Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/496

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tier pourtant, — le moins considérable, — occupe le premier gradin de la montagne d’où surgit la tour de l’église Saint-Martin, haute, carrée, hardie, et aux angles de laquelle se suspendent quatre tourelles pointues, d’une grâce, d’une légèreté et d’une finesse remarquables.

Vévey a mille fois plus de charmes que Lausanne ; les hôtels y sont luxueux, splendides et toujours pleins, — malgré l’excessive cherté des prix. — On ne voit que riches étrangers, mouvement brillant sur la terre et sur l’eau, touristes français, allemands et anglais, mettant le pied dans une barquette ou dans un coupé, dans un omnibus ou dans un bateau à vapeur.

Tout respire l’aisance, le bien-être, la prospérité, tout est gai, animé, coquet, souriant.

Vévey peut passer surtout pour une colonie britannique comme Interlacken, Ischia, Nice et beaucoup d’autres lieux de l’Italie et de la Suisse, vers lesquels le courant d’or des guinées s’est dirigé pour les fertiliser.

Je suis monté à l’église pour voir les tombes de deux régicides anglais, de deux des juges de Charles Ier, morts l’un et l’autre à Vévey où ils avaient dû se réfugier : Edmond Ludlow et Andrew Broughton.

Victor Hugo remarque avec la profondeur ordinaire de son coup-d’œil que chacun des deux vieillards, « hommes intègres, purs et grands d’ailleurs, a pris une posture différente dans le tombeau. Edmond Lud-