Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/334

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En suivant la route je suis arrivé à Vesenaz, où j’ai remarqué une maison de paysan qui a dû être jadis un logis de noble ; elle est flanquée d’une tour ronde, atteinte d’obésité par affaissement, et ornée de galeries extérieures, de bois à jour d’un charmant effet rustique.

Je me suis mis à rôder à l’entour, cherchant un point de vue convenable pour la dessiner, mais comme il eût fallu faire couper un gros noyer et pratiquer une trouée dans un mur de clôture, pensant que le propriétaire pourrait bien être assez peu complaisant, assez peu ami des arts, pour s’y refuser, j’ai passé outre.

Le temps était entièrement brumeux, il faisait un grand vent, parfois il tombait de petites ondées d’une pluie fine, et de grosses vagues d’émeraudes à la crête d’argent couraient vers Genève poussées par la bise.

Je cheminais les mains au fond de mes goussets, le bâton sous le bras, le manteau sur les épaules, quand j’entendis la métallique mélodie d’une sonnerie de paroisse, qui venait du centre des terres, en tirant vers la montagne.

Son intonation plaintive, qui avait quelque rapport avec celle de Lavigny, était triste, gémissante ; ces cloches pleuraient sans doute un trépassé ; je conjecturai qu’elles jouaient dans le ton de sol mineur. Le même rythme fort simple se reproduisait sans cesse.

Le si et le sol, sur lesquels roulait toute la mélopée,