Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Blanc, dont les glaciers découpent leurs faîtes anguleux sur un ciel bleu et se réfléchissent dans une eau semblable à une nappe de saphir. Quel coloris, quel harmonieux ensemble ! Je suis émerveillé, transporté, mon admiration tient de l’enthousiasme.....

Prégny a eu comme Genthod son savant solitaire, le Genevois François Huber, entomologiste connu par ses découvertes curieuses et célébré par Delille dans le poëme des Trois Règnes.

L’histoire de cet observateur patient autant que sagace est étonnante et touchante à la fois.

Huber fut atteint de cécité à quinze ans, après s’être égaré une nuit dans la campagne où un froid très vif et une neige éblouissante affectèrent sa vue déjà très affaiblie. Ce malheur sans remède n’empêcha pas une jeune fille qu’il aimait de l’accepter pour mari malgré des obstinées oppositions de famille.

Cette aimable personne de la famille Lullin, dont le nom figure dans l’histoire de Genève, ne se repentit point de son dévouement ; elle s’appliqua jusqu’à son dernier jour à consoler l’aveugle, à lui rendre la vie douce, facile, et y réussit au-delà de son désir ; elle l’aidait dans ses travaux, de concert avec un Vaudois nommé Burnens (jeune homme plein de sagacité et d’amour pour les investigations scientifiques), elle lui servait de secrétaire, elle le charmait par l’aménité de son carac-