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Lutry, 3 heures.

J’ai continué ma promenade jusqu’à Lutry, petite ville que le lac baigne, et dont le vignoble qui s’étend jusqu’aux sommets des monts du Jorat produit les vins blancs estimés de la Vaux. On voit quelques restes de la muraille dont Berthold de Neuchâtel, évêque de Lausanne, fit entourer, dans le xie siècle, cette cité qui n’a d’ailleurs rien de remarquable.

Les habitants se soumirent de fort mauvaise grâce à la domination bernoise, et renoncèrent avec peine au catholicisme ; il fallut presque user de violence pour leur faire embrasser le protestantisme ; cela ne se conçoit guère, car ils avaient eu de fréquents démélés avec les prélats de l’église de Lausanne, leurs seigneurs ; mais l’habitude de l’ancien culte et le voisinage de Fribourg, terre de tout temps ultra-catholique, apostolique et romaine, furent les causes de leur résistance opiniâtre à l’édit de réformation. En matière de foi je ne puis comprendre les ordonnances ; les conquérants agirent en cette circonstance avec tyrannie, je le reconnais, bien que le catholicisme n’ait pas en moi un défenseur.

À une certaine époque le terroir de Lutry fut infesté de vers fort nuisibles à l’agriculture, lesquels faisaient