Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/487

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L’archaïsme est la manie des poètes de ce pays, j’ai lu près de l’église villageoise, dont la flèche élancée touche presque la bosse du rocher de Glion, un quatrain qui sollicite en faveur de l’indigent la charité du touriste ; le but louable de ces vers et leur tour assez heureux ne peuvent faire passer le mot pite employé pour menue monnaie, et qui est entièrement hors d’usage :

En passant jette ici ta pite aux malheureux.

La plupart des Anglais qui baragouinent notre langue et viennent ici attirés par le souvenir de Rousseau ne doivent pas comprendre ce que c’est que cette pite, inconnue à bien des Français même.

L’emploi des mots surannés, quand on n’écrit pas une chronique en style d’autrefois, est une preuve d’affectation, de mauvais goût, ou le fruit d’une inspiration malheureuse, d’une fâcheuse habitude.

Les femmes de Montreux paraissent fortes et actives, on en voit qui cultivent les champs et les vignes, qui piochent et labourent la terre, portent des hottes dont la charge m’écraserait..... et toi, aussi, cher Émile, ce qui me fait penser qu’ici les hommes filent, cousent, font le ménage et allaitent les enfants..... au biberon ; l’élégant costume des paysannes de Montreux n’est porté que le dimanche sans doute.

Cette paroisse a produit un M. Dufour qui, en 1800,