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MARIE, VIRGINITÉ : ENSEIGNEMENT PATRIOTIQUE

leurs chez.Justin, JJial., 63, une variante de Joa., i, 13, différente du texte reçu : non enini ex voluntate carnis, nequc ex voluntate uiri sed ex voluntule Dei Verbum euro /acluni est, col. 921 sq. A cette variante on ne pourrait attribuer aucune influence réelle sur renseignement de l'évêque de Lyon, puisque la conception virginale est suffisamment prouvée par les autres textes cités. Irénée affirme particulièrement la virginité In partit dans le passage où il parle de la naissance du Verbe divin qui s’est fait chair, ou du Fils de Dieu qui est en même temps fils de l’homme : purus pure puram aperiens uulvum, eam quie régénérai homines in Deum, quam ipse puram jecil. Cont. hær., IV, xxxiii, 11, P. G., t. vii, col. 1080. La triple expression pure aperiens puram uuluam, quam ipse puram fec.it, soit qu’on la prenne en elle-même, soit que l’on considère les autres textes que nous venons d’indiquer, atteste hautement la permanence du sceau de la virginité, en même temps que le passage miraculeux du corps de Notre-Seigneur, voir Ipénée (saint), t. vii, col. 2483 sq. Nous aurons bientôt l’occasion de rencontrer, chez plusieurs autres Pères des siècles suivants, ce même sens de Vapertio vulose.

Avec leurs allusions évidentes aux symboles de foi et à l’enseignement du Nouveau Testament, les expressions que nous venons de constater chez saint Justin et saint Irénée sont une preuve évidente que la source première de leur doctrine n'était point le Protevangile de Jacques ou quelque enseignement docète, mais l’enseignement révélé, transmis par la tradition et attesté par l'Écriture.

d) Au commencement du iiie siècle, on rencontre chez Clément d’Alexandrie une allusion à la virginité de Marie dans l’enfantement de Jésus. Strom., VII, xvi, P. G., t. ix, col. 529 sq. Son affirmation repose sur cette citation scripturaire, Tétoxs xai où tétoxs, dont on ne peut assigner la provenance. L’indication que Marie aurait été aidée dans l’acte de l’enfantement et qu’elle y fut trouvée vierge est vraisemblablement un emprunt au Protevangile de Jacques déjà cité.

e) En mentionnant les vérités de foi que nous devons croire, Tertullien affirme à plusieurs reprises la naissance du Fils de Dieu ex virgine Maria. Prsescript., 26, P. L., t. ii, col. 49 ; Adv. Jud., xiii, col. 635, De virg, velandis, i, col. 889. Il enseigne expressément la conception virginale. Nous devons croire, comme vérité de foi, que le Verbe divin est venu dans le sein de la vierge Marie par la puissance du Saint-Esprit et qu’il s’y est fait chair. Præscript, 13, col. 26. Comme le premier Adam a été formé de la terre encore vierge, ainsi le nouvel Adam de terra id est carne nondum generalioni resignata in spirilum vivificantem a Deo est prolatus. La parole productrice de la mort était entrée dans Eve encore vierge ; dans une vierge devait entrer le Verbe divin producteur de la vie. Il ne convenait pas que le Fils de Dieu naquît ex semine humano, car il n’aurait rien eu de plus que Salomon et Jonas ; tout entier fils de l’homme, il n’aurait point paru comme Fils de Dieu et l’on pourrait croire à l’opinion d'Ébion. Ergo jam Dei filius ex patris Dei semine id est spirilu ut esset et hominis filius, caro ei sola erat ex hominis carne sumenda sine viri semine. De carne Christi, xvii, sq., col. 782 sq. Mais la virginité in partu, malgré les affirmations générales précitées, malgré l’interprétation explicite donnée au texte d’Isaïe, Ecce virgo concipiel et pariet fdium, Adv. Marcionem, ii, 13, col. 338, apparaît formellement niée. Il semble que Tertullien n’ait pas vu d’autre moyen de prouver contre les docètes de toute dénomination, que Jésus est né non per virginem, comme le voulaient ces hérétiques, mais ex virgine, non in

vulva, mais ex vulva. De carne Christi, xx, col. 785. Aussi, selon lui, on ne peut admettre que le Yerbe s’est fait chair non ex vulvie communication, nihll operata vulva, nihil funcla, nihil passa, col. 787. Marie n’a pas été vierge dans son enfantement, non virgo quantum a partu. Si elle a été vierge dans la conception elle ne l’a pas été dans l’enfantement. Et si virgo concepit, in partu suo nupsit, col. 907. — Un peu plus tard Tertullien rejette aussi la virginité de Marie posi parlum. Après avoir enfanté Jésus, Marie a été virum passa, De virg. velandis, vi, col. 898. Ayant enfanté Jésus dans la virginité, elle devait être nuplura posl partum. De monogamia, 8, col. 939.

