Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/191

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comte de Genevois ; ce moutier d’un âge si respectable m’a rappelé ces vieillards qui s’adonisent, se parent et se teignent les cheveux pour cacher leurs années ; je n’ai vu qu’un grand bâtiment blanc à contrevents verts, — ce qui n’est rien moins qu’abbatial et moyen-âge, — avec onze fenêtres sur la façade principale, entouré de terrasses superposées, de fraîches prairies en pente, de parterres odorants, et dominé par les grandes forêts sourcilleuses, sévères, qui tapissent la montagne et touchent la frontière française. Ces forêts luxuriantes forment un contraste qui m’a été pénible avec celles de notre Jura, généralement maigres, chétives et dévastées dans toute l’étendue de l’arrondissement de Gex.

Bonmont domine les campagnes et se détache de loin sur ses bois et ses pelouses aux teintes éclatantes, le lac, vu des terrasses, n’est qu’une ligne azurée à l’horizon.

On m’a montré l’église conventuelle, jadis vaste et haute, aujourd’hui méconnaissable, coupée par plusieurs planchers. La partie inférieure sert de chantier, l’on y a entassé des bois de construction.

Une tour carrée surmonte ces bâtiments derrière lesquels existe encore un portail de forme ogivale muré et soutenu par des piliers historiés, en pierre.

Devant, une dalle fendue, couchée sur le sol, porte