Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/407

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Savoie, se pressait dans la grande salle d’apparat d’une vaste et belle habitation construite depuis peu au bord du Léman, près d’un couvent de l’ordre de Saint-Augustin, au milieu d’un immense parc de chênes planté en étoile et dont les sept allées avaient chacune pour perspective une ville ou un bourg du Pays-de-Vaud. Cette demeure, construite à grands frais, renfermait sept appartements séparés, avec jardins et préau particuliers ; au-dessus de chacun s’élevait une tourelle à machicoulis : celle du chef de la maison dominait les autres.

Quand les nobles conviés eurent pris place, le duc Amédée, huitième du nom, parut et alla s’asseoir sur un trône, entre ses fils Louis et Philippe. À ses pieds se tenaient Humbert, bâtard de Savoie, et les deux maréchaux du duché, dont l’un était de la très puissante, très antique et très redoutée race des Montmayeur. Amédée prit la parole et fit un long discours dans lequel il passa en revue tout ce qui était advenu sous son gouvernement ; il eut à entretenir l’assemblée de beaucoup d’événements heureux et d’utiles réformes dues à la sagesse de ses vues et à son amour bien connu pour la justice. — Puis il déclara son intention formelle, irrévocable, de finir ses jours en paix, après un règne de cinquante-un ans ; et sur ce, ayant appelé le prince Louis, qui portait alors le titre de Comte de Genevois, — et non pas celui de Comte de Genève, comme on l’a