Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dement nous empêchent souvent d’apprendre bien des choses qui peuvent être utiles.

Comme nous finissions notre Bougy, une calèche élégante attelée de deux beaux chevaux harnachés avec luxe, — derrière laquelle se tenait, fier et raide, un chasseur magnifiquement empanaché, — montait la rue rapide. Cet attelage de luxe sentait Paris.

L’hôtesse, qui était accroupie devant sa porte et tenait dans ses bras son marmot en train de faire ses premières dents, m’apprit que cet équipage a pour maître notre préfet de police, M. Delessert. La superbe campagne de Bougy-Saint-Martin, tout près d’Aubonne, appartient à sa famille.

— Ne serait-il pas beaucoup plus convenable qu’elle m’appartînt à moi ?

Un jeune paysan vient d’entrer dans l’auberge.

— C’est le fils du fermier de votre endroit, m’a dit aussitôt maître Bron.

Toujours cette plaisanterie cruelle !

Aujourd’hui mon nom me poursuit partout, je ne puis faire un pas sans l’entendre prononcer, et à l’église je l’ai lu sur les stalles de mesdames Delessert.

Je trouve cela original.