/) Origène († 254) dit expressément que le Fils de Dieu a été conçu de la vierge Marie par l’opération du Saint-Esprit. Periarch., I, 4, P. G., t. xi, col. 117 : Contra Celsum, I, 69 ; VI, 73, col. 789, 1408 ; In Luc, nom. vi, xiv, xvii, xix, t. xiii col. 1814, 1837, 1842, 1850 ; In Epist. ad Rom., v, 9, t. xiv, col. 1046 ; In Gènes., hom. xvii, t. xii, col. 257 ; In Exod., nom. xii, 4, col 386 ; In Lev., xiii, 2, col. 493 sq. ; Comment. in Matth., tom. x, 17, t. xii, col. 877. La prophétie d’Isaïe, vii, 14, est interprétée dans le même sens. Contra Cels., I, 34 sq., t. xi, col. 725 sq. Quant à la virginité de Marie in partu, Origène ne paraît point constant dans ses affirmations. Dans ses homélies sur saint Luc, il admet que Marie a eu besoin de purification, hom. xiv, P. G., t. xiii, col. 1834, et que Matris Domini ex tempore vulva reserata est quo et partus edilns, col. 1836. Quelques années plus tard, dans son commentaire sur le Lévitique, il disait formellement : De Maria autem dicitur quia virgo concepit et peperit. Il montrait que Marie est appelée millier par saint Paul, Gal., iv, 4, non pro corruptela inlegrilatis sed pro sexus indicio, et que la loi du Lévitique, Mulier si susceplo semine peperit masculum immunda erit septem diebus juxta dies séparât ionis menslruse, xii, 2, ne s’applique point à Marie, cujus partus non ex conceptione seminis, sed ex præsentia sancti Spirilus et virtute Allissimi fuerit. In Lev., hom. viii, t. xii, col. 493 sq. Doit-on conclure qu’il y eut, sur ce point, chez Origène, des opinions successives, ou la reseratio vulvæ signifie-t-elle simplement egressio ex utero, sans qu’il y eût aucune atteinte à l’intégrité virginale, au sens admis dans les siècles suivants par plusieurs auteurs ecclésiastiques, selon la remarque de saint Thomas, Sum. theol., III 4° q. xxviii, a. 2, ad 1°™? Les textes que nous possédons actuellement ne nous permettent point de le déterminer avec certitude. — Quant à la virginité post partum, elle est plusieurs fois nettement affirmée : Comment, in Matth., tom. ix, 17, t. xiii, col. 877 ; In Luc, hom. vii, col. 1818 ; Comment, in Joa., i, 6, t. xiv, col. 32. On remarquera que, selon Origène, les frères de Jésus étaient des fils de Joseph issus d’un mariage précédent. Comment, in Matth., tom. x, 17, t. xiii, col. 877.

g) Une homélie de saint Grégoire le Thaumaturge († 270) sur la naissance de Jésus-Christ, traduite en arménien et considérée comme authentique par plusieurs critiques, atteste la virginité de Marie in partu. La Vierge n’a pas souffert la corruption parce qu’elle a enfanté d’une manière spirituelle. Par un miracle, la Vierge enfante en restant vierge. Il convenait que celui qui est le docteur de la chasteté sortît, avec une gloire resplendissante, d’un sein pur et immaculé. Le texte d’Isaie Ecce virgo concipiel et pariet ftlium est cité à l’appui de cet enseignement. Homil., i, 8, 13, 14, 16, dans Analecta sacra du cardinal Pitra, Paris, 1883, t. iv, p. 383 sq. La virginité perpétuelle de Marie est aussi affirmée, suivant l’enseignement des prophètes, unie et post partum, p. 392.

h) A la fin du nie siècle, la réponse doctrinale du