la Qn du xiir siècle, enrichit et affermit sur plusieurs points la tradition (les livres de Hocedez et de Lechner, punis en 1925, nous aideront ù le montreri. Mais déjà s’est ouverte une ère de disputes et de criticisme. C. Michalski, Le eriticisme et le scepticisme dans la philosophie du XIVe siècle, extrait du Bulletin de l’Académie polonaise îles Sciences et îles Lettres, année 1925, Cracovie, 1926. Plusieurs théologiens de grande envergure proposèrent sur quelques points des opinions nouvelles qui eurent de longues répercussions. Pierre Olive, vers l’année 1280, faisait du mariage un sacrement dénature spéciale (voir les études du P. Déni fie et le ms. Vat. lut. 4986, dont nous avons pris connaissance), el c’est, en définitive, son opinion qui a été reprise avec éclat par Durand de Saint-Pourçain († 1334), dont un livre de Koch nous permettra bientôt de mieux mesurer l’importance.

Dans les toutes premières années du xiv siècle, de très originaux Commentaires sur les Sentences étaient proposés a Oxford et à Paris par Duns Scot. La question de la date et de la forme de ces (envies est actuellement en litige : l'élude très minutieuse que l’on fait des mss. nous donnera, sans doute, de nouvelles certitudes. Cf. Ch. Balic, Quelques jirécisions fournies par la tradition manuscrite sur la oie, les auprès et l’altitude doctrinale de -Iran Duns Scot. dans Renie d’histoire ecclésiastique, 1926, p. 551-566 ; I-'r. Pelsler. Duns ScotUS nui II eni/lisiiien lliindschri/len. duns 'L’itschri/t ji/r kathol. Théologie, 1927, t. m. p. 65-80 (voir notamment, p. 79 sq., l'état actuel de la question i.

L’assimilation du mariage aux autres sacrements,