Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/415

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prononcer sur les contestations entre la noblesse et les communes, abrégeait et simplifiait les formalités des procès, accordait aux pauvres un avocat, ordonnait que leurs causes fussent plaidées gratuitement et avant toute autre, protégeait paternellement les orphelins et les mineurs ; enfin, — et ceci est remarquable pour le temps, — posait des limites aux priviléges du clergé.

C’est un monument qu’Amédée a élevé lui-même à sa mémoire.

Ces réglements, empreints du plus pur amour de l’humanité, ont mérité au premier duc de Savoie, au huitième Amédée, les surnoms de Sage et de Salomon de son siècle ; on l’appelle quelquefois aussi le Pacifique, soit parce qu’il ne montra pas des penchants fort belliqueux, soit parce qu’il remplit plusieurs fois le beau rôle de médiateur, de négociateur, d’arbitre, et s’interposa dans les querelles que la France eut avec l’Angleterre et la Bourgogne. Ce fut sous les ombrages de Ripaille qu’il écrivit le projet du traité d’Arras (1435).

Durant son règne, la Savoie atteignit à un haut degré de prospérité, et devint un des plus florissants pays de l’Europe ; mais ses successeurs ne surent ou ne purent continuer cette œuvre.

Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

Rien.

Or, pendant qu’Amédée VIII vivait retiré dans son