Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/205

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de l’obscurantisme et de l’esclavage qui signalèrent toujours et partout leur présence par les troubles, la guerre, les forfaits, et furent institués surtout pour combattre les églises protestantes, possédaient une maison à Ornex, dans la contrée dont je m’occupe, sur les confins de l’État de Genève.

C’était leur avant-poste, leur vigie, leur endroit d’observation à l’extrême frontière de l’hérésie calviniste.

On m’a conté que l’évêque de je ne sais quel diocèse, qui avait reçu une dénonciation sur le desservant d’un village, le manda et lui adressa une semonce, lui reprochant d’avoir dans son presbytère certaine servante dont l’âge, assurait-on, n’était nullement canonique.

Le curé écouta avec soumission et bénignité la réprimande épiscopale et répliqua :

— Monseigneur, je ne vous dirai qu’une chose pour ma défense : c’est que ma servante a l’âge d’une vieille vache.

— Dois-je vous croire ? demanda le prélat.

— C’est la vérité, monseigneur, c’est la pure vérité.

L’évêque, satisfait de cette déclaration et convaincu de l’innocence du curé, le renvoya chez lui.

À quelque temps de là, un paysan de la paroisse du curé se trouvant en présence de l’évêque, celui-ci lui parla de la dénonciation calomnieuse et rapporta littéralement la défense du desservant.