Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cela ne m’a jamais étonné le moins du monde. — À de si doux lieux il faut nécessairement de doux noms.


D’Hermance je me suis dirigé vers Jussy par Veigy, Foncenex, — villages de Savoie, — et par celui de Gy qui dépend de Genève. Le premier m a rappelé François de Sales, dit l’apôtre du Chablais, qui préféra, — au grand déplaisir de ses parents, — prendre la soutane que de prendre pour femme Mlle de Veigy, fille d’un conseiller d’État du duc de Savoie, et juge-mage de la province. Les auteurs qui ont écrit la vie de cet évêque ne manquent pas, selon l’usage, de lui faire un grand mérite de son renoncement et de nous représenter la dédaignée demoiselle comme une personne accomplie de tous points.

Entre Gy et Jussy on trouve le Crêt, petit château à deux sveltes tourelles, sur un monticule de vignes ; il est surmonté d’une lanterne et n’a presque pas de fenêtres, sa terrasse tournée au midi supporte deux pavillons symétriques.

Une maison sans fenêtres, n’est-ce pas une tête sans yeux ?

Cette seigneurie appartint, vers le milieu du quatorzième siècle, à la maison de Blonay, une des plus anciennes de la vallée du Léman, et, au dix-septième siècle, à Théodore Agrippa d’Aubigné.