Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/80

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raies bleues et blanches, et de gros souliers souples couverts de guêtres de drap fauve à boutons de nacre, un foulard brun entoure mon cou, mes mains sont vêtues de gants de fil gris, j’ai sur les épaules un léger havre-sac supportant un petit manteau de caoutchouc roulé en mince cylindre et fixé par des courroies ; je suis coiffé d’une casquette plate en velours gris perle à petites côtes et à visière basse.

C’est dans cet accoutrement de pédestre voyageur, d’artiste nomade, que je vais me diriger vers Genève.




Saint-Sulpice, 9 heures.

Je suis à une lieue de la ville, à l’embouchure de la jolie petite rivière verte et limpide de la Venoge ; — une langue de terre s’avance dans le Léman, elle porte à son extrémité l’église abbatiale de Saint-Sulpice, qui, avec quelques décombres, est tout ce qui reste d’une maison de l’ordre de Citeaux ; le culte protestant a pris possession de cette église. Le village s’étend sur la rive, on ne peut pas imaginer une plus romantique situation. Le vieux clocher des moines, lourd, trapu, carré, bruni, s’harmonise merveilleusement avec le site ; il a des arcades, des machicoulis et de légères colonnades de tuf